Olivia, sur son matelas, les yeux fixant le plafond, réfléchit souvent.
Comme personne ne peut l’atteindre physiquement dans sa tour d’ivoire, elle invente un public, des amis, des univers où tout ce qu’elle aime est réuni.
Elle débat avec eux.
Et elle en arrive à des conclusions.
Surtout lorsqu’elle se retrouve vraiment seule, dans ses couvertures.
Notre amour était un accident, Violette.
C’est un constat clair et net.
Comme si les lois de l’univers n’avaient pas prévu qu’il arrive et que, malgré tout cela, malgré la TVA etc., la rencontre avait eu lieu et, contre toute nature, elle s’était développée.
Même Olivia n’avait pas pu lutter.
Pourtant, elle avait senti que ça n’aurait pas dû se passer ainsi.
Qu’elle n’aurait pas dû se laisser aller dans cette spirale si tentante mais si toxique.
C’était un regrettable accident.
On en reparlera peut-être encore dans vingt ans. Peut-être pas.
Car il y a des accidents qui sont insignifiants. Et il y en a d’autres qui nous marquent à jamais.
Celui-là a été relativement violent pour Olivia. Elle a connu pire, toutefois. Il s’ajoute à la longue liste des accidents qui l’ont menée jusque là. LÀ. Violette ne compte pas plus qu’une autre : elle fait partie des choses qui l’ont condamnée, et écrasée, petit à petit, alors qu’elle y croyait. Il y en a eu tant avant Violette, et il y en aura après elle. Violette n'est qu’un accident parmi une succession d’accidents qui composent sa vie. Sa vie. Une suite d’accidents. Sa vie elle-même est un accident. Elle n’aurait pas dû être. En étant, elle a peut-être déclenché tous les malheurs qui s’abattraient sur elle. Certainement.
Les accidents deviennent toujours des obstacles, à un moment ou un autre, et elle préfère tirer un trait dessus pour ne plus jamais en entendre parler.
Les plus coriaces reviennent à la charge.
Il y a une longue liste d’accidents avant Violette et leur amour n’est pas en peloton de tête. C’est bête.