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Notes d'auteur :

Bonjour,

Nous sommes ici sur la première fois où Zélie met du maquillage pour un événement spécial. Je vous fais un rappel des contraintes (en gras ce que je pense avoir utilisé).

 

Indication : Essayez de trouver des enjeux. Pourquoi votre personnage doit-il faire ça ? Quel âge a-t-il ? Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Ou pourquoi l’avoir fait aussi tôt, au contraire ? Quelles étaient les conditions réunies pour sauter le pas ?

Contraintes obligatoires
- Prenez le temps d’exprimer en quoi cette première fois change quelque chose à l’intérieur de votre perso.

Contraintes facultatives
- Surprise ! Quelque chose ne s'est pas passé comme prévu : tout se passe comme prévu !
- La couleur de votre choix doit prendre une place importante tout le long du texte.
Nous sommes à l'été 2004, et Zélie a 18 ans.

C'est le mois de mai, et la douceur de l'air incite plus à la paresse et la rêverie qu'au travail, et Zélie peine à réviser son bac, pourtant, il faut bien. Elle vient de subir sa deuxième greffe de cornée, ce coup-ci à l'oeil gauche, et arbore un cache-oeil qui lui donne un air de pirate. Le fait de bientôt voir des deux yeux, et de bientôt ne plus se cogner partout sur sa gauche, la rend rêveuse.

Et ce que Zélie garde comme un secret, tout au fond d'elle, c'est que depuis qu'elle a recouvré la vue, progressivement, l'année dernière, quand elle joue de la musique, c'est un véritable feu d'artifice de couleurs quand elle joue certaines notes. Uniquement des nuances de bleu. Elle a appris par cœur les noms de ces nuances, et s'est mise depuis au dessin et à la peinture, ce que sa mère l'observe faire en silence, un doux sourire sur ses lèvres, invisible et inaudible, la concentration de sa fille oblitérant tout.
La garde robe de Zélie a changé aussi. Elle ne porte que des nuances de bleu. Barbeau, canard, indigo. Des robes, des jupes, des pantalons, des foulards, des tuniques, des bracelets. Outremer, saphir, sarcelle. Un chouchou dans les cheveux, des boucles d'oreilles qui pendent, des chaussures montantes. Turquin, horizon, gris de lin. Zélie baigne dans une mer de bleu, dans un océan de musique, dans un univers de mots. Parce que Zélie a découvert Rimbaud, et au lieu de réviser pour son bac, ce qui la fait encore plus rêver, c'est le spectacle de fin d'année qu'elle a préparé. Des contes imaginés à partir des poèmes d'Arthur Rimbaud, et un décor minimaliste se dessinent dans son esprit, puis sur ses croquis. Une estrade, une simple baladeuse, un tabouret, et ses instruments. Le clavier, la guitare, la harpe celtique. Un tambourin et ses grelots de chevilles. Des verres à pied emplis d'eau. Et elle et ses mots.
Cela fait tellement plus rêver que les révisions du baccalauréat.


Et Zélie rêve grand, et traîne ses parents, et sa petite bande, Isidore, Atima, Manu, ses plus proches amies, Sarah et Emilie, les amies de son frère. Mais plus de Quentin. Depuis qu'il a rompu avec elle, Isidore ne veut plus en entendre parler. Elle les traîne de pièce de théâtre en concert, choisit le programme télé, lit à voix haute des poèmes, chante des chansons, compose, écrit, se nourrit de mots, de couleurs et de musique. Ses parents s'en inquiètent, mais sans le dire. Eux qui l'avaient imaginée aveugle à jamais, et kiné, ils la découvrent si pleine d'imagination, et elle leur échappe, quelque part. Même si, trop gentille, toujours compréhensive, elle s'est laissée un peu étouffer sans trop se plaindre, leur sollicitude est malvenue, maintenant, et la Zélie qu'ils ont connue n'est plus, elle étend ses ailes.
Et son envergure est trop grande pour les rêves qu'ils font d'elles.


