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Notes d'auteur :
Et nous voilà pour le dernier chapitre de cette histoire. Bonne lecture !
Augustine n’avait aucune idée comment elle s’était embarquée dans cette histoire. Il n’était que dix-sept heures cinquante et Amandine la traînait devant les policiers pour témoigner contre le jeune homme du village dont elle ne connaissait même pas le nom. Mais ça ne pouvait pas être lui. Elle avait entendu une voix de fille dans le réfectoire et il ne serait pas revenu comme une fleur. Par contre, c’était plutôt intéressant qu’il avait été là le matin aussi. Peut-être qu’il avait vu quelque chose. Pourquoi avait-il été là en fait ?
Elle aurait aimé fait part de ses doutes à Amandine mais celle-ci semblait être convaincue de la culpabilité du jeune homme. Si ça se trouvait elle en savait beaucoup plus que ce qu’elle disait. Peut-être même que c’était elle la vraie coupable qui cherchait à faire accuser quelqu’un d’autre à sa place !

– Bon, fit Amandine en constatant qu’ils ne passeraient jamais à quatre dans la foule des policiers et autres adultes. Attendez-moi ici, je vais aller chercher quelqu’un.
Les trois autres restèrent planter dans les buissons. Antoine fixait le jeune homme comme s’il allait se jeter sur lui et s’enfuir. La fille de pasteur fronça les sourcils. Il y avait encore des trous. Beaucoup trop de trous. Et ce jeune homme ne pouvait pas être coupable. C’était incompatible avec ce qu’elle avait vu. Pas conséquent, il pouvait témoigner.
« Comment tu t’appelles ? » inscrit Augustine sur son ardoise avant de la placer devant les yeux du jeune homme.
– Thomas. Mais qu’est-ce qui se passe en fin de compte ?! Pourquoi cette fille me traite comme si j’étais un prisonnier ?

« Tu vas me répondre à quelques petites questions. » Augustine lui adressa un sourire. Soudainement elle se sentait très sûre d’elle. Comme si l’idée qui germait dans un coin de la tête lui donnait des ailes. Elle ne doutait pas que ce Thomas allait pouvoir lui donner des informations. Elle ne doutait même pas qu’il le ferait. Etrange que cette confiance en soi. « Pourquoi étais-tu là ce matin ? »
– Je… je devais apporter des œufs frais à Marie-Joëlle, bafoua le jeune homme.
La cadette pencha la tête pour le regarder. Ce n’était pas la vérité et tout le monde le savait. Ils avaient vraiment d’autres choses à faire…
– Bon, d’accord, capitula l’homme. Je devais apporter de la marchandise à Monique et vérifier qu’elle tiendrait parole pour l’argent. Elle n’est pas venue mais m’a envoyé Maximilien à la place. Il était en retard et j’ai dû me dépêcher pour pas croiser le facteur en chemin.
« Maximilien est arrivé à quelle heure ? »
– Euh, cinq heures cinquante je dirais.
Et deux suspects de moins, deux ! A moins bien sûr qu’ils soient de mèche et qu’il s’agissait d’un grand complot. Ce n’était quand même pas très plausible. Qui est-ce qui restait sur la liste ? Serge, Hugo et Fabienne. Amandine et Antoine. Mireille et Jérôme. Non, une voix de fille. Elle l’avait entendue. Donc Amandine ou Mireille. La première avait avoué ne pas avoir d’alibi. Et la seconde ?

« Tu as vu quelqu’un d’autre ? » demanda-t-elle par acquis de conscience.
– Bah, il y avait le même couple que toujours près du lac. Aucune idée qui s’est, mais ils sont sacrément amoureux pour des ados.
« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »
– Ils étaient en train de s’embrasser, moi j’ai cherché un peu autour du point de rendez-vous en attendant Monique, du coup j’ai tout vu, et…
– Tu as maté Fabienne, tu veux dire, l’interrompit Antoine en remontant nerveusement ses lunettes. Ce n’est pas bien.
Augustine lui fit signe de continuer sans prêter d’attention au garçon. Thomas haussa les épaules.
– Bah, ils se sont faits engueulés par un mec plus âgé. Je suppose que c’est le frère de la fille. Rassure-toi, j’allais pas mater. Je tiens à la vie.

