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Vanessa arriva dans les bureaux de Fashion Love furieuse. Comment Annabelle Merrytown avait osé lui parler ainsi ? Comment pouvait-elle penser une seule seconde qu’elle se laisserait intimider par cette femme ?

Elle arriva à son bureau et balança son manteau d’un air rageur.

“Il y a quelque chose qui ne va pas ?” lui demanda Howard dont son bureau était à quelques mètres du sien.
“Non, ça va, Howard,” répondit-elle d’un air évasif.
“Tu as pu finir ton article ?” l’interrogea-t-il, sentant qu’elle ne voulait pas lui en dire plus.
“Oui, ça y est ! Dans combien de temps est la réunion ?”
“Dans une demi-heure !”
“Parfait !”

Vanessa sortit son article et le relut, corrigeant les dernières fautes et changeant certaines tournures. Elle était plutôt fière d’elle et espéra que Jane l’apprécie.

Pour la première fois de sa vie, Vanessa fut invitée à la réunion des journalistes du lundi matin. Dans cette réunion, les employés devaient remettre leur article et discuter des prochains sujets qui devaient sortir pour le numéro d’après. Elle s’installa à côté de Howard et attendit l’arrivée de la rédactrice en chef avec impatience.

Cette dernière arriva enfin. Elle portait un tailleur jupe de couleur bleu saphir ce qui faisait ressortir la couleur blond platine de ses cheveux. Chacun des journalistes lui remit son papier. Elle lut brièvement les titres et les donna à son assistante, à sa droite.

“Nous devons maintenant parler des sujets du prochain numéro !” s’écria Jane. “Vanessa ?”

Vanessa sursauta, étonnée qu’elle soit aussi vite interpellée.

“Oui ?” lança-t-elle avec attente.
“J’ai eu un appel fort intéressant ce matin : Thomas Johnson souhaite être interviewé par vous !”
“Comment ?”

Vanessa la regarda d’un air effaré.

“Oui, j’ai été moi-même surprise de la demande. Thomas Johnson n’a jamais accepté de se faire interviewer par un seul journal ! Et ce matin, son secrétaire personnel nous a appelé pour demander si nous étions intéressé pour écrire un article sur lui ! Nous avons bien sûr accepté mais il avait une seule condition : que vous soyez celle qui le questionnera !”

Tous les journalistes, dont Howard, avaient les yeux rivés sur Vanessa. Ils se demandaient tous comment l’apprentie-journaliste avait réussi un tel tour de force. Elle rougit subitement.

“Euh… je suis très étonnée…” dit-elle d’une voix peu assurée. “Quand aura lieu l’interview ?”
“Cet après-midi ?”
“Comment ? Mais je n’ai… pas beaucoup de temps pour me préparer !” s’écria-t-elle, blanchissant à vue d’oeil.
“Posez-lui les questions que toutes ces dames se posent, c’est-à-dire : les raisons de son célibat malgré son âge avancé, son introduction tardive dans la noblesse britannique, sa vie mystérieuse, son choix de fiancée… bref tout ces trucs que les femmes adorent savoir !”

Vanessa resta interdite pendant quelques instants.

“De toute façon, vous n’avez pas le choix !” lui assena Jane d’une voix ferme. “Il vous a expressément demandé. Donc, vous ferez le nécessaire pour que cette interview se passe bien et vous nous écrirez un article digne de Fashion Love ! Vous devrez vous rendre dans le manoir des Johnson à 14h, soyez-y à l’heure !”

