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Notes :

Cette histoire est susceptible de participer au concours "Cupidon sous la neige", si je parviens à la conclure dans les temps. Sinon, cela restera une réponse hors concours et un plaisir à écrire !

Notes d'auteur :
Où Emily retrouve enfin sa famille et le privilège de faire des caprices...
La calèche cahotait le long d’un chemin champêtre. Emily ne souciait guère de l’inconfort du voyage, toute à sa joie de parvenir, bientôt, à sa destination. Machinalement, sa main lissait les feuillets qui reposaient sur ses genoux. Elle trouvait un étrange réconfort au contact doux du papier sous ses doigts. C’était la dernière lettre qu’elle avait reçue de sa mère ; celle-ci lui faisait part de son impatience à l’idée de la retrouver. Le sentiment était réciproque. Emily avait hâte de revenir à son village natal, niché dans la campagne anglaise, et de passer Noël auprès de sa famille.

Cela faisait presqu’un an qu’elle avait quitté sa maison. Avec l’arrivée du printemps, sa tante avait décidé de l’emmener à la capitale pour la saison londonienne. Si Emily était reconnaissante pour toutes ces attentions à son égard, elle se demandait néanmoins combien d’innocentes jeunes filles servaient d’excuse à leurs chaperons pour leur permettre de jouir des amusements de la bonne société. Pour sa part, elle n’y trouvait nul plaisir, mais plutôt un épuisement physique et mental. Ce n’était qu’une succession de dîners, de bals et de théâtre, qui auraient pu être autant d’occasions agréables si elles n’étaient qu’un prétexte à scruter, jauger et juger toute femme qui avait le malheur de ne pas être mariée.

Sous le feu de ces regards critiques, il avait fallu enchaîner les courbettes, les sourires et les bons mots. Fort heureusement, sa tante avait voulu passer l’été auprès de sa fille cadette et de son petit-fils. Emily avait enfin pu respirer et fouler les vallons du Somerset. Sans trop de difficulté, elle avait été considérée comme une distraction convenable par le petit garçon de deux ans.

Puis, l’automne avait ravivé les rhumatismes de son oncle et sa tante avait insisté pour qu’elle les accompagnât à Bath. Il avait de nouveau fallu tenir son poste dans les salons et voir défiler des régiments de visages inconnus. Bath était certes plus petite que Londres, mais cela semblait n’avoir pour seul avantage que de propager plus rapidement les colportages.

Emily n’aspirait qu’à retrouver l’intimité de son cercle familial et les étendues herbeuses de sa région natale. Elle pourrait enfin être libre de ses gestes.

Derrière les vitres de la voiture, les paysages défilaient. Sur la banquette opposée, son oncle et sa tante somnolaient malgré les secousses de la route. Elle posa sur eux un regard attendri. Mais ce fut sans vergogne qu’elle les réveilla à l’approche de leur destination.

- Nous venons de passer le grand chêne !

Son oncle eut une réponse molle, tandis qu’Emily ne pouvait plus contenir son excitation. Bientôt, la demeure familiale apparut au détour du chemin. A peine l’arrêt fut-il marqué qu’Emily sauta à bas de la calèche sans attendre l’aide du cocher. Au bruit de l’équipage, toute la famille était sortie les accueillir. Elle embrassa avec chaleur ses parents, sa sœur Amelia et la vieille Hannah, qui avait de la farine sur les joues. Son père l’enjoignit à plus de tenue, en lui tapotant le dos, mais elle vit son sourire aux coins de ses yeux.

Amelia l’escorta dans le salon, tandis que sa mère restait à l’arrière pour remercier sa tante de s’être occupé de sa fille et de la lui ramener en un seul morceau.

- Mon seul regret, c’est qu’elle ne soit pas revenue avec une pièce détachée, soupira sa tante.

- Est-ce vrai Emily ? s’écria Amelia. N’y a-t-il point quelque engagement secret ou du moins une amitié un peu particulière ?

Tandis que son père réprimandait la benjamine, Emily niait en riant.

Le salon était le même, ou presque. Un nouvel ouvrage de broderie était posé sur le guéridon et le fauteuil avait changé de place. Mais c’était les mêmes rideaux défraîchis qui pendaient aux fenêtres et la même banquette amollie par le temps sur laquelle elle s’assit. C’était le bavardage incessant et familier de sa petite sœur qui résonnait dans la pièce.

- Si tu n’as rien à dire de ton séjour à Bath, j’ai de mon côté de nombreuses choses à te raconter ! poursuivait-elle tandis que leur mère servait le thé. Figure-toi que Charlotte Ellis reçoit son frère pour la première fois depuis vingt ans et que ce frère a une épouse et un fils et qu’ils séjournent auprès d’elle pour un mois. C’est elle-même qui nous l’a dit lorsque nous l’avons croisé chez le couturier. Hier est arrivée une invitation pour un dîner…

Emily renversa sa tasse.

- Laisse Maman, je vais éponger... Je t’avoue que je n’aspire qu’à des soirées tranquilles avec vous.

- Et passer à côté de l’occasion de faire de nouvelles connaissances ? s’indigna-t-elle. Non, nous n’avons pas tous la chance d’avoir passé la saison à Londres !

Emily ouvrit la bouche pour répliquer.

- L’invitation pour demain a été acceptée, trancha leur mère. Pour ce soir, il faudra se contenter de la modeste compagnie de vos vieux parents.
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