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Notes :
Le thème pour ce texte était "amours virtuel(s)".
Comme je n'étais pas très inspirée, j'ai pris le terme "virtuel" au sens "imaginaire, fantasmé"
Théo regardait par la fenêtre de la classe d’un air distrait. Distrait était un adjectif un peu trop élaboré pour décrire Théo. Charlotte en chercha un autre, le menton appuyé sur sa main ouverte, sa vue se brouillant pour faire place au décor de son imagination, au scénario familier qu’elle aimait se passer en boucle… Elle souriait à présent au creux de sa paume, des frissons se frayant un chemin détourné le long de son dos, la peur et l’espoir que Théo comprenne tout cela se mêlant à l’excitation du secret…
« Monsieur Foucher, si je vous dérange, dites-le moi surtout ! lança soudain la professeure qui se tenait devant le bureau »
C’était une femme d’une quarantaine d’années. Peut-être moins. Lucie n’en savait rien. En fait, chaque fois qu’elle la regardait, Lucie hésitait entre l’ambition de lui ressembler un jour et le désir de lui plaire tout de suite… La physique-chimie était devenue, en quelques semaines, sa matière préférée. Elle laissa une nouvelle fois ses yeux se fermer, l’attention uniquement tournée vers la voix enveloppante et vive de l’enseignante qui réprimandait maintenant Alexandre Foucher qui ne parvenait pas à répondre à la question…
« Alors, cette équation ? soupira-t-elle. Quelqu’un peut venir au secours d’Alexandre ? »
Au moment où Lucie allait brandir la main pour être interrogée, une petite tape sur son épaule arrêta son geste…
« Nathan te fait passer ça… souffla Héloïse en retirant sa main pour lui tendre un morceau de papier »
Lucie récupéra le petit mot plié en huit et jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Elle dut balayer la classe du regard pour trouver Nathan qu’elle ne prenait jamais la peine de regarder… Il avait le nez obstinément plongé dans son cahier ouvert et semblait ne rien entendre des bavardages et des rires goguenards de Paul et Maëlys derrière lui. Lucie reporta son regard vers le tableau et cette fois-ci, leva la main bien haut…
« Non, non, Lucie, pas encore vous ! coupa la professeure. Je voudrais que quelqu’un d’autre réponde, pour changer…»
Il y avait de la lassitude dans sa voix, mais contrairement à Lucie, à qui cette subtile variation de ton ne pouvait pas échapper tandis qu’elle baissait piteusement la main, Romain ne remarqua rien. Son téléphone serré entre les cuisses, il suivait à petits coups d’œil fébriles la conversation ininterrompue qui rythmait ses journées. Tom, l’objet de toutes ses attentions, était connecté, malgré le décalage horaire… De l’autre côté de l’atlantique, le jour était en train de se lever. Romain plissa les yeux, se concentrant de toutes ses forces pour rappeler à lui l’image du torse nu de Tom, allongé sur un canapé en cuir, tel qu’il lui était apparu lors de leur premier appel en visioconférence…
« T’as pas une gomme ? fit la voix de Léa »
Romain sursauta et serra aussitôt les jambes pour enfermer entre ses cuisses le téléphone et son secret…
« Demande à Maëlys, rétorqua-t-il en s’écartant un peu de sa voisine.
A l’autre bout de la classe, Charlotte regardait toujours Théo qui regardait dehors. En travers de cette vision s’alignaient, selon une diagonale parfaite, Alexandre, Paul, Nathan et Lucie. Chacun, chacune, le regard en quête de celui ou de celle qui ne les regardait pas.
Et comme de petits nuages violets au-dessus de leurs têtes à toutes, à tous, les amours rêvées qui jamais ne franchiraient la limite du réel…
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