Shana Louvier a, et ce depuis sa plus tendre enfance, un tempérament des plus posés. Sa nature calme, appréciée de tout le voisinage, faisait la fierté de sa mère à l’époque où la jeune fille vivait encore avec elle. Sa mère, en bonne villageoise qu’elle était, ne cessait alors de vanter les vertus de sa progéniture aux bonnes femmes du quartier. Car, en plus de son attitude sereine, Shana faisait preuve d’une obéissance sans limites envers les adultes de son entourage. Elle n’hésitait pas également à aider les enfants des voisins à faire leurs devoirs après avoir, évidemment, effectué toutes les tâches ménagères qui lui étaient imposées. En bref, c’était une enfant modèle.
Et qui dit enfant modèle dit épouse parfaite. Car Madame Louvier comptait marier sa fille à un jeune homme tout ce qu’il y a de plus charmant. Bon chic bon genre, il n’était pas vraiment riche, mais c’était ce que l’on pouvait espérer de mieux dans ce village perdu du Calvados.
Ce que cette chère Madame Louvier n’avait pas pris en considération, c’était le fait que peut-être, nous disons bien peut-être, sa progéniture n’avait aucunement envie d’épouser un homme à son âge. Shana était certes docile, mais elle n’était pas aveugle, et voyait bien ce qui se tramait autour d’elle.
Quand elle discuta un soir avec sa mère, à propos de ce mariage arrangé, elle lui fit comprendre de manière détournée qu’elle n’en voulait pas. La réponse de sa génitrice fut sans appel : « tu feras ce qu’on te dit de faire ma petite, comme tu l’as toujours fait. » Oui mais voilà, comme le dit si bien le proverbe, il faut se méfier de l’eau qui dort. Et ce soir-là, Shana se mit pour la première fois de sa vie en colère. Elle ne fracassa aucune assiette contre le mur, elle ne traita pas sa mère de tous les noms, elle ne cria pas non plus à s’en déchirer les cordes vocales. Non, c’est avec des gestes lents, un langage respectueux et un ton très bas qu’elle dit à Madame Louvier : « Non maman. A partir d’aujourd’hui, plus personne ne me dira ce que je dois faire. »
Si ladite maman eut envie de gifler son enfant, elle se ravisa à l’instant où elle aperçut son regard. Un regard plein de colère froide. Madame Louvier était peut-être frivole sur les bords, mais elle était loin d’être une imbécile. Elle savait par expérience qu’une colère lucide faisait bien plus de dégâts qu’une fureur incontrôlée.
Le lendemain matin, Shana retrouva dans l’entrée deux valises contenant ses affaires. Elle partit sans demander son reste.
Aujourd’hui, la jeune fille d’à peine vingt ans a bien changé. Sa nature tranquille est toujours la même mais elle refuse désormais d’obéir aveuglément à son entourage. Avec les années, sa physionomie a également évolué; elle a troqué sa chevelure châtain contre une teinture rousse et ses robes fluides contre des tenues plus pratiques. On ne peut pas dire qu’elle soit belle mais Shana attire sans aucun doute les regards autour d’elle. Ses traits fins lui donnent une allure douce et son air honnête donne l’impression d’avoir en face de soi une personne de confiance.
Pourtant il ne faut jamais se fier aux apparences.
La forêt s’épaissit à vue d’œil, la pénombre envahit peu à peu les environs.
« On ne trouvera rien ici, Shana, affirme John, son partenaire dans cette expédition d’un genre très spécial.
-Les ordres sont clairs, ils sont dans cette forêt, on continue, rétorque la jeune fille d’un ton qui ne souffre pas la discussion. »
John ne l’avouerait pour rien au monde mais sa coéquipière, avec sa tranquillité implacable, l’effraie quelque peu, et ce depuis le début de la traque. Ses pensées se dirigent alors vers l’Institut, là où il l’a rencontrée. C’est suivant les ordres des Capes Noires qu’il s’est alors allié à elle afin de pourchasser leurs ennemis communs dans cette forêt austère du centre de la France.
Maintenant qu’il l’observe de plus près, il ne peut que se rendre à l’évidence : la jeune fille a un certain charme, qui, il faut le dire, ne le laisse pas de marbre. Après cette mission, il l’emmènera boire un verre dans un bar et peut-être même qu’ils finiront la nuit ensemble.
John parcourt alors du regard les alentours, essayant de décerner une forme mouvante dans l’obscurité ambiante. C’est que ces choses ne sont pas faciles à dénicher! Il a hâte d’en finir, de rentrer au point de ralliement afin de prendre une bonne douche et de manger des plats préparés par les cuisiniers du groupe.
Soudain, un craquement retentit à sa droite. L’homme tournant vivement la tête dans cette direction fait signe à Shana de sortir son revolver.
Après avoir passé deux bonnes minutes à scruter les bois, il dirige de nouveau son regard vers sa partenaire. La voyant visser son silencieux sur son arme, il fronce les sourcils et chuchote :
« Qu’est-ce que tu fais ?
-C’est pour éviter que le bruit attire ses éventuels compagnons, répond-elle. »
Son coéquipier hoche la tête et recommence à observer les lieux.
« Tu crois qu’il est toujours là ? lui demande-t-il.
-Non, tranche-t-elle.
-Non ? Pourtant je jurerais avoir entendu quelque chose, réplique alors John.
-Ce devait être ton instinct qui te prévenait de ce qui va suivre, affirme la jeune fille. »
Ne comprenant pas de quoi elle parle, l’homme tourne alors sa tête vers elle afin de l’interroger du regard mais il a juste le temps de voir le canon de l’arme venir se poser entre ses deux yeux et d’entendre le déclic de la gâchette.
Shana remet son revolver en place, vérifie bien que John est mort et fait demi-tour. On l’attend à l’institut.
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Mystic Night par Electra
Notes d'auteur :
Alors, je sais que je suis vraiment en retard mais pour ma défense, le chapitre était prêt depuis longtemps. Je l'avais juste envoyé à la mauvaise adresse email pour qu'il soit corrigé...
Bonne lecture quand même.
Bonne lecture quand même.
Note de fin de chapitre:
Un chapitre plutôt ennuyant je trouve, mais Shana est un personnage très important pour la suite. Le chapitre 5 sera décisif, c'est là où commence réellement l'histoire. Je le publierai dès que je recevrai la correction.
A bientôt! (j'espère)
A bientôt! (j'espère)
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