Lien Facebook



En savoir plus sur cette bannière

- Taille du texte +

Notes d'auteur :
Bonne lecture !
– Tu n’as croisé personne en venant ? faisait la voix de Monique à quelques mètres d’Augustine.
La fille de pasteur s’était pour une fois réfugiée dans les noisetiers derrière les abris servant de débarras pour le matériel de jeu et de jardinage. En réalité, elle s’était écorchée les mains et genoux en tombant de vélo lors de la dernière sortie et n’avait pas envie de s’arracher les croutes en grimpant dans le hêtre. Les noisetiers étaient une alternative convenable. Sauf apparemment quand Monique décidait de rencontrer quelqu’un qu’elle n’était pas censée voir.
Augustine jeta un coup d’œil en direction du bâtiment principal et remarqua bien sûr Jérôme qui montait la garde dans un des abris. Il se pensait peut-être être discret ? Enfin, c’était un secret de polichinelle que ces deux-là ne sortaient uniquement ensemble pour couvrir le jeune homme qui se tenait devant Monique en ce moment même. Parfois elle se demander où Jérôme trouvait son compte dans cette histoire… Peut-être qu’il était réellement amoureux d’elle ? Parce qu’elle ne semblait avoir de yeux que pour l’invité.
– Non, personne, la rassura le jeune homme de sa voix douce. Je ne serais pas venu si ce n’était pas sûr.

Augustine entendit Monique acquiescer de la tête avant de se rapprocher en traînant les pieds comme elle seule pouvait le faire. Elle s’imaginait bien la fille du directeur de la colonie en train de poser un baiser sur la joue de l’inconnu. Elle avait le profil pour faire ce genre de chose en cachette. Les bruits semblaient correspondre. Quelle tristesse qu’elle ne pouvait pas la voir.
– Et tu m’as ramené ce qu’il faut ?
Si c’était possible, Augustine aurait cru que Monique sonnait presque inquiète. Mais elle devait se faire des illusions. Monique était une forte tête, imbue d’elle-même et pour qui les autres ne comptaient pas. Elle ne s’était certainement jamais intéressée à personne d’autre qu’à elle-même. Comment pourrait-elle donc être inquiète alors qu’elle était la reine incontestée de la colonie ? Un bruit de sachet fit froncer les sourcils à la petite adolescente. Ce n’était probablement pas des bonbons que Monique récupérait avec autant de précautions, si ?

Elle bougea aussi lentement que possible pour ne pas faire bruisser les branches des noisetiers en se redressant légèrement. Elle voulait savoir. Monique – identique à elle-même jusqu’à la moue dédaigneuse – prenait justement un sachet en papier Craft. Qu’est-ce qu’il pouvait bien y avoir dedans ? En soi, c’était tout à fait un sachet pour bonbons. Mais ça ne collait pas. Le jeune homme avait l’air détendu mais scrutait quand même le visage de l’adolescente, ses cheveux bruns étaient coiffés à la dernière mode et il portait même un jean. Augustine nota qu’il gardait sa main droite dans la poche comme s’il tenait quelque chose fermement. C’était étrange, non ? Surtout que Monique s’efforçait de tenir le sachet bien droit comme par peur de renverser quelque chose.
– C’est bon pour toi ? l’interrogea le jeune homme après que Monique ait inspecté le contenu.
– Oui, acquiesça l’adolescente. La prochaine fois à nouveau au village ?

Elle semblait très contente de son affaire. Le jeune homme fit un geste qu’Augustine aurait jugé immédiatement comme menaçant et un instant plus tard Monique se retrouva avec un couteau sous la gorge, prise dans le bras de celui que tout le monde prenait pour son amour secret.
– Tu n’oublieras pas l’argent, hein.
– Mais, Monique essayait de se libérer. Tu sais très bien que je n’ai pas encore l’argent. Je l’aurais une fois que j’aurais hérité de ma mère. A ce moment-là je vous payerai, c’est convenu !
– Alors dépêche-toi d’hériter, fit le jeune homme d’une voix sombre. Sinon c’est ton père qui payera pour toi.
– Ce n’est pas moi qui risque le plus, fit Monique effrontée alors qu’elle devait être morte de trouille vu son visage plus pâle que le linge.
– C’est ce que tu crois…

Augustine écarquilla les yeux, effrayée. C’était une vraie menace de mort qui se déroulait sous ses yeux. Surtout quand le jeune homme recula rapidement et qu’elle put admirer le fil rouge qui se déroulait doucement dans le décolleté de Monique. Il fallait prévenir quelqu’un, non ?
– Compris, fit Monique pourtant d’une voix blanche.
Le jeune homme la salua d’un signe de tête et partit en direction du portail, son couteau à nouveau rangé au fond de sa poche. Il ne semblait pas avoir peur de se faire arrêter ou de rencontrer quelqu’un en chemin.
Les bruits de pas dans son dos la firent se recroqueviller à nouveau. Elle n’avait aucunement envie de se retrouver impliquer dans les soucis des autres. Elle en avait suffisamment toute seule, merci bien. Même s’ils étaient en grande partie causer par les autres justement. Enfin bon, elle n’allait pas tendre le bâton pour se faire battre à cause d’une bêtise commise par Monique.

– Ça va ? s’inquiéta Jérôme qui s’était rapproché. Tu as pu récupérer la came ? C’est bon ? Qu’est-ce qu’il te voulait ?
Augustine fronça les sourcils. Elle avait bien entendu ? Monique achetait de la drogue et la faisait entrer dans une colonie de vacances avec plein d’enfants ? C’était plus que rocambolesque, personne n’allait croire ça ! Pourtant il fallait bien que quelqu’un en soit informé. Monsieur Germain peut-être ?
– Oui, oui, tout va bien, décréta Monique. On retourne chez les autres.
Les deux adolescents partirent en direction du bâtiment principal, parlant du fait de passer d’abord auprès d’un lavabo pour effacer le sang. Augustine souffla. Elle n’aurait pas aimé que Monique la découvre. Le mauvais quart d’heure qu’elle aurait passé aurait rendu la menace à Monique pour une banalité. Non, elle exagérait.

Jérôme lui fit un clin d’œil en tournant au coin de l’abri et lui fit chut avec le doigt. Comme si elle allait faire du bruit. Elle n’était pas suicidaire merci. Augustine hocha la tête en réponse puis se figea soudainement. Cela signifiait que Jérôme l’avait vu pendant tout ce temps et qu’il n’avait pas prévenu Monique ?! Qu’est-ce que ça impliquait ? Qu’il voulait voir chuter Monique et son trafic – s’il y en avait un – ou qu’il voulait la protéger d’une raison de moquerie de plus ?
Il lui avait fait signe de ne rien dire… Il était complice de Monique c’était sûr. Mais alors pourquoi ? Pourquoi la protégerait-il ? A moins qu’il ne voulait quelque chose d’elle en échange ? Mais quoi, elle n’avait rien d’intéressant pour un garçon de seize ans…
Alors que Monique s’éloigna un peu, il se retourna une dernière fois pour faire un grand sourire à Augustine. La première fois qu’elle le voyait sourire sincèrement. La première fois ? Ce sourire lui paraissait pourtant bien connu… Etrange.
Note de fin de chapitre:
Ca vous donne une nouvelle hypothèse ? XD
Vous devez vous connecter (vous enregistrer) pour laisser un commentaire.