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Notes :

Ce texte est écrit dans le cadre du concours d'Omicronn et Catie

 

KOH-LANT'HPF

Notes d'auteur :

Ce texte a été écrit pour la deuxième épreuve d'immunité du concours :

Dixit style

Thème :Je devais utiliser cette image du jeu Dixit, représentant un homme en costume queue-de-pie et haut-de-forme faisant du grand-bi sur un fil tendu entre des immeubles, devant une lune gigantesque.

Contraintes :
- sentimentalisme : insérer au moins 3 sentiments (en gras + précisés en bas)

- endurance : mon texte doit faire 1200 mots tout pile

- boule de neige: écrire en boule de neige sur au moins 200 mots (ici 20 phrases dont les 2 premières sont en gras, soit 210 mots)

 - métier : comme j'ai choisi de les utiliser en fanfiction, je ne me suis pas occupée de la liste de mots à placer/interdits.

Bonne lecture!

 

Cette année-là, au royaume, l’idée de la reine pour choisir un conseiller fut particulièrement étonnante : après la mort de son conseiller précédent, qui avait été nommé grand gagnant d’un concours de limbo le jour de son recrutement, elle décida d’organiser un concours d’équilibriste sur les toits de la ville. Un câble fut tendu entre deux hauts immeubles, et une seule règle fut établie : on devrait le traverser une fois dans un sens ou dans un autre, de la manière qu’on voulait. Le candidat ou la candidate qui émeuvrait le plus la reine serait nommé au poste prestigieux de conseiller officiel de la couronne.

On objecta à la reine l’absence de filet de sécurité. Elle haussa les épaules, et dit que ceux qui pensaient pouvoir tomber ne devraient pas concourir. Le filet était à huit cent pieds au-dessus du sol.

Peu de candidats se présentèrent, mais il y eu tout de même assez de volontaires pour susciter une excitation sans pareille parmi la population de la ville. Les trois favoris étaient Colombe Biles, une jeune Américaine capable de danser sur, ou plutôt autour, d’un fil, une vieille dame qui portait le nom de Léger Nuage, parce que dès sa naissance elle avait été plus légère qu’une plume, et enfin, un homme appelé Douglas Douglas dont la spécialité était le grand-bi en altitude.

Le ministère des divertissements, avec l’accord de la reine, proposa quelques aménagements spéciaux pour que le royaume put profiter au mieux de l’événement. La plus remarquable de ces nouveautés fut l’horaire de la compétition : elle se déroulerait de 22h à 2h du matin la nuit de la date choisie par la souveraine. Les candidats devraient trouver un moyen de s’éclairer, les spots ayant été jugés horriblement aveuglants et donc peu souhaitables.

Les candidats eurent le droit de s’entraîner pendant un mois avant le jour du concours. Ils travaillaient sur des câbles placés beaucoup plus bas que celui de la reine, et augmentaient sa hauteur de jour en jour. Mais aucun d’entre eux n’osa tendre son fil à une hauteur égale ou supérieure à huit cent pieds. Beaucoup tombaient, pendant les entraînements. Ils savaient que, le jour dit, la chute serait fatale.

Colombe Biles s’entraînait chaque matin à partir de 6h. Elle avait choisi un costume cousu de centaines de minuscules ampoules qui, elle l’espérait, aurait un merveilleux effet la nuit. Léger Nuage, au contraire, s’entraînait peu. Elle disait qu’apprivoiser un fil n’était pas la même chose que de le harceler. Douglas Douglas, le soir du jour choisi par la reine, était arrivé sur les lieux de la compétition en se rappelant les jours précédents.

