Au temps de notre adolescence, mon cousin et moi allions à Montargis, rendre visite à une cousine germaine.
Nous étions bien accueillis.
Attablés autour d'une table, nous devisions de choses et d'autres.
La mère de ma cousine, ma tante, donc, manifestait un intérêt marqué pour mes mains.
Je me souviens de ses propos.
- Gigi
Tes mains sont longues et fines.
Comme celles d'une jeune fille.
Enfin, non, pas d'une jeune fille.
Plutôt celles d'un pianiste, d'un médecin accoucheur.
Cette tante, je l'avais surnommée " Marie-Louise "
J'étais, à l'époque, un fervent admirateur de Napoléon.
Le prénom de Joséphine, c'est une amie de mes parents qui en avait hérité.
Ainsi, quelques années durant, je fus leur petit caporal.
Joséphine et Marie-Louise se partageaient mes faveurs.
Joséphine endossait le rôle de favorite et Marie-Louise se contentait d'être ma régulière.
Ainsi, donc, l'impératrice trouvait mes mains dignes de tapoter un clavier ou d'accoucher des courtisanes.
Bref, elle me les brisait menu.
Le soir seul dans ma chambrette, je regardais mes mains.
L'impératrice n'avait pas tort.
Les mains d'une Jouvencelle !
À cet âge, une simple remarque, à priori anodine, peut s'avérer destructrice.
Des mains longues et fines
Avec, je ferai
Mais pianiste, non
Médecin accoucheur, pas plus
Je ne serai plus leur petit caporal.
Il me fallait changer d'identité.
Ne plus être empereur.
Jésus oui le rédempteur.
Pour les miracles et bien évidemment pour les clous.
Ainsi, H alias Marie-Louise pourrait, religieusement, me demander :
" Qu'est-ce que t'as aux mains ".
En savoir plus sur cette bannière |