Vanessa se réveilla déprimée en ce dimanche de Noël. Pourtant, ce n’était pas son habitude d’être d’une humeur aussi maussade pendant cette période.
Elle avait ressassé l’histoire des cadeaux détruits pendant une bonne partie de la nuit. Elle ne savait pas du tout comment dévoiler au grand jour la fourberie d’Annabelle Merrytown car elle devait avoir des preuves pour pouvoir la confondre. Malheureusement, la jeune femme n’avait laissé aucun indice. Vanessa repensa au regard triste que lui avait lancé Thomas en partant. Elle avait eu de la peine pour elle-même, pour lui et pour tous les enfants qui n’auraient pas de cadeaux. Thomas lui avait proposé de refaire des pâtisseries avec elle mais elle n’avait pas le temps de crocheter des amigurumi à nouveau. Elle était dégoûtée.
Elle se leva néanmoins de son lit pour se traîner jusqu’à sa cuisine. Quand elle se servit une tasse de café, son portable vibra. Elle avait reçu deux messages.
Elle ouvrit le premier message qui venait de sa mère lui demandant si elle allait pouvoir venir passer les fêtes de Noël avec eux. Vanessa soupira de lassitude. Il était fort à parier qu’elle ne pourrait pas prendre de jours de congé mais elle demanderait néanmoins à Jane. Cette dernière avait l’air de l’apprécier maintenant qu’elle avait interviewé Thomas. Elle serait peut-être plus indulgente envers elle.
Elle ouvrit le second texto qui venait de Thomas. Son coeur battit un peu plus fort dans sa poitrine et ses mains tremblèrent légèrement quand elle le lut
Chère Vanessa,
Je suis vraiment désolé pour l’incident d’hier. Je me sens un peu responsable de ce qui s’est passé car nous avions laissé ma voiture sans surveillance. Je vous assure qu’un tel incident ne se reproduira plus.
Il y a deux jours, vous m’aviez dit que je n’étais pas un homme romantique. J’aimerais vous prouver le contraire. Veuillez venir aujourd’hui à 18h à Hyde Park et attendez-moi devant The Arch d’Henry Moore. Habillez-vous chaudement !
Bien à vous,
Thomas
Vanessa réfléchit quelques instants. Etait-ce vraiment avisé de revoir Thomas ? Il y avait plusieurs raisons qui la freinaient : son statut, son milieu, Annabelle Merrytown… Mais au fond d’elle, elle avait très envie de le revoir. Plus elle apprenait à le connaître, plus elle l’appréciait. Au diable ses incertitudes. Elle répondit positivement à son message.
Comme promis, Vanessa attendit patiemment à l’heure prévue dans Hyde Park. Elle n’avait aucune idée de ce que Thomas avait prévu. Elle venait rarement dans ce parc, préférant St James’s Park à celui-ci. Quand elle était arrivée devant The Arch, comme demandé par Thomas, elle avait vu que le lac était complètement gelé et qu’il servait de patinoire. Un stand proposait des patins à glace. Elle détestait patiner et elle espérait que ce n’était pas ça, la surprise de Thomas. Elle avait pourtant un mauvais pressentiment.
En effet, ce dernier arriva enfin, un grand sourire sur les lèvres. Il portait sur une épaule une paire de patins à glace. Elle le regarda avancer vers lui, bouche bée.
“Vous avez prévu de me faire patiner ?” s’écria-t-elle en ne lui disant même pas bonjour.
“Vous avez deviné !” répondit-il d’un air ravi.
“Mais je ne sais pas patiner, je tombe tout le temps ! Je déteste ça !”
“Mais non, vous n’allez pas tomber ! Je vous aiderai ! Et vous allez adorer !”
Vanessa haussa les sourcils. Thomas avait encore tout faux ! Si être romantique, c’était de faire des activités qui lui plaisaient sans faire attention à ses propres préférences, il était loin du compte. Mais cette fois, elle garda ses pensées pour elle et l’accompagna avec raideur jusqu’au stand qui louait des patins. Elle donna sa pointure et se retrouva chaussée de patins blancs. Thomas avait également mis ses propres patins.
“Suivez-moi !” lui lança-t-il en avançant vers la patinoire.
Vanessa le regarda. Comment était-elle censée le suivre alors qu’elle allait certainement tomber si elle ne se tenait pas à quelque chose ? Elle le suivit en s'agrippant sur la rambarde qui menait jusqu’au lac gelé. Thomas se retourna enfin, il était déjà à plusieurs mètres devant elle et comprit ses difficultés. Il revint immédiatement vers elle.