Mais pourquoi eux aussi, il pouvait les disculper ? Bon, Fabienne, Serge et Hugo n’avaient jamais été des suspects très plausibles – c’était bien connu ce qu’ils faisaient chaque nuit. Mais que Thomas puisse répondre était inquiétant. Peut-être qu’il cherchait à se construire un alibi ? Et la voix qui ne correspondait pas ? Il pourrait être complice de Mireille par exemple.
En gros, il lui fallait d’autres témoignages. Pourquoi la police ne lui avait rien dit ? D’accord, question stupide. C’était évident qu’ils la tenaient encore pour suspecte aussi. A raison cela dit. Elle aurait très bien pu tout inventer.
« Autre chose à déclarer ? » écrivit-elle en espérant que cela en restait là.
– Maintenant que je t’ai tout dit, tu ne me balances pas à la police à cause de tu-sais-quoi ?
Augustine hésita un instant. Elle n’avait rien à y gagner en réalité mais en même temps ce n’était pas louable de vendre de la drogue à des mineurs. Ce n’était pas bien du tout en réalité. Enfin, la police et plus tard Dieu s’en chargeraient très bien. Elle secoua la tête puis partit tout simplement en direction des tables extérieurs d’où provenait un bruit digne d’un groupe d’enfants. Elle voulait parler à tous les absents des dortoirs. C’était le seul moyen d’être certain.

Une main la retint timidement.
– Merci.
Qu’il était bête. Il allait se dénoncer lui-même à la police dans quelques minutes, c’était la seule raison pour laquelle elle ne se donnait pas la peine de le faire. Ce n’était certainement pas par gentillesse ou par miséricorde. Un vendeur de drogue n’en méritait pas autant. Elle lui fit un léger sourire qui lui permettait de partir rapidement et se dégagea. Franchement, elle ne comprenait pas pourquoi les gens voulaient se prendre les mains, se toucher l’épaule et autres contacts. C’était juste bizarre de se coller aux gens. Surtout aux inconnus.
Augustine frotta son bras pour se débarrasser de la sensation de la main de Thomas et se dirigea d’un pas rapide vers les tables. Aucun temps à perdre, Amandine ne voudrait jamais la laisser partir. Un coup d’œil vers le réfectoire lui apprit cependant que l’adolescente menait des discussions vaines pour convaincre les policiers.

– Augustine ! Tu es là ! Je m’inquiétais pour toi !
Natalie se précipita sur elle dès qu’elle la vit. Augustine supporta l’embrassade en essayant de cacher son mal-être. Elle avait comme un doute sur le sujet mais bon. Les mensonges des adultes pour camoufler leurs fautes, elle connaissait. C’était stupide mais c’était habituel donc réconfortant. Un peu du moins. Dès que Natalie l’eut lâchée et que l’attention des autres enfants l’eut quittée – ce qui arrivait au bout de deux longues minutes durant lesquelles elle devait sourire timidement, le moyen le plus efficace pour passer inaperçue –, elle s’assit à côté de Hugo.
C’était le plus âgé de tous les participants à la colonie de vacances et Augustine suspectait que ses parents l’avaient obligé à venir pour surveiller sa petite sœur. Il donnait toujours l’impression de s’ennuyer, ce qui était certainement le cas puisque même les « grands » participaient aux jeux de cours de récré comme le chat perché ou le poule-renard-vipère.
« Tu as vraiment engueulé Fabienne et Serge ce matin ? »
Hugo devait la prendre pour une folle – enfin encore plus que d’ordinaire. Tant pis. Au moins elle n’avait pas de réputation à perdre. Elle espérait juste qu’il lui réponde. Et effectivement il se contenta de hausser les épaules.
– Oui, c’est ce que mes parents m’ont chargé de faire.

« Merci ». Augustine ne perdait pas de temps à lui expliquer un pourquoi qu’il n’aurait pas compris et déguerpit le plus rapidement possible en direction de Mireille. Elle fit un grand sourire innocent à l’adolescente et aussi à Jérôme qui était assis à côté d’elle. Cela ne l’arrangeait pas en réalité mais il n’y avait rien à y faire.
« Vous étiez où ce matin ? »
– Ça ne te regarde pas, retorqua Mireille sans même la regarder.
– Tu te prends pour la police maintenant ? l’agressa Jérôme, sa tristesse trahie par sa voix d’adolescent en pleine mue. Ça te ressemble bien d’espionner les gens, sale petite muette.
– Sois pas si méchant, fit Mireille. Excuse-le, il est vraiment tourneboulé par ce qui est arrivé à Monique.
Ça, Augustine voulait bien le croire. Le fait que Mireille lui présente des excuses un peu moins. Elle leva les mains en signe de rédemption et partit tout aussi rapidement qu’elle était venue.

Sa montre indiquait dix-huit heures deux, exactement sept cent trente minutes après le meurtre de Monique Germain, et elle connaissait l’identité du meurtrier.
Note de fin de chapitre:
Alors alors, c'est qui ?
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