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Notes d'auteur :

Et voici le tout dernier chapitre de l'histoire, je suis tristesse.
Bonne lecture !

Augustine observait le lever de soleil à travers le feuillage du hêtre sur lequel elle s’était perchée. Ça l’étonnait un peu qu’elle ait pu s’en aller de cette manière sans que personne ne l’en empêche. Au fond, elle aurait aimé que quelqu’un la retienne, qu’un de ses camarades de colonie lui demande comment elle avait su, qu’un policier l’accuse de raconter des sornettes. Elle aurait pu dire qu’elle savait plein de choses sur tout le monde et qu’elle n’inventait jamais les meurtres qu’elle voyait. Mais personne ne s’était intéressé à elle. Comme toujours. Tant pis pour eux.
Sa montre argentée indiquait cinq heures quarante-sept. Le ciel se colorait doucement en orange mais ce jour-là il n’y avait pas de nuages qui pourraient prendre une teinte rose. Dans à peine quelques heures, la colonie de vacances serait vidée de tout enfant, de tout adolescent qui pourrait rigoler, crier, colporter des rumeurs ou s’amuser. Si elle pouvait, elle resterait perchée sur son hêtre toute la journée, et celle du lendemain, et toutes celles qui la séparaient de la fin des vacances scolaires. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas quitter la colonie de vacances en réalité. C’était juste plus simple.
Avec un soupir, Augustine s’adossa au tronc pour mieux s’installer. Le soleil ne tarderait pas à apparaître entièrement au-dessus de la montagne mais il ne pouvait réveiller personne dans le dortoir des filles. Personne n’avait voulu dormir dans la pièce où se trouvait le lit vide de Monique, comme personne n’avait envie de manger dans le réfectoire. Elle ne comprenait pas le problème. Il n’y avait pas de trace visible ou de fantôme. Mais au fond ça lui était égal. C’était le problème des autres, pas le sien.

Cinq heures quarante-neuf. Elle ne savait pas ce qu’elle attendait. Elle ne savait plus pourquoi elle était restée dans son arbre. Peut-être avait-elle peur que si elle en descendait et traversait la cour à la même heure que la veille, elle reverrait Jérôme poignarder Monique ? C’était absurde. L’un était au poste de police, l’autre morte. Ils ne rejoueraient jamais la scène qui s’était déroulée sous ses yeux. Tout comme elle ne reverrait plus jamais sa mère. Sauf dans ses cauchemars parfois évidemment. Est-ce que Monique s’y joindrait elle aussi ? Elle avait comme un doute. L’adolescente n’était pas vraiment extraordinaire ou même particulièrement mémorable. La seule chose qui la rendait différente était qu’elle avait été tuée.
Qu’est-ce qu’elle pourrait bien dire à son père pour justifier son retour prématuré ? Il n’allait jamais croire la vérité. C’était tout simplement incroyable. Peut-être que les policiers ou les animateurs leur donneraient une lettre pour expliquer. Au moins personne ne pourrait l’accuser de mentir. Personne ne pourrait lui répéter qu’elle s’imaginait des choses ou qu’elle avait juste fait un mauvais rêve. Enfin, plus personne ne le faisait chez elle d’ailleurs. Ce n’était plus qu’un événement passé dans la mémoire du village. Sans importance pour n’importe qui d’autre.
Qu’est-ce qui avait de l’importance de toute façon ? Jérôme avait tué Monique juste pour venger les moqueries dont avait été victime Corinne. Augustine avait du mal à comprendre alors même qu’elle savait à quel point les moqueries avaient affecté la petite fille. Mais ce n’était pas une raison pour poignarder quelqu’un… Ah moins qu’il ait eu d’autres motifs qu’il n’avait pas encore avoué. Dire qu’il s’était trahi de façon aussi bête parce qu’il ne pensait pas que quelqu’un remarquerait son absence au dortoir et surtout que quelqu’un puisse l’entendre parler à Monique. C’était un crime d’adolescent, mal préparé, résolu rapidement et le seul vrai obstacle était la voix de fille qui était en fait sa voix aigue car encore en pleine mue. C’était bête, c’était simpliste, c’était décevant.

Augustine regarda sa montre. Cinq heures cinquante-et-un. Peut-être que le jour apporterait des nouvelles expériences comme l’avait fait la veille. Parce qu’une chose était certaine. Elle avait adoré jouer les détectives improvisés avec Amandine dans la soirée. Peut-être bien qu’elle recommencerait si l’occasion se présentait. Non, pas peut-être. Elle avait envie de continuer. Elle avait envie d’arrêter des meurtriers et surtout de les trouver avant. C’était fascinant et un jour, elle retrouverait le meurtrier de sa mère.
Une branche craqua. Deux faits ne permettaient plus aucun doute : il était cinq heures cinquante-deux et Augustine Pinson deviendrait inspectrice.

Note de fin de chapitre:

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