“Tenez-moi la main !” lui dit-il en lui proposant sa main gantée.
Vanessa lui jeta un regard affolé, elle n’avait pas très envie de lui prendre la main, voulant se débrouiller seule mais elle risquait de tomber et elle ne pouvait décemment pas rester sur cette rambarde. Elle accepta finalement et posa sa main sur celle qu’il lui offrait.
“Doucement ! Voilà ! Avancez une jambe, puis l’autre !”
Elle faillit perdre l’équilibre mais il la maintenait maintenant de ses deux mains. Finalement, Vanessa put avancer. Elle n’était pas très à l’aise et se rattrapa plusieurs fois sur le bras de Thomas mais réussit à ne pas tomber. Thomas la lâchait de temps en temps quand elle prenait un peu plus d’assurance mais la retenait dès qu’elle vacillait.
Au bout d’une vingtaine de minutes, Vanessa était en sueur mais elle n’était pas encore tombée, un exploit ! Le soleil commençait à décliner et des lampadaires illuminèrent le lac gelé.
“Alors, vous trouvez ça comment ?” lui demanda Thomas, qui patinait gracieusement à côté d’elle.
Elle lui jeta un regard noir.
“Je déteste !” lança-t-elle en y mettant le plus de colère possible.
“Mais non ! Vous allez voir, au bout d’un moment, vous allez adorer !” dit-il confiant.
Il lui fit un grand sourire. Elle arrêta de lui en vouloir. Thomas avait l’air content de l’avoir amené ici. Elle essaya de se détendre bien que c’était assez difficile car elle perdait souvent son équilibre.
“Allez, venez !” lui proposa-t-il en levant sa main vers elle.
Elle la prit et s’avança avec lui au milieu du lac. Après quelques temps, elle se rendit compte qu’elle prenait du plaisir à glisser sur la glace et arrivait à avancer au même rythme que son partenaire. Quand il prit un peu plus de vitesse, elle voulut le suivre mais elle perdit l’équilibre et tomba lourdement sur les fesses.
Thomas accourut vers elle, la releva et la tint dans ses bras.
“Vous allez bien, Vanessa ?” demanda-t-il d’un air inquiet.
“Oui, ça va, j’aurais certainement un gros bleu sur les fesses mais bon, c’est pas grave ! Avec une crème anti-bleu, ça disparaitra !”
“Je suis désolé !”
Elle remarqua que son visage était proche du sien et elle se dégagea brusquement. Mais elle perdit à nouveau l’équilibre et cette fois, elle ne tomba pas seule, elle entraina aussi Thomas dans sa chute. Elle tomba sur lui en criant.
“Aie !” lança Thomas à moitié énervé. “C’est votre vengeance, Vanessa ? Vous vouliez me mettre de la crème sur les fesses aussi ?”
“Mais non pas du tout ! Qu’est-ce que vous dites ?”
Vanessa était toujours sur Thomas et tenta de se relever sans succès. Elle était rouge de honte. Finalement, Thomas éclata de rire, en restant allongé sur la glace, Vanessa toujours dans ses bras. Devant l’hilarité de son compagnon, elle ne put s’empêcher de rire aussi.
“Je suis vraiment désolée !” réussit-elle à dire en essayant de reprendre contenance.
Elle se poussa sur le côté et se leva tant bien que mal, c’est-à-dire sans grâce. Elle proposa ses deux mains à Thomas, qui était toujours en train de rire. Mais ce dernier, au lieu de se lever également, fit retomber Vanessa dans ses bras.
“Mais… ?” s’écria-t-elle dans un cri.
Thomas la serrait désormais dans ses bras. Vanessa resta interdite pendant quelques secondes, puis, se dégagea de lui en rougissant. Elle se releva à nouveau mais cette fois, ne lui proposa pas son aide et partit en le laissant se débrouiller seul. Pourquoi avait-il fait ça ? Bien sûr, un coin de sa tête avait espéré un rapprochement mais ils ne pouvaient pas être ensemble.
Pendant qu’elle retirait ses patins à glace, Thomas la rejoignit et s’assit à côté d’elle.
“Vous ai-je offensé, Vanessa ?” lui demanda-t-il doucement.
“Non, pas vraiment,” lui répondit-elle d’une voix faible.
“Alors, pourquoi êtes-vous partie aussi vite ?” l’interrogea-t-il avec attente.