Vanessa avait la mine défaite, elle avait à peine quelques heures pour préparer son interview. De plus, elle appréhendait de le voir à nouveau. Comment cela allait-il se passer ? Elle était encore chamboulée de sa rencontre avec Annabelle et de ses menaces. Elle resta silencieuse pendant toute la réunion, n’écoutant plus Jane et les interventions de ses collègues. A ses côtés, Howard lui jetait des regards en coin. Quelque chose n’allait pas chez Vanessa et il était temps qu’il tire cela au clair. Il allait devoir contacter sa soeur pour en savoir un peu plus.

oOoOo



Thomas attendait patiemment devant son bureau dans son manoir. Il était satisfait de lui. Son filleul lui avait appris des choses très intéressantes sur Vanessa Bale : la jeune femme avait 24 ans, elle avait étudié à Oxford avec James, avait des parents ouvriers mais il semblait qu’elle avait été une excellente élève pendant toute sa scolarité. Depuis trois ans, elle vivait à Londres et travaillait chez Fashion Love en tant qu’apprentie-journaliste. Elle était venue au bal pour pouvoir écrire un article à ce sujet dans son magazine.

Sur ce dernier point, il grimaça. Il détestait les magazines tels que Fashion Love qui ne parlaient que de futilités : comment tenir sa maison, comment faire un bon repas pour dix invités, comment séduire un homme… Et surtout, il publiait des ragots mensongers sur des célébrités. Alors pourquoi avait-il accepté de faire cette interview ?

Tout simplement parce que c’était la seule excuse qu’il avait trouvé pour pouvoir la revoir. Depuis qu’il l’avait rencontrée, il était obsédé par elle. Il voulait la revoir, absolument, pour confirmer sa première impression ou au contraire, pour l’anéantir à jamais. Il ne pourrait jamais passer à autre chose tant qu’il n’était pas allé jusqu’au bout de sa démarche.

Pour cet article qu’elle allait écrire, il lui ferait signer un contrat pour qu’elle ne divulgue aucune information compromettante à son encontre. Il avait refusé qu’un photographe du magazine accompagne la jeune femme parce qu’il était hors de question que quelqu’un puisse le prendre en photo. Il avait d’ailleurs interdit toutes photos pendant son bal. Aussi, il avait envie de la voir seul. Il demanderait également à relire l’article afin de vérifier ce qu’elle aurait écrit et puis, cela lui donnerait une autre occasion de la revoir s’il lui plaisait. Si ce n’était pas le cas, il pourrait toujours lui envoyer ses commentaires par mail.

Thomas s’enfonça dans son grand fauteuil et sourit. Il était satisfait de son plan. Maintenant, il ne manquait plus que la jeune femme.

oOoOo



Vanessa était bien plus stressée dans la voiture qui l’emmenait jusqu’au manoir des Johnson que le soir du bal. Elle avait préparé une liste de questions vite fait. Elle avait même demandé l’avis d'Emma en urgence qui l’avait aidé un peu. Elle n’était pas du tout habituée à ce genre d’exercice et elle aurait préféré être secondée par un autre journaliste mais cela aurait montré un signe de faiblesse auprès de sa rédactrice en chef.

Elle n’avait pourtant pas envie de rencontrer Thomas Johnson seule. Elle ne s’était pas bien comportée au bal en le fuyant comme elle l’avait fait et elle avait peur qu’il la questionne à ce sujet. Que lui dirait-elle ? Qu’elle était malade certainement. C’était peu plausible mais il ne fallait surtout pas que l’homme pense qu’elle avait été perturbée par l’attention qu’il lui avait portée. Il fallait qu’elle reste neutre et professionnelle. Elle ne pouvait se permettre aucun écart.

La voiture arriva enfin devant le grand portail noir en fer forgé. Le parc du manoir n’avait pas été impressionnant de nuit mais il faisait désormais plein jour et Vanessa découvrit enfin à quoi il ressemblait en réalité. Elle en eut le souffle coupé. Il semblait y avoir des hectares de forêt sous la neige. Au bout de cinq minutes, la forêt s’arrêta pour laisser place à une plaine enneigée qui entourait le manoir, non, le château des Johnson. La demeure était encore plus gigantesque de jour.

Le stress de Vanessa monta encore d’un cran. Ce n’était pas bon. Elle n’allait tout de même pas faire une attaque de panique alors qu’elle n’était même pas encore arrivée.

