Dans sa geôle, Sofia se demandait comment faire pour sortir de cet enfer. Elle n’en avait plus pour longtemps, elle en était sûre. Il allait finir par venir la tuer et elle rejoindrait ses autres trophées. Un frisson glacé la parcourut. Il n’en était pas question. Elle ne se laisserait pas faire, en tout cas. Elle allait lutter, quitte à l’emmener dans sa chute. Elle regarda pour la énième fois, depuis qu’elle était ici, la chaîne qui entravait sa cheville. Si seulement, elle pouvait réussir à l’enlever. Comment ils faisaient dans les films, pour se sortir de ce genre de situation ? « N’y pense même pas, lui intima une petite voix dans sa tête. Il te faudrait beaucoup de force et ce serait très douloureux. Suffisamment pour te faire perdre connaissance ». Elle chassa cette voix, comme on chasserait un insecte, et commença à réfléchir sérieusement à la méthode la plus efficace. Se sectionner la cheville, comme dans le film Saw? Elle y avait déjà songé, mais elle n’avait pas de scie à sa disposition et il lui faudrait du temps pour y arriver, si seulement elle arrivait à l’entailler sans tomber dans les pommes. Et puis, ce serait probablement très douloureux. Non, elle devait trouver mieux. Et la fracasser contre le mur, la déboîter ? Elle pourrait ainsi faire passer la chaîne plus facilement, et il lui resterait des forces pour s’enfuir de la maison par la fenêtre, à supposer qu’il y ait un rebord auquel s’accrocher pour ne pas faire une chute qui pourrait lui être fatale. Mais ça aussi elle y avait déjà pensé. Enlever la chaîne du mur ? Elle avait déjà essayé et ça avait été peine perdue. Elle commençait à angoisser sérieusement. Cela faisait trop longtemps qu’il la gardait enfermée, et il n’y tiendrait bientôt plus. Il devrait la tuer. Elle n’avait même pas d’arme pour se défendre, à moins d’utiliser le pot de chambre comme tel. Et si elle faisait la morte ? se demanda-t-elle. Il pourrait s’approcher, « et alors quoi », reprit la petite voix, « tu comptes l’asphyxier avec ton haleine ? Il le verrait tout de suite que tu n’es pas morte. C’est un P.R.O.F.E.S.S.I.O.N.N.E.L, nom de Dieu ! Il tue les gens par plaisir ! Cherche pas, c’est la fin. Tu vas mourir et ton corps décharné ira rejoindre la cuve ». De nouveau, elle la chassa et essaya de retrouver ses esprits. La prochaine fois qu’il viendrait, elle essaierait de gagner du temps en le faisant parler. Il avait l’air d’aimer ça, si elle en jugeait par cette histoire horrible qu’il lui avait raconté la dernière fois. Il baisserait sa garde et si elle était suffisamment rapide, elle pourrait tenter d’enrouler la chaîne autour de son cou, avant qu’il n’ait le temps de dire ouf. Elle lui prendrait alors la clé qui ouvre l’entrave, à condition qu’il l’ait sur lui, bien sûr, et elle pourrait enfin s’enfuir. Elle était plus grande que lui, elle devrait bien y arriver. « Tu es affaiblie, je te rappelle. Et lui, en pleine forme. Ton histoire, c’est du suicide ! » reprit la voix, en revenant à la charge. Elle ne savait pas exactement quelle heure il était, mais à en juger par la lumière qui filtrait à travers les rideaux, on devait être en fin d’après-midi. Bientôt, il lui apporterait son repas, et ce serait « maintenant ou jamais ». Depuis ces quelques jours où elle était enfermée, elle avait eu le temps de cogiter. Il ne tenterait pas une attaque directe, il voulait sa peau et il la voulait intacte. Donc, il n’utiliserait pas de couteau, pistolet, ou tout autre objet qui pourrait altérer la qualité de son corps. Il allait donc agir intelligemment. Et le seul moyen qui lui semblait être le plus judicieux était de lui faire ingérer quelque chose. Il fallait donc qu’elle se méfie de la nourriture et de la boisson. Raison de plus pour agir ce soir, si elle ne voulait pas mourir de faim ou de soif dans quelques jours. Son plan se résumait à deux étapes simples : le faire parler pour le distraire, puis l’avoir par surprise en l’étranglant avec la chaîne. Il était assez sûr de lui pour ne pas se méfier d’une prisonnière à bout de force. Elle avait bien l’intention de lui en faire la surprise.