Elle le regarda dans les yeux. Devait-elle lui dire la vérité ? C’était sûrement sa seule occasion pour mettre les choses au clair. Elle se décida bien que son ventre se tordait avec appréhension.
“Nous ne pouvons pas continuer comme cela, Thomas,” dit-elle. “Nous ne venons pas du même milieu. Certaines personnes de votre entourage réagiraient certainement très mal si je vous fréquentais. De plus, nous n’avons pas les mêmes aspirations…”
“Qu’en savez-vous de mes aspirations ?” s’exclama-t-il d’un air agacé. “Et je n’en ai que faire de ce que pensent les gens.”
“Honnêtement, je pense que c’est une très mauvaise idée… De plus, la destruction des cadeaux, c’était très clairement un avertissement d’une personne qui ne nous veut pas du bien !”
Thomas débordait de colère. Vanessa se tut.
“Vous savez ce que je pense ?” s’écria-t-il, d’un air agressif. “Vous avez peur d’admettre que vous avez une inclinaison pour moi et vous comprenez que ce serait trop compliqué pour vous, alors, vous fuyez devant la première difficulté !”
Vanessa se mordit la lèvre. Il avait raison. Pourtant, elle ne pouvait pas continuer ainsi.
“Je suis vraiment désolée, Thomas !” dit-elle simplement en se levant.
Vanessa fut encore plus déprimée les jours qui suivirent. Ses collègues n’osaient pas lui parler tellement tout son être émettait des ondes noires. Seul Howard tentait de l’approcher en lui demandant si elle allait bien. Elle ne répondait que par des grognements sans lever les yeux de son travail.
Suite à ses deux articles concluants, Jane lui avait proposé d’écrire sur les marchés de Noël ce qui aurait dû la mettre en joie. Vanessa n’était pourtant pas d’humeur et elle n’était pour l’instant pas allée à un seul marché de Noël depuis le début des festivités.
Un après-midi, Howard vint lui parler pendant qu’elle prenait une tasse de café dans la salle de pause.
“Vanessa, tu ne peux pas continuer comme ça ! Regarde-toi !” s’écria-t-il.
En effet, Vanessa portait un de ses pulls difformes sur un jean délavé. Ses cheveux semblaient tout emmêlés et elle avait de gros cernes sous les yeux.
“On dirait que tu ne dors plus ! Que t’arrive-t-il ?”
“Je suis insomniaque en ce moment et je n’arrive pas du tout à écrire cet article ! Je n’ai aucune inspiration alors que Noël est ma passion !” se plaignit-elle d’un air larmoyant.
“Il va falloir remédier à ça ! Allez, on va prendre notre après-midi !” s’écria-t-il d’un air plus joyeux.
“Comment ? Mais non ! Je dois travailler !”
“Tu regardes l’écran de ton ordinateur depuis des jours sans avoir écrit une seule ligne ! Qu’est-ce que ça va changer si tu prends ton après-midi ! En plus, je t’emmène dans l’un de tes endroits préférés ! Tu es obligée de venir !”
Vanessa l’observa d’un air dubitatif. Elle n’était pas d’humeur à sortir. Pourtant, l’air heureux de Howard finit par la convaincre.
“Comme tu dis, je ne perds rien à sortir ! En plus, j’ai grand besoin de me changer les idées !”
Howard sourit et l’enjoignit à prendre son manteau. Quand ils furent prêts, ils sortirent et prirent le premier taxi qui accepta de les prendre. Sans grande surprise, il l’emmena dans le marché de Noël préféré de Vanessa à Londres, celui de Southbank Centre. Elle aimait son côté authentique avec ses chalets qui ressemblaient fortement aux marchés de Noël allemands. Dans sa jeunesse, avec ses parents et ses grand-parents, elle était souvent allée au marché de Noël de Lübeck, l’un des plus beaux d’Europe.
Brusquement, alors qu’elle avait été totalement déprimée toute cette semaine, son coeur ne put s’empêcher de s’alléger.
“Merci Howard” dit-elle à son ami quand ils entrèrent dans le marché.
“Je savais que cela te ferait plaisir !” s’écria-t-il. “Allez, viens !”
Il lui proposa son bras. Elle le regarda en sourcillant. Mais finalement, elle décida de le prendre en souriant. Ils se promenèrent ainsi dans les allées du marché, commentant les décorations qu’avaient posées les commerçants, notant les meilleures, observant les objets proposés. Vanessa prit des notes mentalement et n’hésita pas à discuter avec les vendeurs, leur demandant leur avis sur le marché de Noël de cette année, ce qu’ils en pensaient, ce qui avaient changé par rapport à l’année précédente, ce qu’ils aimeraient voir améliorer.
