Aller nager après soixante-douze ans n'est pas une sinécure.
Dans un premier temps, il faut se préparer.
Une douche.
Pour être propre et éveillé.
Surtout ne pas se raser, la barbe est une protection naturelle contre les microbes qui vont partager le bassin avec toi.
Préparer ton sac, y mettre le tuba, tuba frontal bien évidemment, tes lunettes, t'assurer de leur bon réglage, les palmes courtes, la petite gourde pour une bonne hydratation, le bonnet obligatoire, les serviettes pour s'essuyer.
Le petit sac où est rangé le pince-nez.
Le pull-buoy.
Inutile de préciser que le sac de sport est rempli et de ce fait lourd.
Une fois prêt, te diriger vers la station du tramway en espérant qu'il n'y ait aucune perturbation.
Une petite marche pour arriver à bon port.
La piscine "Franck Esposito"
Déposer tes affaires dans un casier destiné à cet effet.
Bien mémoriser le numéro du casier et le code secret.
Ah oui, ce n'est pas une sinécure.
Là, tu es au bord du bassin, tu extrais du filet de sport toutes les affaires que tu y avais rangées.
Tu enfiles le bonnet siliconé.
Tu ajustes les lunettes.
Puis ainsi paré, tu hésites quant à ton entrée dans l'eau :
La petite échelle du fait de ton âge avancé ?
Un plongeon sportif en dépit de cet âge.
Sage compromis, un petit saut précautionneux.
Plouf, tu es dans l'eau, tu glisses le pull-buoy entre tes cuisses, ajustes tuba et lunettes.
Enclenches ta montre connectée, c'est parti pour deux heures.
Les premiers hectomètres !
Ton corps rouspète, conteste.
Un bref dialogue entre corps et esprit et c'est l'entente cordiale.
Après plus de 2 kilomètres à cheval sur ton pull-boy il faut enfiler les palmes, 1,5 kilomètre où tu ne sais plus si c'est un ventre où un semblant de baudruche.
C'est bientôt fini.
Trois à quatre cents mètres de nage libre.
C'est la récompense.
Bourré d'endorphine, tu rejoins les vestiaires.
Ce n'est pas une sinécure.
Mais Dieu que c'est bon.
Les petits plaisirs de la vie.
Mercredi et samedi, de jolies parenthèses.
Et j'en suis conscient, un sacré privilège.
Bien sûr, c'est une routine contraignante.
Mais à bien considérer, je préfère ces séances de nage aux séances d'elliptique où de vélo stationnaire.
Et puis dans cette piscine, nous nous connaissons tous.
Petit clin d'œil aux nageurs : Mickaël, Amor, Thierry, Pierre et à tous ceux dont j'ignore le prénom.
Une confrérie des fondus de la natation.
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