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Notes d'auteur :
Bonjour !
Je vais commencer à publier dans l'espoir que ça me mette la pression pour écrire la suite ^^ (mais vous inquiétez pas, c'est en cours).
Bonne lecture !
Les arbres défilaient devant la fenêtre de l’autocar. Des hêtres et des sapins surtout. Parfois ils cédaient la place à une clairière ou à quelques maisons. Le car vrombissait à toute allure sur la petite route serpentine, gravissant à grands efforts le flanc des Vosges.
A l’avant du car, Augustine Pinson avait posé sa tête contre la vitre. Elle n’avait aucune envie de se retrouver en colonie de vacances, surtout avec la bande d’adolescents qui faisait un vacarme au fond du car. Evidemment que les pires s’étaient directement trouvés et avaient déjà sympathisé. C’était la bande des plus âgés qui devaient déjà se connaître. Surtout une fille, quinze ans probablement, parlait et riait fort comme si elle devait s’imposer à tout prix. Non, franchement Augustine n’avait aucune envie de passer un mois avec eux.
Pourtant elle comprenait le choix de son père. Elle avait passé l’âge de pouvoir partir à la colonie de la paroisse – ils ne prenaient que les enfants jusqu’à douze ans – et elle ne pouvait pas non plus rester seule à la maison. Elle était certaine qu’en plus il se promettait une évolution quelconque de ce changement d’air. Elle l’avait entendu discuter d’elle avec Bernard…

Les jolies colonies de vacances, Merci maman, merci papa, entonna le fond du bus.
La petite fille à côté d’Augustine sursauta puis se tourna vers l’arrière, curieuse. L’adolescente appuya davantage la tête contre la fenêtre. Elle avait pourtant espéré éviter cette chanson venue tellement en vogue quand elle n’était pas encore sortie au bout d’une heure.
– Tu ne chantes pas ? demanda la petite fille. C’est quoi le texte ?
Augustine secoua la tête en la rattrapant d’un bras quand le bus prit un virage en épingle à cheveux. Dieu l’en préserve, jamais elle ne chanterait quelque chose comme cette horreur.
Tous les ans, je voudrais que ça recommence.
Cette fois-ci, la fillette entonna avec les autres. Augustine esquissa une grimace en retournant à la fenêtre. Au prochain visage, elle la laissera tomber. Et tant pis si ce n’était pas très gentil.
You kaïdi aïdi aïda.
Elle ne voulait pas entendre cette chanson, elle ne voulait pas être dans ce bus et elle ne voulait certainement pas partir dans cette colonie de vacances. Cela allait être encore pire à qu’au collège puisqu’il n’y aurait même plus la position de pasteur de son père pour la protéger. Aucune envie de passer ne serait-ce qu’une heure de plus avec ces autres enfants.

L’adolescente du fond du bus devait bien connaître le trajet puisque la chanson se termina pile au moment où l’autocar passa les grilles de la colonie et quitta la forêt pour entrer sur une jolie clairière avec un grand et plusieurs petits bâtiments. Dans le fond se détachait un lac des montagnes boisées.
– Encore une fois le refrain, les encouragea l’une des animatrices à l’avant en se levant.
Augustine leva les yeux au ciel. Cela promettait pour la suite. Elle allait passer les vacances avec des cotons dans les oreilles si cela continuait ainsi.
Les jolies colonies de vacances, Merci maman, merci papa, Tous les ans, je voudrais que ça recommence, You kaïdi aïdi aïda.
Le car s’arrêta et le brouhaha fut immédiat. La jeune fille resta contre sa fenêtre. Une cinquantaine d’adolescents et d’enfants de tout âge se pressant pour sortir par une seule porte, aussi peu pour elle. A ses côtés, la fillette guettait une ouverture pour sortir à son tour mais se rassit finalement pour patienter.
– Merci pour le virage avant, fit-elle avec un sourire timide qui dévoilait ses deux dents manquantes. Je m’appelle Corinne. Ravie de faire ta connaissance !
Augustine lui rendit timidement son sourire. Elle ne savait pas trop comment répondre à cette gamine. Sortir les feuilles qu’elle avait préparé ? Son ardoise ? Mais visiblement Corinne n’attendait pas davantage d’elle et se précipita dans le couloir du bus dès qu’il y eut un espace.
– Tu viens ? fit-elle avec un sourire de plus en plus grand et la main tendue. On va se faire plein d’amis !
Bizarrement Augustine en doutait mais elle n’avait pas le cœur à décevoir l’espoir de cette petite fillette aux nattes blondes et aux taches de rousseur. Elle se saisit de son sac et de la main et suivit Corinne à l’extérieur.