Encore. Et encore. Il était venu. La veille et avant. Il avait regardé le fil. Arrimé entre deux très hauts immeubles. Il s’assiérait sur son grand-bi. Son chapeau haut-de-forme tiendrait en équilibre. (Il l’avait hérité de son arrière-grand-père.) Et puis il s’élançerait à l’assaut du fil. Sans réfléchir, comme on se jette soudain à l’eau, courageusement. Cette nuit, il devrait réussir, non pas par orgueil, mais par nécessité. Réussir à atteindre, sauf, l’autre côté, ou bien s’écraser en bas. Côtoyer les nuages en chevauchant son grand-bi était depuis toujours une expérience inoubliable. Il avait habituellement peu de public, son art étant largement méconnu, bien qu’assez spectaculaire. Le jour J au contraire, une foule serait présente, et il devrait composer avec son incertitude. Non pas son incertitude à lui, mais son incertitude à elle, la foule, devant son petit numéro. L’équilibre qui serait difficile à trouver serait celui-là, l’étroite zone entre inquiétude folle et émerveillement. Douglas Douglas y travaillait depuis toujours, mais cette fois-ci, la foule serait très nombreuse, et l’enjeu majeur. S’il arrivait à leur faire retenir leur souffle, à tous, le pari serait gagné : d’émouvoir foule et reine.

Le ministère tira au sort l’ordre de passage, et Douglas Douglas serait le dernier à passer.

La reine était confortablement installée au sommet d’un immeuble, allongée comme une Romaine sur un canapé doré. Elle ordonna le début de la compétition.

Colombe Biles s’avança, petite silhouette noire dans son justaucorps qui n’était pas encore allumé. Au moment où elle leva les bras pour s’élancer du haut de l’immeuble de l’ouest, les minuscules ampoules s’allumèrent, et soulignèrent les gestes de la danse qu’elle effectua autour du fil. Elle tournoyait, ne s’y tenait que par un bras, puis une jambe, puis par le bout des orteils, virevoltant et glissant autour du cable comme s’il avait été installé verticalement, et pas horizontalement. Quand elle parvint de l’autre côté, effectuant un profond salut, la foule qui avait retenu son souffle éclata en bravos et en applaudissements.

Le public avait également hâte de voir la performance de Léger Nuage. Celle-ci s’avança au bord de l’immeuble, puis sur le fil, sans qu’on puisse voir le moment où elle s’était élancée, tant son mouvement avait été fluide. Léger Nuage était si frêle qu’elle oscillait véritablement, sur ce fil, à huit cent pieds de hauteur. Un enfant, dans le public, lança un cri de peur qui ricocha longtemps sur la surface des immeubles.

Un projecteur voilé par un astucieux système d’origami envoyait de petites figures de lumières, semblables à des ailes, sur la silhouette de Léger Nuage. La foule était terrifiée à l’idée de voir la vieille dame s’envoler puis retomber comme une feuille morte, mais elle finit par arriver de l’autre côté. La tension retomba d’un coup.

C’était à présent au tour de Douglas Douglas. Il portait un élégant costume queue-de-pie, avec le haut-de-forme assorti. Il effectua la délicate manœuvre lui permettant de monter en selle, et fit le tour du toit de l’immeuble le plus minuscule possible afin de se mettre dans l’axe du fil.

Il commença à pédaler, tout doucement.

Le temps se suspendit quand sa roue arrière quitta le bord du toit, et que le funambule fut complètement engagé sur le câble. La foule, qui pensait ne plus pouvoir être émue par une performance ce soir-là, compris que Douglas Douglais leur prouverait le contraire.

La lune sembla vouloir aider ce candidat en surgissant alors des nuages, offrant sa face énorme et argentée comme une toile de fond à Douglas Douglas. La reine eut une exclamation d’émerveillement, jusqu’à en lâcher sa tasse de thé.

Douglas Douglas ne fut pas dérangé par le mouvement de la reine. Il était profondément concentré sur sa tâche, celle de sentir les moindres vibrations du câble et du vent et d'utiliser en conséquence toutes les ressources de son corps et de ses muscles pour se maintenir en l'air. Il exultait dans la difficulté de la tâche, convaincu par son inutilité et ivre de sa propre persévérance. Il ne tenait qu'à émouvoir la reine et la foule, mais se moquait bien de devenir conseiller principal de la couronne.

 

Note de fin de chapitre:

Alors, qu'en avez-vous pensé?

 

 

Les trois sentiments qui apparaissent sont l'indifférence première de la reine, l'émotion de la foule qui retient son souffle, l'enfant crie, et enfin l'apaisement de Douglas Douglas qui fait ce qu'il aime faire.

A bientôt!

 

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