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Noelyse et Maïwenn décidèrent de se diriger vers la grange que Pierre pointait du doigt avant de se rendre compte que le chemin pour y accéder était complètement boueux. Quelques glissades plus tard, elles étaient près de la grange et allaient y pénétrer quand des rires provenant de l'arrière du bâtiment résonnèrent. Mathias apparut alors le sourire aux lèvres.
À ses côtés, se tenait une jeune femme d'une beauté surréaliste : très grande et aux mensurations parfaites, elle avait attaché ses longs cheveux blonds platine en queue-de-cheval. Son visage était d'une pâleur et d'une perfection rare qui mettaient en valeur la rougeur naturelle de ses lèvres et le vert de ses yeux. Maïwenn en resta sans voix. Elle jeta un œil à Noelyse qui fit la moue, puis la beauté s'avança vers elles et prit la devineresse dans ses bras.

— Maïwenn, je te présente Emelyne qui est instructrice auprès des apprentis Varlarc'h, indiqua Noelyse.
— Ah, je vois...Celle qui n’est pas Guide, rétorqua la beauté avec dédain, sans même poser les yeux sur Maïwenn.

Cette dernière était mortifiée. Non seulement, elle n'avait jamais vu de femme aussi belle, mais en plus de cela, elle savait se battre comme personne. Mathias n'avait d'ailleurs d'yeux que pour elle et les salua à peine. À vrai dire, elle ne pouvait pas lui en vouloir, car même la tenue de sport couverte de boue qu'elle portait ne l'enlaidissait pas une seconde. Malgré tout, elle ressentait une pointe de déception. Jamais elle n'aurait imaginé Mathias hypnotisé ainsi par une femme.

— Vous vous connaissez depuis longtemps ? se risqua-t-elle de demander.
Mathias sembla très embarrassé par sa question et c'est Emelyne qui prit la parole :

— Depuis plus longtemps que toi en tout cas, dit-elle en s'accrochant au bras du jeune homme.

Noelyse la fusilla alors du regard.

— Enfin, je veux dire que nous avons été fiancés pendant plusieurs années, se reprit Emelyne avant d'embrasser tendrement le jeune homme sur la joue.
— Euh... Oui... C'est compliqué, balbutia-t-il.

Maïwenn eut du mal à dissimuler sa surprise et lui, ne savait plus où se mettre.
Satisfaite de son effet, Emelyne prit congé d'eux pour rejoindre un autre instructeur auprès des apprentis. Son territoire était marqué.
Maïwenn la regarda s'éloigner à travers le terrain boueux. C'est alors qu'elle fut frappée par la violence des combats : trois jeunes apprentis se battaient contre un seul. Chacun leur tour, ils le chargeaient et le frappaient sans retenir leur force. N'arrivant pas à prendre le dessus, ils se jetèrent tous trois sur lui et lui assénèrent de multiples coups au visage et à l'abdomen. Il réussit à en assommer un, mais les deux autres eurent raison de lui et, même allongé à terre, ils ne cessèrent pas de le frapper. Une fois sûr qu'il ne pourrait plus riposter, ils s'éloignèrent comme si de rien n'était et reprirent leur entraînement dans l'indifférence générale. Cette scène choqua profondément Maïwenn, ce qu'Emelyne remarqua, même à l'autre bout du champ. Pourtant, elle ne vint pas au secours de l'apprenti, toujours à terre. Au contraire, elle semblait apprécier la dureté des combats. De son côté, Mathias ne réagissait pas non plus. Il avait regardé la scène sans sourciller. Maïwenn comprit alors que ce genre d'attaque devait faire partie de leur formation et qu'il l'avait probablement lui-même vécut.

— Regardez, il a besoin de soins ! ne put-elle s’empêcher de crier en direction des instructeurs.

Ces derniers lui jetèrent un regard froid et s'approchèrent du blessé pour le sommer de se relever.

— Bâillonnez la et qu'elle se mêle de ce qui la regarde ! lança l'instructeur sous les rires d'Emelyne.
— Il a un problème le molosse ? lui rétorqua Maïwenn d’un air moqueur.
— Ca se pourrait bien, continua l’homme, se rapprochant d’elle.
— Calmez-vous ! intervint Mathias tout en faisant signe de ne pas avancer plus.

Soudain, une troisième personne entra dans le champ d’entraînement et rejoint Emelyne. Maïwenn le reconnue aussitôt, c’était l’un des hommes qui l’avaient enlevé. Pétrifiée, elle se laissa conduire par Noelyse hors du terrain. Se faisant, elle se retourna vers Mathias et vit Emelyne le rejoindre. Il la serra alors contre lui et ils rejoignirent les deux instructeurs.

— L'homme de tout à l'heure est l'un de mes ravisseurs, avoua Maïwenn à la devineresse.
— Comment ? Ce n'est pas possible, il s'agit de Charles. Il vient souvent ici superviser les entraînements.
— Crois-moi. Je ne suis pas prête d'oublier cette nuit-là. J'en suis certaine.
— Dans ce cas, nous devons absolument en faire part à ma mère, conclue Noelyse.