Il était certain que la colonie se trouvait à un très bel endroit. Ce qui était moins le cas pour l’infirmerie. Franchement, qui pouvait bien la placer dans la plus petite pièce dans un bâtiment à part ? Si c’était pour les décourager d’y aller, c’était réussi.
– Donc on doit surtout y aller pour nous faire peser, c’est ça ? continuait à papoter Corinne. Pour qu’à la fin ils puissent comparer et dire si ça a servi à quelque chose ?
Augustine hocha la tête. Elle ne comprenait pas pourquoi la gamine avait choisi de rester avec elle au lieu de se faire rapidement des amies de son âge…
– La prochaine, fit l’infirmière – ou du moins la personne qui tenait ce rôle.
Corinne lui serra la main et y alla d’un pas joyeux, fouillant dans son sac à la recherche de son carnet de santé et de ses papiers d’inscription. Augustine n’avait pas besoin de fouiller. Tout était là, à portée de main. Elle serra les papiers qu’elle avait préparé. Maintenant ils lui paraissaient tellement inutiles, tellement inintéressants…
– Prochaine, fut-elle appelée avant de pouvoir y réfléchir plus longtemps.
– Nom ?
L’infirmière n’avait même pas levé le regard mais Augustine lui tendit quand même son carnet de santé en indiquant bien l’endroit de son nom. Quelques secondes passèrent, puis l’adulte leva des sourcils froncés dans sa direction.
– Ton nom.
L’adolescente entendit déjà les autres pouffer derrière elle. Evidemment qu’ils allaient s’en donner à cœur joie. Elle cligna des yeux pour chasser les larmes qui affluaient malgré elle. Cela ne servait à rien, cela ne ferait qu’aggraver les choses. De toute façon, elle s’y était attendue, non ?
L’infirmière se saisit du carnet et Augustine soupira de soulagement. Elle avait eu peur qu’elle ne cède pas. Mais elle se contenta de lui indiquer la toise et de noter sa taille. Comme si elle allait grandir d’un seul coup en un mois.
– Pèse-toi.
Augustine grimpa sur la balance mais garda le regard tourner vers ses pieds. Hors de question de connaître la précision de la débâcle. Elle le savait.
– Faudra en prendre, jeune fille.
Elle hocha sagement la tête et récupéra son carnet de santé avant de s’éloigner sans demander son reste. Dans la porte, elle croisa le regard moqueur de l’adolescente du bus, déjà entourée du groupe hétéroclite.
– Faut manger plus, jeune fille, fit-elle en une imitation plutôt réussie. Enfin, dépêche-toi, y a la minus qui t’attend.
Augustine passa devant eux sans s’attarder. Les adolescents de ce genre, elle les connaissait. Malheureusement pour eux, ils pouvaient la provoquer comme ils voulaient, cela ne marcherait pas. Ne pas réagir était la meilleure chose à faire, le meilleur moyen de les embêter et surtout c’était ce qu’elle savait faire le mieux. Dehors, seule au milieu des différents groupuscules, l’attendait Corinne avec un sourire sincère. Ils n’avaient pas intérêt à s’en prendre à la gamine.
– Réponds-moi quand je te parle. Je m’appelle Monique Germain et je peux te faire renvoyer chez toi si tu me déplais.
Note de fin de chapitre:
Qu'est-ce que ça donne envie...
La chanson est bien évidemment de Pierre Perret.

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