Viviane Torset s’était placée assez près pour entendre les policiers. Mais malheureusement ils se contentèrent de généralités avant d’emmener le corps d’Eva. Apparemment ils étaient légèrement dépassés par la situation car ils ne lui avaient pas posé de question comme elle l’avait pourtant toujours lu dans ses policiers. Comment voulaient-ils pouvoir trouver le coupable de cette manière ?
Elle, elle s’y prendrait complètement différemment. En fait, elle allait s’y prendre différemment.
Elle allait commencer par rassembler des témoignages sur les faits. Rester factuel, voilà la seule chose qui pouvait l'aider à résoudre cette affaire. Qu'elle puisse faire preuve de prétention en supposant pouvoir attraper un meurtrier ne lui passa pas par l'esprit.
Les faits donc. Eva était morte. Elle avait mangé un chocolat offert par Jeanne. La boîte de chocolat venait de Chez Nihil - le seul qui avait ce logo de chenille. Que savait-elle de plus ? Pas beaucoup.
Viviane décida de chercher tout d'abord Jeanne Mallory pour lui poser quelques questions qu'elle trouverait en chemin. C'était la seule piste qu'elle tenait.
– Jeanne ? aborda-t-elle sa camarade de classe qui semblait apprécier son rôle de victime principale. Est-ce que je peux te demander quelque chose ?
La jeune fille la regarda un court instant mais acquiesça.
– Évidemment que je peux te partager ma sagesse resplendissante.
Viviane ne leva pas les yeux au ciel mais préféra se concentrer sur ses interrogations.
– Qui est-ce qui t'a tiré au Père Noël surprise ?
C'était de la vraie surprise qui se lut dans les yeux verts de Jeanne. Puis elle éclata de rire.
– Et moi qui croyais que tu allais t'intéresser à la tragédie qui a failli m'arriver ! Mais j'aurais dû m'en douter. Non, je ne sais toujours pas son nom. Le garçon qui est toujours assis au fond et qui rougit quand les profs l'interrogent.
Elle fit un geste dévalorisant de la main. Viviane réfléchit un instant. Ça devait être Jonathan que décrivait son vis-à-vis. La réalité étant qu'il était très timide et complètement amoureux de Jeanne. Il avait dû mourir cent morts de devoir lui offrir quelque chose. Choisir des chocolats n’aurait donc rien d'improbable pour lui. Ça pouvait être vrai.
– Pourquoi tu as donné un chocolat à Eva alors qu'elle n'en voulait pas ?
Jeanne la fixait avec un dédain mal dissimulé.
– Je ne l'ai pas forcée à en prendre un. Elle aurait tout à fait pu refuser. Mais si je lui en ai proposé, c'était pour la remercier pour notre dernier travail d'équipe.
En gros, elle s'était sentie obligée parce qu'elle avait recopié tous les devoirs maison d'Eva. Ça, ça ne sentait pas très crédible pour Viviane. Depuis quand Jeanne Mallory avait-elle une conscience ?
– Pourquoi tu crois que c'est toi qui étais visée ?
Bon, d'accord, ce n'était pas une question très utile, mais Viviane se souvenait que Jeanne avait désigné exactement le praliné que devait prendre Eva et cela ne plaidait pas en sa faveur. D'ailleurs elle la fixait d'un regard choqué.
– Évidemment que c'était moi qui étais visée ! s’exclama Jeanne. Comment voudrais-tu que Jonathan sache que j'offrirai mes pralinés ?! Je suis la fille de l’homme le plus riche de la ville !
– Si c’était pour l’argent, il aurait mieux fallu te prendre en otage, remarqua Viviane. En tout cas merci.
Elle laissa derrière elle une Jeanne dans tous ses états. Elle n’avait vraiment plus envie de lui parler. Il lui fallait des faits. Et les réponses qu’elle venait d’obtenir était tout sauf factuel.
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Notes d'auteur :
Nous voilà donc dans la partie enquête avec le thème "factuel".
Bonne lecture !
Merci la Beigie.
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