Le repas était prêt. Il avait ajouté à sa recette les fleurs de laurier rose broyées. Il mit le tout sur un plateau et sur les coups de dix-neuf heures, monta le tout dans la chambre. Il tapota comme à son habitude, trois petits coups, puis ouvrit la porte. La jeune femme se tenait assise sur le matelas, les jambes en tailleur, et semblait ne pas faire attention à lui. Il déposa le souper par terre, puis alors qu’il se dirigeait vers la porte pour sortir, au moment où sa main allait toucher la poignée, elle se leva. Il entendit la chaîne cliqueter derrière son dos et se retourna. Elle le regardait droit dans les yeux. Désarçonné par cette manœuvre, il arrêta son geste et lui fit face. Elle avait dans le regard un air de défi. Ce n’était plus la petite chose terrorisée qu’elle avait été à ses débuts, non, elle avait changé. Et il le savait. Une combattante. Voilà ce qu’elle était à cet instant. Elle n’avait plus rien à perdre. Il s’éclaircit la voix et tenta une approche.
— Et bien ? Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il prudemment, sur ses gardes. Même si elle ne pouvait pas l’atteindre d’où elle était, il préférait garder ses distances.
— À vous de me le dire. Vous allez me tuer, n’est-ce pas ? Le moment est venu ?
— Je vois qu’on ne peut rien te cacher, dit-il calmement. En effet, le moment est venu. Mais ne t’inquiète pas, ce sera juste un peu douloureux. Rien d’insurmontable en somme, ricana-t-il.
— Et vous pensez que je vais me laisser faire ? Comme une brebis que l’on emmène à l’abattoir ?
Il réfléchit un instant et continua :
— Peut-être pas aussi facilement, mais oui, j’imagine.
— De quoi est mort votre père ? Je suppose, vu vos antécédents, que vous ne l’avez pas laissé s’en tirer aussi facilement. Je me trompe ?
— Non, en effet. Il a eu ce qu’il méritait. Vois-tu, après l’histoire de la cabane, il a tout raconté à ma mère. Il pensait qu’elle réagirait mal, qu’elle serait outrée de savoir que son fils était un sociopathe, ce genre de conneries. Le problème c’est que ma mère me faisait confiance, et qu’elle me crut lorsque je lui expliquai que ces animaux étaient déjà morts au moment de mes expériences. Elle essaya d’expliquer à son mari que son fils était juste curieux, qu’il se cherchait, qu’il n’y avait rien de mal là-dedans. Peut-être même que cela lui donnerait une vocation. Ma mère était une femme bien. Elle était compréhensive et je me sentais compris avec elle. Mais mon père ne voulait rien entendre et il menaça de brûler la cabane si je n’enlevais pas très vite mes affaires. À partir de ce moment-là, leur relation n’a plus été la même. Elle semblait plus triste et ils se disputaient constamment. Pour tous ces outrages, il devait payer. Et c’est finalement la nature elle-même qui me donna l’occasion de me venger de lui. Veux-tu entendre le reste de l’histoire ?
— Étant donné que je vais mourir, ce serait la moindre des choses. J’ai déjà le repas du condamné, je peux aussi avoir une faveur.
