Lien Facebook



En savoir plus sur cette bannière

- Taille du texte +

Notes :

Ceci est ma participation à la 7e épreuve d'immunité de Koh-Lanta, l'île des HPFiens, organisé par Catie et Omi Brogniart sur le forum, merci à elles :)

Les consignes étaient les suivantes :

"Vous devez également, au cours de cette semaine d'épreuve, publier un texte inédit écrit pendant une Nuit (Fanfiction HPF/Ailleurs ou Original). Ce texte ne doit avoir été publié que sur les topics des Nuits (ou pas, mais écrit grâce aux Nuits), ce doit donc être une nouvelle publication, que vous pouvez retravailler comme vous l'entendez afin d'intégrer mots métiers et caractéristiques."

J'ai choisi les contraintes d'endurance et de sentimentalisme.

 

Notes d'auteur :

Pour cette épreuve, j’ai repris un court texte que j’avais écrit lors de la Nuit de mars, sur le thème « Fougue ». J’y ai ajouté des éléments d’un texte écrit lors de la Nuit d’août, inspiré par une photo de boussole, et je l’ai retravaillé pour qu’il corresponde aux contraintes que j’ai choisies pour ce tour d’immunité :

 


- Écrire plus de 1700 mots (plus ou pile 1700) : il y en a 1701 selon le compteur du concours.

 

- Insérer (au moins) quatre sentiments différents : (se sentir) perdue, (se sentir) impuissante, effrayante, espoir, euphorique, passionnées

 

J’ai utilisé cette liste de sentiments pour vérifier que les miens en étaient.

 

 

 

 

 

Ce n’est pas de la fiction, c’est plutôt… de l’introspection ? J’écris beaucoup ce genre de choses un peu exutoires ces temps-ci, à la troisième personne mais dans lesquelles je projette mes propres expériences, émotions, choses vues, en essayant de les décrire de la manière la plus évocatrice possible.

Je vous présente mes excuses par avance, car il ne s’y passe pas grand-chose. J’espère toutefois que ça vous parlera, au moins un peu. C’est sans doute une des choses les plus personnelles que j’ai publiée à ce jour. Je n’en suis donc évidemment pas très satisfaite, même si certaines tournures me plaisent. Mais je devais poster vite, je pars en vacances o/

 

Le titre est une référence à l’un de mes romans graphiques favoris, écrit et dessiné par Tillie Walden. Le texte est sponsorisé par tous ces petits moments qui illuminent la vie, par les joues douces de mon amoureuse, et par les arbres parisiens.

 

 

 

Bonne lecture !

 

 

 

 

 

Il y a un mot qu’elle utilise souvent, depuis quelques temps, pour décrire l’état dans lequel elle se trouve : perdue.

Elle se dit souvent qu’elle est perdue.

 

C’est presque une constante, dans sa vie. Une sensation ne pas vraiment savoir où elle se trouve, vers où elle se dirige, ni comment elle y s’y rend. Parfois, cette sensation est la source d’un trouble intense, comme si elle perdait pied. Alors elle se sent juste terriblement impuissante : que faire pour lutter contre la perte d’elle-même ?

Ça lui a pris, peu à peu, vers la fin de ses études. Si longtemps, elle avait eu un but. Des objectifs, des projections. Ils changeaient, bien sûr, elle ne les a pas tous atteint, mais ce n’est pas l’important. Ils lui donnaient un horizon auquel s’attacher, comme une boussole lui indiquant la direction à suivre.

Se projeter l’a toujours aidée à avancer, à dépasser les moments où rien ne semblait avoir de sens, où tout paraissait sur le point de s’écrouler. Se projeter lui a permis de tenir quand la solitude s’immisçait en elle, se saisissant de tout son être et la laissant exsangue. Quand le trop-plein d’émotions était tel qu’elle se sentait sur le point d’exploser. Se projeter l’a autorisée à dépasser l’immense fatigue qui s’empare d’elle, parfois, quand la vie se fait envahissante, effrayante, étouffante.