Quand la voiture s’arrêta enfin, elle sortit son miroir de poche de son sac et vérifia sa coiffure et son maquillage. Quand elle était venue dans les bureaux du magazine, elle s’était habillée comme tous les jours. Mais elle avait été forcée de changer de tenue. L’assistante de Jane avait sorti quelques vêtements de la collection personnelle de sa chef car il était hors de question qu’elle aille interviewer ce cher Thomas Johnson en jean et en pull. Vanessa avait choisi la tenue la plus sobre qu’elle avait trouvée, une veste et une jupe noire avec une chemise blanche. Elle avait l’impression d’aller à un enterrement mais il était hors de question de porter un des tailleurs colorés de sa rédactrice en chef.

Le sol était totalement dégagé de neige comme pour sa première visite. Elle marcha vers l’entrée du manoir et soudain, Vanessa fut surprise par quelque chose qu’elle n’avait pas remarqué la première fois qu’elle était venue. Elle ne vit aucune décoration de Noël à l’extérieur du château. D’ailleurs, elle n’avait vu aucun sapin à l’intérieur. Tout le monde fêtait Noël, c’était une fête très répandue. Pourquoi la demeure des Johnson avait-elle échappé à l’ambiance festive de toute la ville ? Elle chassa vite ces pensées lorsqu’un majordome habillé tout en noir la salua.

“Bonjour, je suis Vanessa Bale, de Fashion Love.” dit-elle à l’attention de l’homme.
“Bonjour, mademoiselle, monsieur Johnson vous attend dans son bureau. Suivez-moi.” répondit-il poliment.

Elle emboîta le pas du majordome qui monta les grands escaliers à la gauche du hall d’entrée. Quand il arriva au premier étage, il prit le premier couloir qui était à sa gauche et marcha pendant cinq minutes. Finalement, ils arrivèrent devant une porte. L’homme toqua sur la porte et l’ouvrit sans attendre de réponse.

“Monsieur, mademoiselle Bale est là !” dit-il.
“Faites la entrer !” répondit l’homme à la voix grave qu’elle reconnut comme étant celle de Thomas Johnson. Son coeur battit plus fort dans sa poitrine et elle voulut s’enfuir en courant mais quand le majordome ouvrit plus grand la porte pour la faire entrer, elle ne put plus reculer.

Elle fit quelques pas. Son hôte était assis devant son bureau et se leva dès qu’il la vit. Son visage s’était illuminé et il lui sourit. Il commença à avancer vers elle. Comme hypnotisée, elle avança également vers lui. Elle leva la main, ce dernier la prit et la baisa à nouveau ce qui la fit rougir.

“Bonjour, mademoiselle Bale !” s’exclama-t-il d’un air amical.
“Bonjour, monsieur Johnson” dit-elle d’une voix tremblante.
“Veuillez vous installer sur ce fauteuil en face de moi.”

Elle s’assit sur le beau fauteuil noir qu’il lui proposa et sortit son bloc-notes et sa plume. Thomas Johnson s’était installé en face d’elle. Il y eut un lourd silence, Vanessa ne sachant pas par quoi commencer. Finalement, il prit la parole.

“Comment avez-vous trouvé le bal ?” lui demanda-t-il.
“Oh… très divertissant.” répondit-elle.
“Je ne vous ai pas vu partir de la soirée. J’espère que vous ne vous sentiez pas mal ?”
“Non, ne vous inquiétez pas,” dit-elle en rougissant. “Je devais rentrer chez moi.”
“Dommage, j’aurais aimé passer un peu plus de temps avec vous.”

Vanessa se sentait de plus en plus mal à l’aise. Thomas Johnson la regardait intensément de ses yeux gris. Elle les évita car à chaque fois, son coeur palpitait plus fort dans sa poitrine quand ses yeux tombaient sur les siens.

“Vous avez demandé à être interviewé par Fashion Love,” se reprit-elle, changeant de sujet. Elle était une professionnelle, oui ou non ? “Vous faites un grand honneur à notre magazine, vous qui êtes si discret sur votre vie privée. Je vous en remercie infiniment !”
“Mais je vous en prie, c’était la moindre des choses !”
“Comment ça ?”
“Comme vous êtes partie un peu vite, vous n’aviez pas eu le temps de me poser toutes vos questions !” dit-il comme si c’était l’évidence même.