Au début, ils étaient peu à marcher dans les allées mais au bout de deux heures, le marché fut bondé. En effet, c’était la sortie des bureaux et les londoniens passaient au marché pour faire leurs derniers achats de Noël ou pour juste s’imprégner de l’esprit de Noël en buvant un vin chaud ou en mangeant du pudding ou du pain d’épices.
“Santé !” dit-elle à Howard pendant qu’elle levait son verre de vin chaud.
Elle le goûta et apprécia les saveurs qui explosaient sur sa langue : un mélange de sucre, de cannelle, d’orange et d’alcool chaud.
“Mon premier vin chaud de l’année !” lança-t-elle d’un air ravi.
Howard lui fit un grand sourire.
“Je suis content que tu aies retrouvé ta bonne humeur !” dit-il.
“Merci de m’avoir amené ici, Howard ! C’est vraiment ce qu’il me fallait !”
“Mais de rien ! Tu sais que tu peux toujours compter sur moi, n’est-ce pas ?”
“Bien sûr ! Tu es mon meilleur ami !”
Howard perdit un peu de son sourire et inspira profondément.
“On se promène encore un peu ?” lui proposa-t-il.
“Oui, refaisons un tour !”
Vanessa le suivit et ils continuèrent à déambuler sans vraiment s’arrêter dans l’un des chalets. Finalement, ils arrivèrent devant une petite arche où un Père Noël proposait de faire des photos avec des enfants. Des dizaines d’enfants avec leurs parents attendaient patiemment leur tour.
“Viens, on va admirer la Grande Roue !” lança Howard.
Et comme sur une inspiration, ce dernier lui prit la main et la traîna derrière lui. Vanessa fut tout d’abord surprise que son ami lui prenne la main, elle se laissa faire pendant quelques instants mais reprit ses esprits lorsqu’elle entendit un cliquetis derrière elle. Elle le lâcha brusquement et se retourna mais il y avait trop de monde, elle ne savait pas d’où venait le bruit, et continua à suivre Howard qui l’attendait un peu plus loin. Il lui souriait toujours.
“Cela te dit de monter dans la Grande Roue ?” lui demanda-t-il.
“Non, pas vraiment ! Tu sais que j’ai le vertige !”
“Mais ce n’est pas risqué !”
“Je n’aime pas trop l’idée de monter à une dizaine de mètres de haut avec peu de protection !”
“Tu ne risques rien ! Il n’y a rien à craindre, allez, viens !”
Vanessa sentit son ventre se tordre, elle n’avait pas envie de suivre Howard et elle n’avait pas non plus l’habitude qu’il insiste ainsi. Mais il avait tellement l’air joyeux qu’elle ne put refuser. C’était rare de le voir aussi heureux.
“Deux tickets, s’il vous plaît !” demanda-t-il au vendeur dans le stand des tickets pour la Grande Roue.
Ils attendirent dans la file leur tour pour pouvoir monter dans les mini-cabines. Ils s’assirent enfin sur la banquette côte à côte qui bougeait un peu trop dangereusement selon Vanessa. Howard s’assit à côté d’elle et elle se sentit coincée. La banquette n’était pas très grande et surtout pas très confortable. Howard lui sourit et passa son bras gauche derrière le dos de Vanessa. Cette dernière tenta de se reculer le plus à gauche possible pour éviter d’être contre lui mais ce fut un exercice difficile car il n’y avait pas de place. Howard fit comme si de rien n’était.
Pendant les cinq minutes de tour, ils ne dirent rien contemplant juste le marché de Noël et la ville par la même occasion. Pourtant, Vanessa n’arrivait pas à se détendre. Elle ne regardait pas vers le bas, de peur d’avoir le vertige et elle entendait toujours ce bruit étrange de cliquetis. Etait-ce dans sa tête ? Car à chaque fois qu’elle essayait de regarder vers la foule, elle ne voyait personne qui pouvait faire un tel bruit.
Quand ils descendirent de la Grand Roue, Vanessa eut du mal à retrouver son équilibre et Howard lui proposa de boire à nouveau du vin chaud afin de lui redonner des couleurs. Elle accepta le verre avec gratitude. Mais l’alcool chaud était plus fort que l’alcool normal et petit à petit, elle devint moins sobre et suivait Howard juste par automatisme.