— Bon, très bien, ajouta-t-il, en allant s’asseoir sur une chaise près de la fenêtre. Tu veux savoir, alors je vais te le dire. Il est vrai que je n’ai pas souvent l’occasion de raconter mes anecdotes. Celle-ci est pourtant très intéressante. Vois-tu, mon père était radin. Il n’y avait pas beaucoup d’argent à la maison, et tout ce qu’il pouvait réparer lui-même, il le faisait. Une nuit, on a eu un gros orage, l’un de ceux qui font s’envoler les tuiles. Et l’eau a commencé à s’infiltrer par le toit. Mes parents ne l’ont pas vu tout de suite, et ce n’est qu’au petit matin, qu’ils s’en sont aperçus. L’eau avait provoqué des taches sur le plafond, et elle gouttait par terre, sur la moquette du salon. En bon Gripsou qu’il était, il n’a pas voulu faire venir de charpentier, et s’est dit que ce ne devait pas être sorcier de réparer un toit. Ah qu’il était con, ricana-t-il, les yeux dans le vague, comme s’il revoyait la scène. S’imaginer que lui, qui n’était pas bricoleur pour un sou, allait réussir à réparer un toit, c’était à mourir de rire. Ou à mourir, tout court. À cette idée, il s’esclaffa.
— Celle-là, elle était bien bonne, dit-il en reprenant son souffle et en s’essuyant les yeux. Tu ne trouves pas ?
— Si, hésita la jeune femme, hilarante, en effet !
— Bref, toujours est-il qu’il est monté sur le toit, ce matin-là, avec son marteau dans la bouche et quelques clous dans la poche. Moi, j’étais dehors, à le regarder. Ma mère devait être à l’intérieur, en train de faire des corvées, comme d’habitude. On était en été et la plupart des voisins étaient partis en vacances. Le quartier était désert, littéralement. Il n’y avait plus âme qui vive. La pluie avait rendu les tuiles glissantes et lorsqu’il arriva enfin en haut de l’échelle, il mit prudemment un pied dessus. Voyant qu’a priori il ne risquait rien, il commença à s’aventurer vers la cheminée, à l’endroit où, lui semblait-il, les tuiles avaient bougé. Je continuais de le regarder, fasciné. Je me rappelle m’être fait la réflexion, que s’il mourait maintenant, en tombant du toit, par exemple, je ne serais pas inquiété, que ça passerait pour un regrettable accident, tu vois, dit-il en mimant la chute avec sa main, comme ça ! Alors, je me rapprochai de l’échelle et la secoua, afin de voir si elle était bien ancrée au sol. Elle l’était. Mais plus pour longtemps, dit-il, avec un sourire malsain. C’était une échelle en bois. Quelle idée, me diras-tu, d’avoir une échelle en bois, quand on peut en acheter une en métal, plus solide ? Gripsou avait encore frappé, et je devais le remercier, pour le coup.
Il interrompit de nouveau son récit. Il se leva, et commença à faire les cent pas, en se tenant le menton de la main, comme s’il réfléchissait à la suite à donner à son récit. Au bout de quelques secondes, il arrêta son manège et revint s’asseoir en croisant les jambes. Il regarda de nouveau sa captive.
— Tu vois, continua-t-il, dans la boîte à outils de mon père, je trouvai ce que je cherchais. Une scie à main. Je regardai en direction du toit, mais mon père était toujours en train de faire ses réparations. Je pouvais entendre le bruit du marteau qui enfonce les clous. Je montai prudemment à l’échelle, ben oui, je ne voulais pas que mon plan se retourne contre moi, les barreaux étaient glissants je te rappelle, et je commençai à scier légèrement un barreau sur deux. Pas assez profondément pour être visible, mais suffisamment pour céder sous son poids de phacochère ! rit-il de plus belle. Le meurtre parfait, en somme. Ensuite, je suis descendu, ai remis la scie à sa place, et suis retourné dans le jardin. Ni vu ni connu. Un jeu d’enfant. Jamais une expression n’avait aussi bien porté son nom, d’ailleurs. Ben oui, j’avais treize ans, continua-t-il en riant.
Sofia l’écoutait toujours. Elle s’imaginait être Shéhérazade, dans Les Mille et une Nuits. Elle comptait bien le faire parler jusqu’à ce qu’il baisse sa garde et qu’elle puisse tenter quelque chose.
— Hé, tu m’écoutes toujours ? lui demanda-t-il, suspicieux.