Vanessa resta coi. Elle faillit éclater de rire par l’absurdité de ce qu’il disait. Mais en réalité, elle était effectivement venue au bal pour écrire un article sur lui et la soirée. Cela n’était pas absurde.

“Oui, en effet ! Beaucoup de nos lectrices se posent des questions sur vous ! Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, s’il vous plaît ?”
“Avant toute chose, vous est-il possible de signer ce contrat, s’il vous plaît ?” lui demanda-t-il en avançant une feuille de papier qui était posée devant lui. “Je suis très discret sur ma vie privée et j’aimerais que cela reste ainsi. J’aimerais également avoir un droit de lecture sur votre article dès que vous l’aurez terminé !”
“Oh…”

Vanessa ne s’était pas attendue à cela. Elle prit le document dans ses mains et le lut attentivement.

“Je vois que je ne peux pas vous poser de questions sur votre vie sentimentale, pourtant, c’est ce que souhaitent connaître nos lectrices…”
“Non, je ne dirai rien sur ma vie amoureuse.”
“Et sur le choix de votre fiancée après le bal ?”
“Non plus !”
“Hum…”
“Je n’accepterai pas d’interview si vous ne signez pas ce papier.” dit-il d’une voix ferme.

Malheureusement, Vanessa n’avait pas le choix. Elle devait repartir avec des informations sur cet homme, peu importait si elles étaient croustillantes ou pas. Elle signa le document.

Thomas Johnson lui fit un grand sourire.

oOoOo



Thomas raconta sa vie à Vanessa, enfin ce qu’il avait envie de rendre publique. Il avait fait une partie de ses études à Oxford puis était parti aux Etats-Unis, à Harvard. Il avait ensuite fait le tour du monde pendant quelques années. Puis, il y avait eu la perte de ses parents deux ans auparavant qui l’avait ramené vers la réalité de son statut. Il avait dû rentrer pour travailler dans l’empire des Johnson. Son oncle avait enfin organisé ce bal pour qu’il trouve une femme. Il parla de son entreprise et de ce qu’il comptait faire dans les cinq prochaines années. De sa vie privée, il ne dit rien puisque Vanessa ne lui posa aucune question y faisant référence, étant liée par le contrat. Elle fut intéressée par ses futurs projets comme la construction d’un complexe hospitalier dans l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville.

“Mais comment des personnes qui n’ont pas les moyens pourront se faire soigner dans votre hôpital ?” lui demanda-t-elle tout en prenant des notes dans son carnet.
“Nous avons étudié quel était le prix maximum que pouvait payer la population locale et nous pratiquerons des prix raisonnables.” répondit-il.
“Mais ne pensez-vous pas qu’à force, la qualité des soins s’en trouve affectée, à force de tirer les prix ?”
“Nous ne ferons pas de compromis sur la qualité. Bien sûr, c’est un hôpital où nous ne ferons pas, voire très peu de bénéfice, ce n’est pas notre objectif et nous appellerons aussi à la générosité de nos concitoyens.”

Vanessa le regarda avec un air dubitatif.

“Monsieur Johnson, vous êtes vous déjà promenés dans le quartier dans lequel vous comptez construire le complexe hospitalier ?” demanda-t-elle.
“Hum… je n’y suis jamais allé personnellement si c’est cela que vous me demandez.”
“Pensez-vous que créer un gigantesque hôpital est la réponse pour aider ces gens ?”
“Nous avons bien étudié cet investissement et mes conseillers et moi-même sommes persuadés que c’est ce dont ce quartier a besoin ! J’ai appris que les petits hôpitaux étaient surchargés et qu’ils n’avaient plus les moyens de s’occuper de tous les patients ! Ce nouvel hôpital les soutiendra, de plus, cela permettra à des personnes en situation précaire d’accéder à des soins qu’ils n’ont normalement pas accès !”