Ils continuèrent à marcher dans le marché quand Howard s’arrêta proche de l’arche.
“Oh !” fit-il en levant la tête.
Vanessa qui avait de plus en plus de mal à reprendre ses esprits leva également la tête une seconde plus tard. Elle remarqua une branche de gui au-dessus d’eux.
“Oh, une branche de gui ! Tu connais la tradition, Vanessa !” dit Howard d’un air taquin.
“Hein ? Du gui ?” s’écria-t-elle ne réagissant pas assez vite.
Effectivement, Howard était déjà sur elle et l'embrassa. Le baiser dura une seconde ou plus longtemps, elle ne le sut pas. Mais elle entendit encore ce cliquetis, ce qui lui fit reprendre ses esprits et repoussa Howard brutalement.
“Mais ça va pas, Howard ?” cria-t-elle.
Le baiser l’avait soudainement rendu plus lucide et elle regarda son ami d’un air furieux. Que lui arrivait-il ? Elle regarda également autour d’elle et la vit enfin, la source du cliquetis. Un homme la prenait en photo avec un appareil doté d’un zoom. Dès qu’il remarqua qu’elle l’avait vu, il s'éclipsa parmi la foule. Vanessa voulut courir après lui mais il était déjà trop tard, il avait disparu.
“Mais c’est quoi cette histoire ?” lança-t-elle.
Elle se retourna vers Howard. Ce dernier haussa juste les épaules et s’excusa de son attitude.
Annabelle était ravie. Elle avait entre ses mains des preuves qui démontrerait à Thomas quel genre de fille était Vanessa Bale. Elle regarda les photos. La première qu’elle avait en main était une de Thomas et Vanessa à la patinoire couchés l’un sur l’autre. Elle avait eu envie de la déchirer en mille morceaux mais elle l’avait gardée quand même car elle faisait partie de son plan. Puis, elle jeta un oeil sur les autres clichés qui étaient bien plus intéressants : Howard qui tenait la main de Vanessa, le couple côte à côte sur la Grande Roue et ce baiser ! Cette photo était juste parfaite !
Howard avait joué son rôle à la perfection. Elle n’avait pas mis beaucoup de temps à le convaincre de l’aider dans son plan. L’idiot était amoureux de cette fille et avait compris que s’il n’agissait pas, il perdrait à jamais une chance de sortir avec elle. Que cette parvenue et ce miséreux restent ensemble dans leur petit monde ! Ils n’avaient pas leur place dans le sien et celui de Thomas.
La berline noire dans laquelle elle se trouvait s’arrêta devant la grande porte d’entrée du manoir des Johnson. Elle sortit et avança dans la direction de l’entrée.
“Je suis Annabelle Merrytown et j’ai rendez-vous avec George Johnson !” dit-elle d’une voix impérieuse au majordome.
George regardait son neveu. Ce dernier n’avait rien dit pendant toute leur conversation. Il n’avait même pas sourcillé quand il avait vu les photos. Dès que George avait terminé de parler, Thomas s’était juste levé pour regarder par la fenêtre. Il reprit néanmoins la parole.
“Mademoiselle Merrytown a bien fait de venir me voir !” dit-il. “Heureusement que sa famille travaille dans les médias, sinon, nous n’aurions jamais eu accès à ses photos. Vous imaginez le scandale si elles avaient été publiées ! Vous, dans les bras de cette fille, et ensuite cette même fille en train d’embrasser un autre jeune homme ! Cela aurait été la fin de votre réputation !”
Thomas bouillonnait de colère intérieurement. Ce que disait son oncle faisait sens. Mais pourquoi ? Pourquoi Vanessa avait-elle fait ça ? Certes, elle avait dit qu’elle ne voulait pas continuer de le voir. Néanmoins, il ne pouvait pas croire qu’elle se soit jouée de lui comme le pensait son oncle.
“Cette fille n’en veut qu’à votre argent ! C’est évident ! Vous voyez comment elle se comporte ! Elle devrait avoir honte ! Vous faire croire des choses et ensuite bafouer votre fierté !” continua George d’un air vindicatif.
“Elle ne m’a rien fait croire, mon oncle !” répliqua Thomas d’un air dépité.
“Alors, que signifient ces photos ?” gronda son interlocuteur.
Thomas soupira. Et sans dire un mot supplémentaire, il sortit de son bureau en prenant avec lui l’enveloppe de photos.