— Bien sûr. Et après, que s’est-il passé ?
— Au bout d’une heure, les coups de marteau s’arrêtèrent. Et je le vis de nouveau sur la partie du toit qui me faisait face. En me voyant, il me fit un petit signe de la main, que je lui rendis. « Vas-y, je me disais, pose un pied sur le premier barreau, puis sur le second, tu vas avoir une surprise ». Arrivé au niveau de la gouttière, il se retourna, et posa son pied sur l’échelle. Son marteau lui échappa alors, lui faisant cracher un juron. En se retournant pour voir où il avait atterri, il appuya un peu plus longuement sur le barreau, qui cassa. Il perdit l’équilibre, essaya de se retenir au toit le temps de mettre son pied sur celui d’en dessous, et lorsque celui-ci céda aussi, j’imaginai une intense terreur dans son regard. Un instant plus tard, il perdit l’équilibre pour de bon et vint s’étaler sur le dos, de tout son long, au pied de l’échelle, la tête tournée vers le mur, comme ça, expliqua-t-il en joignant le geste à la parole. L’herbe mouillée étouffa le son de sa chute, et à part moi, personne ne sut ce qui venait d’arriver. Mais il n’était pas mort. Pas encore. Je m’approchai de lui, calmement, et m’agenouillai à hauteur de son visage. Il ne pouvait plus parler. Sa gorge faisait des bruits bizarres. Il avait dû se fracturer la trachée en tombant. En regardant par-dessus lui, je me rendis compte, comble de l’ironie, que sa gorge avait atterri, pile sur son marteau. La vie était en train de le quitter. Je pouvais le voir dans ses yeux ouverts. Il souffrait probablement de multiples hémorragies internes, et peut-être que si j’avais appelé les secours, il aurait survécu. La vie tient à peu de choses quand même, tu ne crois pas ? Je l’ai laissé là et suis rentré dans la maison. J’ai dit à ma mère qu’il en avait encore pour un moment et qu’il ne fallait pas qu’on l’attende pour déjeuner. En un sens, c’était vrai. Voilà. Tu es contente ? J’ai satisfait ta curiosité ?
— Et que s’est-il passé après ?
— Plus tard, ma mère est sortie et l’a trouvé au pied de l’échelle. Il était mort. Elle a appelé les secours, qui ont conclu à un accident. Ils n’ont même pas cherché à vérifier l’échelle. Remarque, s’ils l’avaient fait, ils auraient vu le barreau cassé et vu comme elle était vieille, en seraient arrivés à la même conclusion. D’après leur dire, ce genre d’accident était courant, surtout quand les tuiles étaient mouillées. Quand ils sont partis, je me suis quand même débarrassé de l’échelle, au cas où. Voilà, fin de l’histoire.
— Vous vous en êtes bien tiré, dis donc. Vous devez avoir une longue carrière criminelle derrière vous, dit-elle, faussement impressionnée.
— Tu n’as pas idée, dit-il en se levant. Allez maintenant, mange ! cria-t-il. Ou je te le fais avaler de force.
— Pour ça, il faudrait que vous vous rapprochiez, et je sais que vous ne le ferez pas. Trop pétochard ! La mort de votre père était un véritable accident, quoi que vous en pensiez, lui cria-t-elle en retour.
Elle le cherchait maintenant, essayait de le pousser à bout, qu’il sorte de ses gonds. Il fallait qu’il s’approche, sinon, son plan tomberait à l’eau.
— Non, tu te trompes ! hurla-t-il, fou de rage. C’est moi qui ai tué mon père, tu entends ?
Il avait commencé à faire un pas dans sa direction sans s’en apercevoir. Sa haine l’aveuglait.
— N’importe quoi ! Le marteau, c’était le coup du hasard, le nargua-t-elle. Vous n’y êtes pour rien du tout ! Et votre mère ? Vous en avez fait quoi ? Vous l’avez tuée, elle aussi ?
— Ne parle pas de ma mère ! Tu ne sais rien d’elle ! cria-t-il, de plus en plus furieux.