Vanessa ne dit plus rien. Cet homme était très sûr de son projet et ne semblait pas vouloir le remettre en question. Pourtant, elle avait plutôt l’impression que la construction de cet hôpital n’était qu’un coup marketing pour le groupe Johnson et certainement un moyen de faire baisser drastiquement ses impôts. En somme, l’entreprise Johnson profitait largement de cet investissement. Ce n’était pas juste un geste de pure générosité.

Ils parlèrent ensuite des autres projets immobiliers que l’entreprise comptait lancer dans les prochaines années. Au bout d’une heure et demie d’interview, elle n’avait plus de questions à lui poser. Elle voulut terminer l’entretien mais Thomas l’arrêta.

“Souhaitez-vous prendre le thé avec moi, mademoiselle ?” demanda-t-il d’une voix qui se voulait charmante.

Vanessa hésita, elle n’avait pas envie de s’attarder avec lui. Surtout qu’elle sentait qu’il voulait lui poser quelques questions à son tour.

“Je dois retourner travailler. J’ai un article à écrire, comme vous le voyez !” fit-elle en montrant son carnet et en le rangeant dans son sac.
“Ne dites pas ça ! Vous avez bien un peu de temps à m’accorder ! Et si vous avez le moindre souci, je contacterai personnellement votre magazine !”
“Euh, non, ne faites pas ça !” dit-elle précipitamment.
“Alors, un thé ?”

L’homme n’avait pas l’habitude se voir refuser quoi que ce soit. Vanessa accepta avec réticence. Thomas lui sourit et appela son majordome pour qu’il prépare le salon d’hiver. Il se leva et enjoignit Vanessa de le suivre. Elle se sentait embarrassée mais ne put qu’acquiescer.

Ils marchèrent pendant une dizaine de minutes, traversant le grand couloir, prenant un escalier différent de celui qu’elle avait pris à l’aller. Puis, ils arrivèrent enfin dans un petit salon doté d'une grande verrière donnant sur le grand parc du domaine des Johnson. La neige était tombée toute la nuit dernière et avait laissé sur la nature environnante un manteau blanc parfaitement immaculé.

Thomas lui proposa de s’asseoir sur un grand fauteuil et il s’assit face à elle. Le majordome apporta le service à thé et les servit. Quand il partit, l’héritier des Johnson prit la parole. Il n’avait pas arrêté de dévorer des yeux Vanessa et cette dernière se sentait de plus en plus mal à l’aise. Elle n’avait sûrement pas autant rougi de toute sa vie.

“Alors, maintenant que vous m’avez posé toutes ces questions, parlez-moi un peu de vous !” lui demanda-t-il.
“Euh… que voulez-vous savoir ? Il n’y a pas grand-chose à dire…” répondit-elle.
“Pourquoi avez-vous choisi de devenir journaliste, par exemple ?”
“J’ai toujours aimé écrire.” dit-elle. “Et pendant mes études à Oxford, je tenais le journal de l’université. Au début, je n’écrivais que des articles, mais les deux dernières années, j’en suis devenue la rédactrice en chef et je me suis rendue compte que j’aimais vraiment ça ! Ecrire pour informer les gens, c’est très intéressant.”
“Pourtant, vous êtes dans un magazine et non dans un quotidien comme The Guardian. Pourquoi Fashion Love ?”
“Car on peut penser ce que l’on veut de ce magazine, il reste atypique. The Guardian reste très conventionnel alors que Fashion Love est totalement libre d'éditer ce qu’il veut. De plus, il n’a pas peur de dire les choses, il n’est pas politiquement correct, et parle aux femmes d’aujourd’hui. Sa ligne éditoriale a totalement changé depuis que Jane Matthews, la rédactrice en chef, est arrivée il y a dix ans !”
“Pour être honnête, je n’aime pas trop cette femme ! Je l’ai rencontré une ou deux fois, il y a très longtemps. Je n’ai jamais aimé son côté tête de fouine !”
“Oui, elle est assez tenace comme personne ! Mais elle est douée dans son domaine !”
“Et quelle est votre ambition ? Prendre la place de Jane Matthews et devenir rédactrice en chef vous-même ?”
“Oh non, en tout cas, si c’était le cas, pas avant bien longtemps ! J’ai encore beaucoup de choses à apprendre ! Mais oui, j’aimerais bien un jour tenir mon propre journal.”