La maison était vide lorsqu'elles rentrèrent. Vidée de toute énergie, Maïwenn décida de regagner sa chambre pour se reposer. À bout de forces, elle s'assoupit et ne reprit conscience qu'en début d'après-midi. Elle prit une douche pour se réveiller et descendit à la cuisine où une femme était aux fourneaux. Celle-ci lui proposa un petit encas. À peine eut-elle mis les pieds sous la table que Noelyse et Christina, se joignirent à elle. Cette dernière était particulièrement intéressée par les révélations sur Charles et souhaitait en savoir plus. La jeune femme lui fit alors le détail de son agression et c’est très contrarié que mère et fille quittèrent la pièce. Maïwenn, quant à elle, se rendit dans la bibliothèque que Clerks ne quittait plus. Cet endroit était pour lui une véritable mine d'or qu'il comptait bien exploiter tant que possible. Il était déjà au courant des incidents survenus le matin même, car ils avaient alimenté les discutions du déjeuner et bien qu'il soit sur un petit nuage grâce à toutes ses découvertes, la perspective que Maïwenn ait reconnu l'un de ses agresseurs dans la propriété, le rendait nerveux et peu bavard. Se sentant de trop, elle sortit de la pièce pour entrer dans le salon et admirer le jardin par l'une des grandes fenêtres, désœuvrée. Tout à coup, son regard fut attiré par un mouvement derrière un arbre. Très vite, elle distingua le visage de Mathias, se cachant comme un enfant. Quelques secondes plus tard, apparaissait Emelyne semblant le chercher avant que celui-ci ne sorte de sa cachette pour la saisir par la taille et l'embrasser.

— Mathias et Emelyne se sont connus très jeune. Ils sont restés cinq ans ensemble avant qu'elle ne veuille plus de lui, intervint Pierre.

Il était entré dans la pièce sans un bruit et observait lui aussi le nouveau couple par l'une des fenêtres. Il continua sa phrase tout en scrutant Mathias, inquiet :

— Elle l'a quitté le jour où il a refusé de devenir Varlarc'h. Tout le monde les voyait mariés, mais s'il n'était pas Varlarc'h, il n'était plus intéressant. Je ne vois pas ce rapprochement d'un très bon œil. Je compte sur lui pour réaliser très vite qu'il y a beaucoup mieux ailleurs.

L'homme sourit tout en regardant Maïwenn puis s'assit près de la cheminée et l'invita à le rejoindre.

— Ce que tu as révélé à Noelyse au sujet de Charles est grave et mérite toute notre attention, reprit-il, c'est pour cela que tu vas rencontrer un homme qui va nous aider à mettre les choses au clair. Il est quelque peu impressionnant au premier abord, mais tu ne dois pas avoir peur. Je voulais juste te prévenir.
— Merci... Je m'en souviendrai.
— Ta spontanéité me rappelle ta grand-mère dans son jeune âge.
— Nous devrions parler de cela, non ? Du fait que vous êtes mon grand-père, je veux dire.
— J’aimerais mais pour le moment il y a plus urgent, jugea-t-il en quittant la pièce comme pour fuir.

Maïwenn ne resta pas seule longtemps puisque Mathias entra précipitamment dans la pièce, en compagnie d'Emelyne. Le jeune homme la regarda à peine et se dirigea vers la cuisine, laissant les deux femmes face à face.

— Tu n'aurais pas dû intervenir ce matin, lui dit Emelyne avec mépris.
— Quand je vois quelqu'un de blessé, je n'y peux rien, ça me choque et je réagis, rétorqua Maïwenn.
— Les gens comme toi sont si faibles.

Clerks entra soudain dans la pièce, coupant court à l’échange et en voyant Emelyne, il resta figé. Mathias réapparut alors dans le salon et entraîna sa conquête à l'étage, sans prêter attention à la bouche bée de l'historien.

— C'est bon John, vous pouvez fermer la bouche maintenant, lança Maïwenn, agacée.
— C'est... C'est...
— Oui, la plus belle femme que vous ayez vue, c'est ça ?
— Non... Enfin oui... Mais ce n'est pas ça.

L'homme reprit doucement ses esprits et s'assit près d'elle.

— Maïwenn, c’est elle que j'ai vue dans mon rêve !
— Vous plaisantez ? La femme qui vous a poussé à m'étrangler ? pourquoi serait-elle là, elle sait très bien que vous pouvez la reconnaître et comment connaît-elle même votre existence ?
— Je vous assure que je ne me trompe pas. Peut-être pense-t-elle que personne ne me croira.
— Nous devons prévenir Mathias, renchérit la jeune femme.
— Ils sont dans sa chambre, je crains qu'en ce moment, il ne vous écoute guère, répondit Clerks.