Les épreuves du bac sont derrière elle, et Zélie a réussi à arracher à ses parents une promesse : une année sabbatique, une année à lire, vivre, écrire, voyager. Le permis, mais pas d'études, hormis l'école de musique. Elle aimerait se lancer, peut-être être intermittente du spectacle, mais elle ignore les grimaces sceptiques de ses parents sur ce métier que l'on fait un peu mais pas souvent. Ce métier que Zélie elle-même n'arrive pas à nommer. Instrumentiste ? Conteuse ? Chanteuse ? Parolière ? Zélie ne veut pas faire de choix, Zélie veut tout prendre sans rien laisser. Et le bac derrière elle, elle se prépare comme une pro au spectacle qu'elle donne au lycée pour clore sa dernière année, dire au revoir à ceux qui ont compté, et qu'elle ne reverra peut-être pas de sitôt : Atima qui va étudier un an à Pondichéry, à vivre chez son oncle et sa tante, Manu qui, étonnamment, part sur une formation d'ingé, comme elle dit, mais Zélie n'a jamais bien compris en quoi tout cela consiste.
Habillée d'une longue robe bleue dont le bas lui caresse les pieds, Zélie se souvient des conseils que Sarah lui a donné pour se maquiller. Elle se lave d'abord le visage à l'eau claire, puis le sèche en le tamponnant de la serviette éponge. Un fond de teint clair pour lui donner une bonne mine, puis de la poudre ambrée sur les pommettes. Zélie noircit ensuite ses yeux bleus de khôl et les souligne d'un trait d'eye liner, les agrandissant et renforçant leur forme amande. Puis du fard cuivré sur la paupière mobile, rehaussée d'un brun mordoré. Et du mascara brun profond.
Zélie s'éloigne du miroir, et se regarde avec attention. Un rouge à lèvre rose poudré, pour que l'attention soit tournée vers ses yeux. Zélie penche la tête sur le côté, le rideau de ses longs cheveux blonds venant recouvrir son épaule. Elle va laisser ses cheveux lâchés, c'est comme ça qu'elle les préfère. Zélie se sourit, Sarah serait fière d'elle. Elle quitte les toilettes qui lui servent de loge, traverse le couloir, la tête basse, se concentrant sur les contes qu'elle a imaginés, et le portrait de Rimbaud danse un peu dans son esprit, sépia, la mèche folle, le regard lointain, ce portrait qui a rendu fou Verlaine. Fou de désir et d'amour.
Zélie s'arrête devant la double porte menant à la salle de conférence que le professeur Muller a aménagé pour elle. Elle a tout installé sur l'estrade, et le professeur s'est occupé de l'éclairage et de la sono, que Zélie ne maîtrise pas encore, mais elle va apprendre, entre l'école de musique, et les cours qu'elle a trouvé sur le net. Elle a tant et tant à apprendre, cette année. Et elle a réussi à arracher à ses parents la promesse de la laisser faire.
Le cœur battant, elle tend l'oreille vers la rumeur de la salle, et le tic-tac de l'horloge du couloir. Ils sont tous là. Son entrée en scène est dans quelques instants. Juste quelques instants qu'elle vole encore pour se concentrer, alors que dans sa tête, dans une ambiance sereine, dansent les mots, filent ses doigts sur les cordes ou les touches. Le spectacle qu'elle a imaginé se déroule dans le théâtre de son esprit, à toute vitesse, parfait. C'est là qu'elle doit être, là ce qu'elle doit faire, qu'importe ce qu'en pense le monde, elle n'a jamais été aussi près de ce qu'elle veut faire. Un bref coup d'oeil à l'horloge lui fait dire qu'elle est un peu en retard, alors, elle pousse la porte, et les conversations se taisent, la lumière baisse. D'un pas léger, elle marche jusqu'à l'estrade où elle allume la baladeuse, et se perche sur son tabouret. Elle enfile ses griffes, comme elle les appelle, sur le bout de ses doigts, et installe les sangles de sa harpe sur ses épaules, et la rapproche d'elle, comme elle le ferait d'un enfant qui a besoin de repos. Ses yeux parcourent alors les têtes sombres du public. Elle sait sa famille et ses amis là, devant elle, mais elle ne les voit pas. Dans le silence attentif de la salle, sa voix s'élève doucement, avec juste assez de faiblesse pour qu'ils tendent tous l'oreille sur les quelques premières phrases.
« Trois prénoms il a, mais le troisième seulement est connu. Un prénom de roi, un prénom de légende. Un prénom que tous vous connaissez. Arthur. Arthur Rimbaud, il est. Arthur Rimbaud il sera toujours, car mort trop tôt, il a rejoint les Immortels, tapis dans les replis de notre mémoire... »
La voix de Zélie, chaude et profonde, conte, et ses doigts pincent doucement les cordes de la harpe celtique. Elle conte son amour pour Rimbaud, et son amour des mots. Et dans la salle, un silence muet lui répond.
Note de fin de chapitre:

Et voilà ! J'espère que Zélie prend un peu de consistance, je ne suis que moyennement satisfaite de ce que j'écris jusqu'à présent pour elle.

Le format recueil veut cela, aussi, les ellipses temporelles, s'arrêter sur des moments clés.

J'espère que la lecture vous a été agréable, n'hésitez pas à me laisser un commentaire, quand je ne suis pas complètement bloquée à l'idée d'y répondre, je le fais avec joie :)

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