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Notes :
Merci à tous les auteurs de ce texte : Alrescha, Dreamer, Mathy, Hazalhia, David Scad, Carminny, Wapa et BellaCarlisle !
Il était une fois une petite fée qui rêvait de savoir voler.
Mais elle devait se contenter d’en rêver car elle était trop petite, ses ailes étaient trop fragiles pour la porter. C’était ce que lui disaient ses parents, et ses parents, la petite fée n’avait pas l’idée de les contredire. D’autant plus qu’ils habitaient sur la plus haute branche de l’arbre à fées dans un jardin luxuriant, peuplé de toutes sortes de créatures et de toutes sortes de plantes. Le risque de tomber était grand…

Un jour de printemps, alors qu’elle façonnait une gouttelette de rosée, installée sur sa feuille, la petite fée fut victime d’un grand fracas qui vint secouer l’arbre à fées. Sa gouttelette lui échappa des mains, et la petite fée fut projetée dans les airs. Submergée de panique, elle se laissa quelques instants tourbillonner au gré du vent...

Mais que fut sa surprise lorsque quelques secondes après son virevoletage, elle rebondit sur une feuille, puis une autre et encore une. Au bout de la troisième, son instinct de survie réveillé, elle arriva à attraper élégamment une petite branche a sa portée. Mademoiselle la fée se retrouva ainsi pendue par les mains au-dessus d'un vide dont elle ne voyait pas la fin. Les autres fées travaillaient dans une autre partie de l'arbre, elle qui aimait sa solitude, maintenant la trouvait bien embarrassante. Un soupire lui échappa, ici et comme plusieurs fois par jour, elle se demanda comment elle allait réussir à retomber sur ses pieds. Observant les alentours, une lueur d'espoir traversa ses prunelles violettes, a quelques décimètres en dessous, elle vit une branche qui semblait assez solide pour lui servir de zone de réception. Se préparant a sauter, elle s'interrompit en entendant une voix au-dessus d'elle.

C’était un oiseau, un jeune rossignol qui nichait dans l’arbre. Il avait passé sa tête par-dessus le nid, et l’observait avec attention.

- Vous semblez en bien mauvaise posture mademoiselle la fée.

- Cela me semble évident oui. Pourriez-vous m’aidez, et me déposer sur cette branche en dessous grâce à vos ailes ?

Si l’oiseau avait pu rougir, il l’aurait fait.

- Et bien voyez-vous, c’est que je ne sais pas encore voler. Ma dernière tentative ne s’est pas bien soldé, et j’ai bien failli ne jamais regagner mon nid. Tous mes frères et sœurs se sont déjà envolés, et me voici le dernier ici.

- Et bien nous voici au moins un point en commun. Deux créatures qui devraient voler, et qui pourtant ne le peuvent pas. Cher ami Rossignol, voici une situation bien ironique.

La fée regarda à nouveau la branche en dessous, pour estimer la meilleure manière de sauter pour atteindre son objectif.
Elle imprima un mouvement de balance à son corps et lâcha sa branche afin d’atteindre celle du dessous. Malheureusement, son pied frêle glissa sur le rameau et elle chuta tête la première dans des ténèbres insondables, accompagnée par les piaillements du jeune rossignol complètement affolé. La fée termina sa chute dans une mare. Alors que son petit corps sombrait sous l’eau…