Après quelques minutes pourtant, une porte à l'étage claqua violemment. Maïwenn et Clerks entendirent alors quelqu’un descendre les escaliers en trombe puis ils virent Mathias passer devant eux en direction de la cuisine. Une seconde personne, plus calme, descendit également et sortit de la maison sans se faire voir. Maïwenn prit alors son courage à deux mains et rejoignit Mathias qui était en train de vider entièrement une bouteille d’eau minérale, adossé à la porte de la cuisine. Entendant du bruit, il se retourna, vit la jeune femme, mais refusa de lui faire face.

— Putain, pas toi. Ce n'est pas le moment, dit-il en restant de dos.
— Sympa. Tu m'en veux pour ce matin, c'est ça ? demanda-t-elle.
— Tout ne tourne pas autour de toi Maïwenn, répondit-il sur un ton agressif.
— D'accord, je te laisse.

Il avait réussi à la vexer, mais le jeune homme ne lui laissa pas le temps de sortir.

— Bordel ! Tu sais qui est cette fille, Maïwenn ?
— Clerks me l’a dit, mais je ne pensais pas qu'elle te l'avouerait.
— De quoi tu parles ? Qu'est-ce que Clerks vient faire là-dedans ?
— Et toi, de quoi tu parles ? demanda-t-elle, craignant qu'ils ne parlent pas de la même chose.
— Cette fille, je devais l'épouser. Elle m'a brisé en deux, tu comprends ? J'ai mis des années à l'oublier.
— Visiblement, tu n’as pas réussi, ironisa-t-elle.

Le visage du jeune homme lui fit comprendre que sa touche d’humour était mal venue.

— J'ai longtemps rêvé de ce moment où elle me reprendrait. Même quand je couchais avec d'autres, c'est à elle que je pensais.

Charmant... Et classe, pensa Maïwenn en se gardant bien de le dire à voix haute.

— Alors qu'elle t'a jeté comme un chien. Je ne comprends pas, avoua-t-elle.
— C'est peut-être pour ça justement, j'en sais rien. Tu vois là, alors qu'on était dans mon lit...

Je crois que finalement je le préférais quand il ne disait rien. Épargne-moi les détails par pitié, se dit son interlocutrice en fermant les yeux.

— La panne. J'ai rien pu faire et le pire, c'est que je sais pourquoi. Putain ! Ça me gave.

Maïwenn resta muette, très mal à l'aise par ses confidences.

— Tu ne peux pas comprendre, ajouta-t-il.
— Oui je vois, encore un truc de Guide.
— Non, un truc de mec.

Un long silence pesant s'ensuivit.

— Clerks pense qu'Emelyne est la fille qui l'a obligé à m'agresser, lança Maïwenn pour briser la gêne, ce qu’elle regretta immédiatement.

Mathias la dévisagea de haut en bas et reposa violemment la bouteille qu'il avait gardée en main.

— C'est tout ce que tu as trouvé ? C'est un traître elle aussi, c’est ça ? Tu me déçois. Que tu ne l'aimes pas d'accord, mais que tu l'accuses, c'est lamentable ! répondit-il avec mépris.

Puis, il laissa la jeune femme au milieu de la pièce.
Quelques secondes passèrent avant qu’elle ne reprenne ses esprits et ne ressorte de la cuisine plus remontée que jamais, bien décidée à ne pas laisser leur conversation se finir sur cette réplique assassine. Dans le salon, Clerks était en pleine discussion avec Christina et Noelyse qui s'interrompirent en voyant la jeune femme traverser la pièce telle une furie.

Elle monta les marches de l'escalier quatre à quatre et martela à la porte de Mathias jusqu'à ce qu'il lui ouvre.
Elle le poussa alors violemment et entra dans sa chambre sans lui laisser le choix. Le jeune homme était trop stupéfait pour s’y opposer de toute façon.

— Écoute-moi bien attentivement. Je n'y peux rien si ton grand amour est une garce. Clerks l'a reconnu et je doute qu'il se trompe.
— Ah oui, mais comment...
— Ne m'interromps pas, merci. Et je n'y peux rien non plus si tu n'as pas pu la baiser.

Mathias écarquilla les yeux, peu habitué à ce vocabulaire venant d’elle. Il se tut et croisa les bras en arborant un rictus presque admiratif.

— Tu es la plus arrogante et détestable des personnes que je connaisse mais je n’ai pas d’autre choix que de te supporter. À partir de maintenant, tu n'as plus intérêt à me parler sur ce ton car j'ai autant d'importance que toi, tu m'entends ?

Le silence reprit sa place.

— Quelque chose à répondre ? insista-t-elle.
— Non madame, rien, dit-il amusé.
— Petit con, lâcha-t-elle en sortant.

En bas des escaliers, elle était attendue par Clerks, Christina et Noelyse, dont les visages ne laissaient paraître rien de bon.
Note de fin de chapitre:
Je me demande si cette histoire vous plait toujours? Je continue à poster, mais peut être en vain en fait?
J'espère que non et qu'il y a au moins une personne qui passe un bon moment en lisant cette histoire! :-p
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