Il se prit la tête à deux mains et commença à faire des allers-retours, de l’endroit où il se trouvait au mur de la pièce. Elle le suivit des yeux, espérant que dans sa confusion, il se rapprocherait d’elle. Il s’arrêta et fit un nouveau pas dans sa direction. Bien, très bien, se dit-elle, encore un peu et j’aurais ma revanche. Elle espérait, cependant, qu’il ait bien la clé dans une de ses poches. Sans quoi, de toute façon, elle mourrait.
— Alors, vous n’êtes pas aussi prompt à me parler d’elle, à ce que je vois. Elle a découvert ce que vous aviez fait ? Elle a poussé une grosse colère ?
— La ferme ! Tu la fermes ! Tu ne sais rien d’elle, je ne te laisserais pas salir sa mémoire !
Il s’approcha davantage, les poings serrés. Un pas, puis un autre. La distance qui la séparait de son bourreau diminuait. Si elle tendait la main, elle pourrait le toucher. Il était rouge vif à présent, avait perdu toute trace d’humanité. Dans ses yeux, il n’y avait plus que de la haine. Dans un sursaut de colère, il plongea en avant et se jeta sur elle. Tant pis s’il l’abîmait, elle ne méritait plus de figurer dans sa collection. Elle avait été odieuse, avait osé insulter sa mère, la seule personne pour qui il avait eu de l’affection. Elle devait payer. De sa vie. Elle tomba lourdement au sol, Joseph sur elle. Il posa ses mains sur son cou et commença à serrer. Elle n’arrivait pas à se dégager, il était trop lourd. Elle sentit la chaîne en dessous d’elle et tenta de la saisir. Elle lui donna un coup de genou, qui le fit se relever à moitié. Elle en profita pour se dégager, attraper la chaîne et lui donner un coup au visage avec. Étourdi, il grogna et se toucha le front, à l’endroit où la chaîne l’avait blessé et où le sang commençait à couler. Il se remit debout en utilisant sa main comme pansement et se dirigea vers la porte. Il était hors de question qu’elle le laisse s’enfuir, pas après ce qu’il leur avait fait, à elle et aux filles. Elle ne lui laissa pas le temps de réagir. Elle passa la chaîne autour de son cou et commença à serrer. Par réflexe, il tenta de desserrer son étreinte en posant ses mains dessus, ce qui fit saigner sa plaie de plus belle. Affaibli par la quantité de sang qu’il avait perdu, il se laissa tomber à genoux. Elle resserra encore son étreinte, de toute la force dont elle était capable, et il finit par s’évanouir. Elle le regarda s’affaler par terre. Elle relâcha la chaîne, et se mit prudemment à genoux. Il n’était pas mort, juste inconscient. Elle pouvait voir sa cage thoracique se baisser et se soulever. Une flaque de sang commençait à se répandre autour de son visage, et elle sut que c’était « le moment ou jamais ». Elle chercha à tâtons dans ses poches, et trouva l’objet tant convoité. Elle sortit la clé et se dépêcha d’ouvrir ses entraves. Il pouvait se réveiller à tout moment. Elle courut à la fenêtre, ouvrit les rideaux et la déverrouilla. Elle passa sa tête au-dehors pour voir s’il y avait un rebord, et pleura de soulagement quand elle l’aperçut. Elle n’avait jamais été aussi heureuse de pouvoir faire le mur. Elle enjamba précautionneusement la fenêtre (il n’était pas question pour elle de mourir ici), et se retrouva dehors, debout sur l’étroit rebord. Elle regarda en bas, et vit qu’elle n’était pas très haut. Si elle sautait d’ici, elle se briserait certainement quelques os, mais n’en mourrait pas. Elle voyait des maisons aux alentours et un peu plus au loin, un parc. Elle était dans un quartier résidentiel et elle trouverait bien quelqu’un pour l’aider. Elle s’accroupit, se tourna de façon à mettre ses mains sur le rebord et laissa pendre ses jambes dans le vide. Elle compta mentalement jusqu’à trois, et se laissa tomber.