Elle sentit à travers sa petite robe de fée trempée un dos glissant, parsemé de petite bosse. Il la poussait vers le haut, vers l'air.
Au moment où elle sortit de l'eau, la petite fée battit férocement des ailes mais ne sachant toujours pas voler et en plus étant devenue très lourde à cause de l'eau, elle chuta rapidement vers la mare.
Une longue langue rouge arriva vers elle. Le crapaud qui l'avait sauvée de la noyade paraissait bien déterminé à la manger toute crue...
S’agrippant désespérément à un nénuphar, elle hurla avec toute l’autorité dont elle était capable malgré sa petite taille :
— Stop !
L’hideux crapaud plein de pustules cligna des yeux à plusieurs reprises avant de ramener sa langue dans un claquement sec.
— Et pourquoi donc devrais-je renoncer à un met si délicat ? demanda-t-il d’une voix caverneuse.
La fée ne savait pas quoi lui répondre. Paniquée, elle ne parvenait pas à aligner deux pensées cohérentes. Comme si son esprit était vide.
— Parce que… parce que… bégaya-t-elle alors que le prédateur se rapprochait dangereusement.
— Parce que ? reprit le batracien avec une irritation croissante.
— Parce que je suis une fée, souffla la petite créature ailée. Et vous ne mangez pas les fées, Mr le Crapaud.

Un rire grotesque secoua la bête et fit trembler l’onde autour d’eux. Les yeux globuleux ne quittaient pas la jeune fée qui aurait tout donné pour se sortir de cette situation délicate.

— Les fées volent, finit par déclarer l’amphibien sur le ton de l’évidence. Alors pourquoi ne t’échappes-tu pas, petite menteuse ?

La fée baissa les yeux, incapable de s’exprimer. Cette hideuse chose pustuleuse lui assénait son plus grand défaut comme si elle n’en avait pas conscience. Bien sûr qu’elle savait que ses pairs volaient, c’était même son rêve le plus fou ! Mais que pouvait-elle dire à un crapaud borné dont l’appétit dépassait sans aucun doute la raison ?
Elle tenta alors le tout pour le tout et choisit la ruse :

– Tu as raison, je devrais m’envoler hors de ta portée. Malheureusement, mes ailes ne fonctionnent pas. Par contre, sache que je suis vénéneuse. Si tu m’avales, tu mourras dans d’atroces souffrances.

Le crapaud resta perplexe.

– Tu cherches à me mystifier petite. Tu espères ainsi échapper à la mort !

– Pas du tout. Je suis né avec cette particularité. Beaucoup de fées sont toxiques. Ne le sais-tu dont pas ? Mais si tu ne me crois pas, fais-en l’expérience vilain crapaud ! Nous serons donc deux à quitter ce monde. Qu’il en soit ainsi.

La fée écarta les bras en signe de résignation.

Le crapaud hésita devant les déclarations de la fée et son attitude pleine de certitudes. Enfin il…
Enfin il soupira et se laissa glisser sous la surface de l'eau.

- J'accepte pour cette fois insecte mais tes tours ne te sauveront pas toujours. échappa-t-il avant de disparaitre.

Le silence entoura la jeune fée qui s'écroula sur son nénuphar. Elle avait survécu de justesse. Mais maintenant la petite forme ailée n'était pas plus avancée. La voilà trempée, au milieu d'une immensité, sans savoir nager.

Le nénuphar était bien trop loin de ses congénères et retourner dans l'eau lui semblait être la pire action qu'elle pourrait faire.

- Comment vais-je m'en sortir encore ? demanda-t-elle à voix haute.
Ce fut alors qu’un énorme bourdonnement se fit entendre.
- Une libellule ! s’exclama la fée.
D’un bleu-vert scintillant, la libellule aux yeux globuleux s’approcha.
- Accroche-toi à mes pattes, petite fée ! dit l’insecte.
La créature ne se le fit pas dire deux fois et la libellule l’emmena au sec.
- Est-ce que vous pouvez monter jusqu’au sommet de l’arbre, s’il vous plait ? demanda-t-elle.
Dans un nouveau bourdonnement, la libellule s’exécuta.
Enfin, la petite fée retrouva son logis.
- Merci ! Merci beaucoup ! dit-elle. Vous m’avez sauvée la vie.
- Fais attention la prochaine fois. Ne reste pas trop près du bord.
- Promis !

Et la libellule redescendit près de la mare à une vitesse vertigineuse tandis que la petite fée reculait vers le cœur de son foyer, bien en sécurité.
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