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Anaflor et Cassi se tenaient face à face dans le jardin, le félin noir et blanc sagement assis aux pieds de sa maitresse. La blonde tira de sa poche un stylo, le fit rouler entre ses doigts. Ses yeux bruns se posèrent sur ceux de Cassi, interrogateurs.

“Je ne peux pas te promettre que tu vas revenir vivante.”

Son expression était grave, et l’humaine pouvait sentir la pression qu’elle avait sur les épaules. Elle lui faisait confiance, et ce qu’elle allait faire à présent… Elle redressa le menton, les bras le long du corps.

“Tu es venue chercher un forgeron ? Je forge, et je t’accompagne.”

Anaflor l’observa, une expression indiscernable dans le regard. Puis, sans crier gare, elle fit voltiger le stylo entre ses doigts, le fit passer dans sa main gauche, et leva son poing en l’air, avant de le frapper deux fois dans la paume de sa main droite.
Cassi pouvait sentir la puissance qui se dégageait comme une vague d’énergie qui s’emparait de l’air.
Les mains pivotèrent ensemble, et avec un bruit sourd, le stylo prit la forme d’un long et large bâton de bois clair. Il tournoya trois fois dans les airs, et s’enfonça brutalement dans l’herbe. Anaflor posa son front contre l’arme, les yeux clos, et murmura quelques mots dans une langue inconnue.
Puis, une lumière blanche éclata.
Cassi ne vit plus que le vide.

Les rayons du soleil lui firent cligner des yeux.
Elle mit du temps à s’habituer à la clarté du jour, haletante, les mains serrées sur ce qu’elle sentait être de l’herbe.

“Bienvenue sur Iorah, s’exclama la voix familière d’Anaflor au-dessus d’elle.

Elle sentait la joie évidente dans la voix de la blonde. D’ailleurs, était-elle toujours blonde ? Elle se redressa, à genoux, et vit devant elle une femme qui n’avait plus rien à voir avec la Anne-Fleur qu’elle avait rencontré. Athlétique, elle avait une peau très pâle, d’une teinte violacée, des longues oreilles pointues, et ses cheveux d’un blanc neigeux étaient coiffés en arrière. Elle portait une sorte d’épais et rugueux sweat à capuche sans manches, et derrière elle, deux ailes mécaniques teintées d’or se dressaient vers le ciel. Son regard n’avait pas changé cependant, d’un brun chaleureux, elle souriait.

“Un elfe, lâcha Cassi, honnêtement impressionnée.

-T’es pas mal non plus.”

Cassi se releva, et tendit la main devant elle. Sa peau était brune, couleur caramel, et ses avant-bras étaient recouvert d’une lignée de poils blonds. De lourdes dreads reposaient sur ses épaules, longues et drues, d’une teinte rousse qui rappelait la nuance des ses cheveux humains. Elle était plus grande qu’elle ne l’avait jamais été.

“Pako ? appela-t-elle, soudainement inquiète.

-Juste ici.”

Anaflor indiqua derrière Cassi. Elle se retourna.
Devant elle, un lapin gigantesque, aussi grand qu’un cheval, l’observait de ses grands yeux jaunes aux pupilles verticales, si semblables à celles de sa forme féline. Sa fourrure était noire et blanche, et sur son front, trois demi-cercles d’un bleu électrique descendaient jusqu’à son museau.

“Pako ? demanda-t-elle à nouveau en tendant la main.

La créature émit un grognement doux, et baissa sa tête pour la poser devant Cassi.

"C'est un skrir, un animal très commun ici. Il est de tradition que chacun en possède un."

Elle acquiesça, fascinée par la douceur du poil sous ses mains brunes.

"Et toi, tu es une Amp. Une espèce qui vit au sud du continent, dotée naturellement d'une force supérieure. J’avoue que c'est curieux."

Cassi se retourna, croisant le regard dubitatif d'Anaflor.

"Curieux ? Pourquoi ?"

Elle remarqua que sa voix avait changé : elle était grave, légèrement éraillée. La blonde haussa les épaules.

"Les Amp sont des lâches, ils restent sur leur île et refusent de se mêler au continent. Alors qu'ils possèdent trois fois la force de n'importe qui d'autre."

Le ton amer d'Anaflor lui fit baisser la tête, mal à l'aise.

"C'est peut-être lié à…, amorça-t-elle avec hésitation. Au fait que je sois forgeronne ? J'ai besoin de force dans les bras pour manier le marteau.

-Sûrement."

Sur cette réponse sèche, elle passa devant Cassi, et devant son air ébahi, elle sauta sur le dos de Pako, perchée à califourchon près de son cou. Elle sortit de ses poches deux longues cordes de cuir, et les noua d'un geste rapide et expert à la base des oreilles. Elle tira les rênes, fit faire quelques avancées, reculs, puis s'arrêta devant Cassi, un air satisfait sur le visage.

"Ton Pako fera une parfaite monture."

Elle lui tendit la main.

"Tu montes ? On part en ville."


Le paysage défilait sous ses yeux, au rythme des bonds de Pako. Ils traversaient d'infinies prairies depuis plusieurs heures maintenant, et parfois, elle pouvait apercevoir des habitations en bois dans les arbres les plus hauts. Anaflor lui avait expliqué qu'il y avait une grande différence entre la ville et la campagne, et ça, Cassi pouvait bien le comprendre. C'était le cas sur terre. Les citadins n'étaient pas les mêmes que les provinciaux, et ça la rassurait, en un sens, que ce soit aussi le cas sur une planète extraterrestre. Il y aurait quelque chose auquel se raccrocher, quelque chose de familier. Parce que son départ avait été si soudain, elle ne réalisait pas ce qui lui arrivait. Heureusement, songea-t-elle, elle avait pensé à son Pako. Elle n'aurait pas pu l'abandonner. Et lui promettre une nouvelle vie à ses côtés, c'était le mieux qu'elle puisse lui offrir.
Il faisait sombre, les étoiles luisaient dans le ciel, et deux étranges lunes, l'une d'un blanc familier et l'autre d'un doux rose, se partageaient la galaxie. Devant elles se dressaient d'étincelantes lumières, découpant la silhouette d'une ville.
Anaflor tapota sur son poignet, et un hologramme bleuté s'afficha. Une carte était représentée, mais la blonde ne s’y intéressa pas. Elle ouvrit une messagerie, et dicta un message vocal.

“Gabryel, je suis de retour. J’arrive en ville, et j’ai une surprise, annonça-t-elle avec un sourire dans la voix.

Elle ferma l’hologramme, et se pencha en arrière, au niveau de Cassi.

“Bienvenue à Ganeper !”
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