Vanessa fit une pause avant de lui poser à son tour une question qui la turlupinait depuis qu’elle était arrivée.

“Monsieur Johnson, j’ai été assez étonnée de ne voir aucune décoration de Noël dans votre manoir. Est-ce parce que vous comptez les mettre plus tard ?” demanda-t-elle comme s’il était naturel de décorer sa maison pour les fêtes de fin d’année.

Le visage de Thomas s’assombrit.

“Je déteste cette période de l’année !” dit-il d’un air froid.
“Mais comment est-ce possible ? Je veux dire, on parle de la fête de Noël !” insista-t-elle, étonnée par sa réponse.
“Tout le monde n’est pas un adorateur de cette fête, comme vous, mademoiselle Bale !”

Sa réponse cinglante fit taire Vanessa. Elle sentit que le sujet était sensible et n’approfondit pas plus. Un silence gênant s’installa entre les deux personnes. Néanmoins, Thomas le rompit brusquement en posant également une question qu’il avait envie de poser depuis le début de leur entretien.

“Et vous avez un petit ami ?” lui demanda-t-il comme si de rien n’était.

Vanessa faillit s’étrangler avec son thé.

“Et pourquoi donc je répondrai à une question aussi indiscrète ?” répliqua-t-elle d’un air outré. “Vous n’avez pas voulu parler de votre vie privée, je ne vois pas pourquoi je vous parlerai de la mienne !”

Thomas sourit. Elle avait marqué un point.

“Alors, accepteriez-vous de dîner avec moi prochainement ?” l’interrogea-t-il, en ne perdant pas une seconde.
“Comment ? Euh… non… enfin, je veux dire… je ne suis pas sûre que ce soit raisonnable.”
“Comment ça ?”
“Nos relations doivent rester professionnelles !”
“Mais ce sera un dîner professionnel ! Vous pourrez, par exemple, me soumettre votre article ?”

Vanessa inspira profondément. Elle n’avait certainement pas envie de revoir cet homme. Certes, elle le trouvait charmant mais il était aussi nonchalant et prétentieux. De plus, elle n’aimait pas l’air qu’il prenait quand il lui posait des questions, comme si tout lui était dû.

“Je vous recontacterai quand je l’aurai terminé, dans quelques jours ! Mais je ne vous garantis pas un dîner ! Je suis très occupée !” dit-elle d’une voix ferme. “Je dois maintenant vous laisser !”

Elle se leva pour prendre congé. Thomas ne put rien faire pour la retenir et la laissa donc lui dire au revoir.

“A bientôt, monsieur Johnson ! Je vous informerai de l’avancée de l’article. Si j’ai d’autres questions, pourrais-je vous appeler ?”
“Oui, bien sûr, mademoiselle Bale ! A bientôt !”

Il se leva également et l’accompagna jusqu’à la sortie.

“Je vais vous raccompagner jusqu’à votre bureau !” dit-il.
“Non, ce n’est pas nécessaire. Appelez-moi juste une voiture !”
“Mais j’insiste !”
“J’imagine que vous devez être occupé, monsieur Johnson, et je ne vous voudrais abuser de votre précieux temps !”

Thomas éclata de rire. Vanessa rougit car elle le trouva encore plus beau quand il riait sincèrement.

“Etes-vous en train de me faire la leçon, mademoiselle Bale !”
“Euh non…” rougit-elle. “Je suis désolée mais honnêtement, je peux rentrer seule !”
“Alors, soit, juste une voiture !”

Vanessa quitta enfin le manoir des Johnson.

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