 

La solitude de l’enfance, les atermoiements de l’adolescence, les épreuves de sa vie d’étudiante : elle les a traversés en se projetant. Toujours plus loin, toujours après, dans cette perspective floue qu’était sa future vie d’adulte.

 

Elle est devenue adulte, paraît-il. Elle tente parfois de définir ce qu’est « devenir adulte ». Est-ce terminer ses études ? Louer son premier appartement ? Déclarer ses propres impôts ? Partir seule en voyage pendant six mois ? Souscrire à une assurance ? Ou, plus trivial, ne pas laisser ses plantes mourir ?

Elle est devenue adulte, et elle n’a pas cessé de se projeter. Mais voilà, elle y est, ce futur tant attendu est désormais son présent. Elle fait le métier dont elle rêvait, ce n’est pas toujours facile, toutefois il lui plaît. Sa vie est bien plus enthousiaste, bien plus riche que tout ce que son imagination d’adolescente avait su conjurer.

Elle est devenue adulte, et soudain l’horizon n’est plus aussi défini que pendant ses jeunes années. Sa seule imagination ne lui suffit plus à s’évader de ses propres angoisses, à lui procurer un espace hors du temps et de l’espace, où elle peut souffler – car chaque fois qu’elle essaye, la réalité, quelle que soit sa nature, se rappelle à son bon souvenir.

 

 

Elle se dit souvent qu’elle est perdue, parce qu’elle n’a pas d’autre mot pour ce vertige qui l’attrape quand elle s’efforce de décider d’un chemin à emprunter.

Pour ne pas s’égarer, elle se raccroche à des moments. Des petites choses, des lueurs, des instants pendant lesquels le brouillard de sa vie se pare de mille couleurs.

Cela ne fonctionne pas à tous les coups. Il y a les jours où tout le poids de sa vie l’accable et où elle n’a qu’une envie : se rouler en boule sous sa couette et ne plus en sortir. Il y a les matins où il est si difficile de se hisser hors du lit, d’ouvrir les yeux, de ne pas y rester, sous la couette, de mener une succession de gestes routiniers soudain si écrasants, et de se forcer à passer la porte. Il y a les après-midi où les pleurs montent d’un coup, où la fatigue la submerge et où elle ne voit plus d’issue à rien.

Elle ne sait pas de quelle manière elle parvient à retrouver le chemin qui est le sien, dans ces moments. Mais elle sait ce qu’elle y retrouve.

Les marches rapides dans les rues de Paris, la satisfaction de savoir s’orienter, la douce nostalgie des lieux si familiers et de ce qu’ils évoquent – là, le souvenir d’une conversation, ici, le film d’un éclat de rire – et l’enthousiasme d’une découverte.

Il y a l’espoir qu’elle trouve dans un rayon de soleil. Il traverse les feuilles des arbres, les fait briller de toutes parts, il relève les teintes du feuillage. Le soleil du matin laisse penser que tout est possible. Le soleil de midi réchauffe la peau et la pierre et le cœur. Le soleil de la fin de journée se reflète dans les fenêtres des immeubles, les cours d’eau, les vitrines, et rend la vie toujours plus chaleureuse.

Il y a une bonne chanson dans les oreilles, celle qui fait danser, espérer, croire ; il y a une vue si belle au détour d’une rue qu’elle s’arrête, tente une photo, la photo n’est jamais à la hauteur, alors elle observe, elle s’efforce de « retenir avec les yeux » ; il y a les soirées d’été, celles passées jusqu’à pas d’heure en terrasse, celles pendant lesquelles elle écoute les bruits de la ville par la fenêtre, celles autour d’un repas entre amis.

Il y a l’amour et la liberté qui lui emplissent le cœur pour la plus triviale des raisons.

 

 

Et puis la fougue.

 

Il y a la fougue des concerts, celle des basses qui résonnent fort dans ses tripes et qui font trembler ses mollets. La fougue d’une expérience collective puissante, quand la foule reprend en chœur les paroles d’une chanson si écoutée. La fougue d’un musicien, d’une musicienne, fascinante dans sa manière de ne faire qu’un avec sa batterie ou son micro.

Il y a la fougue des débats animés, des discussions pleine d’énergie qui peuvent si facilement tourner à la dispute – mais ne le font que rarement. La fougue des mots qui fusent, des idées qu’on balance, des phrases sur lesquelles on revient car on ne voulait pas dire ça, attends, je reformule, tu vois ce que je veux dire ? C’est une fougue intellectuelle et physique à la fois, car elle se jette à corps perdu dans la conversation et sa voix se brise parfois tant elle force dessus pour se faire entendre par dessus les autres.

Il y a la fougue qui la traverse comme un coup de vent, lorsqu’elle dévale une pente à vélo en chantant à tue-tête. Lorsqu’elle file à toute vitesse, traverse un feu juste avant qu’il ne change de couleur, tourne brusquement, évite un passant, se perd un peu, retrouve le bon trajet, et elle avance, elle avance, elle sent ses jambes tourner, ses mollets la porter en avant et la fougue envahir sa poitrine.

Il y a la fougue du train qui s’élance, qui accélère, du paysage extérieur qui défile de plus en plus vite jusqu’à parfois devenir flou. La fougue de l’ailleurs, du « plus loin », du bout, de l’aventure qui l’attend en chemin, à l’arrivée, encore après. Regarder par la fenêtre, se laisser hypnotiser par le va-et-vient des rails, observer les sociétés défiler derrière la fenêtre, imaginer la vie dans une bâtisse aperçue depuis le train, et laisser s’épanouir les centaines de possibilités que conjure le voyage.

Il y a la fougue des vagues dans la mer, qui la bousculent et l’emportent et la rapportent, dans lesquelles elle flotte, plonge, s’immerge, agite les bras, les jambes, les mains, penche la tête, s’arrête pour sentir le soleil réchauffer son visage. Alors elle chante encore, ou elle rit, ou elle est euphorique, ou les trois à la fois, et c’est la fougue, qui, de nouveau, la plonge dans ces états.

Il y a la fougue de l’écriture. Les mots lui viennent, les idées prennent sens, l’image devient langage. Le clavier alors lui appartient, le stylo court seul sur la page, et le monde est à elle.

 

Il y a la fougue de la danse, quand un morceau l’entraîne si loin, si fort, qu’elle se sent décoller d’ici et maintenant. Elle se glisse dans une bulle, un endroit rien qu’à elle, elle sent son corps se mouvoir hors du temps et de l’espace, c’est comme s’il ne lui appartenait plus vraiment – pourtant, elle n’est jamais aussi présente que dans ces moments. Elle se sent vivre alors, fougueuse impression que tout est possible et qu’elle est exactement là où elle doit être.

C’est la fougue d’une liberté retrouvée, d’un détachement et d’un plongeon dans le plaisir et l’énergie vitale.

 

 

Il y a la fougue d’un corps chaud contre le sien, de lèvres dans son cou, d’une odeur enivrante. C’est sa fougue et c’est celle de l’autre, c’est leurs fougues qui se mêlent. Des lèvres douces et passionnées sur les siennes, une main se glisse sur sa joue, agrippe ses cheveux, attrape sa hanche. Les siennes, de lèvres, se perdent sur le creux d’une épaule, sa main dans le bas d’un dos, sur la courbe d’un sein. Des jambes se frottent, des bras s’empoignent, des poitrines se collent l’une à l’autre, et des cheveux se mêlent dans une danse instinctive.

 

Alors c’est la fougue d’une étreinte et de baisers tendres puis féroces puis doux, si doux. Cette fougue part de quelque part, n’importe où, un point de contact, et se répand dans tout son corps – elle veut plus, plus, plus, continuer, explorer, avancer. Cette fougue la fait crier, trembler, gémir, et puis rire, rire de bonheur, rire d’émotion, rire d’amour, elle jubile de cette vie dans laquelle elle ne cesse de perdre et de retrouver.

 

 

Elle se dit souvent qu’elle est perdue, mais après tout, qu’importe ? Elle ne sait pas où elle va, ni comment elle y va – mais elle a bien l’intention d’en profiter chaque instant.

 

Note de fin de chapitre:

Merci d'avoir lu !

Vous devez vous connecter (vous enregistrer) pour laisser un commentaire.