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« John, John, écoute-moi. »
Clerks était couché depuis une heure lorsqu’il ouvrit les yeux dans le noir absolu. Une épaisse fumée fit alors son apparition.
« John, regarde-moi. »
Il se retourna et vit derrière lui une magnifique jeune femme blonde, vêtue d'une robe de soirée rouge pailletée au décolleté provoquant. Il eut un mouvement de recul.
— Que voulez-vous ? demanda-t-il, subjugué par cette superbe créature trop belle et trop jeune pour lui.
Elle posa ses mains sur les joues, déjà bien marquées par le temps, de l'historien. La nymphe approcha ensuite sa bouche, outrageusement peinte en rouge, de l'oreille de Clerks et lui murmura quelque chose. La seconde qui suivit, John était debout au milieu de la chambre.
Un bruit réveilla Maïwenn. Elle alluma la lumière et saisit son portable pour voir l'heure. Quatre heures du matin. Elle tendit l'oreille, à l'affût du moindre bruit quand on frappa lourdement à sa porte. Elle sortit alors de son lit et prit le temps d'enfiler son jean avant de s'approcher de la porte.
— Qui est-ce ? murmura-t-elle.
— John.
Intriguée par sa voix sans intonation, Maïwenn hésita un instant, mais décida tout de même de lui ouvrir. L'homme entra dans la pièce sans un mot. Le regard perdu, il ne répondit pas quand la jeune femme lui demanda la raison de sa présence à une heure si tardive. Le comportement de l'historien lui paraissait suspect, c’est pourquoi elle poussa la porte sans la verrouiller. Elle s'approcha ensuite de lui et posa sa main sur son épaule. Clerks se jeta alors sur elle comme un animal. Il la projeta sur le lit et la chevaucha pour l'empêcher de bouger. Avec une force presque surhumaine, il serra son cou. Très vite, l'air vint à manquer à la jeune femme. Une toux mécanique lui envahit la gorge et simultanément, elle ressentit des picotements d'engourdissement dans ses extrémités, lui retirant toute force pour se débattre.
Les questions se bousculaient dans sa tête : pourquoi faisait-il tout cela ? Avait-il joué double jeu depuis le début ? Puis son cerveau, de moins en moins irrigué, la fit divaguer, jusqu’à ne plus avoir de pensée cohérente. En sombrant, elle eut une dernière image de Mathias.
Où es-tu ?
Brusquement, son agresseur lâcha prise et l'air put de nouveau entrer dans ses poumons. Elle se sentait extrêmement fatiguée, mais vit tout de même Mathias frapper lourdement Clerks et se précipiter ensuite à son chevet.
Plusieurs coups retentirent au mur. Les voisins n'avaient pas apprécié le bruit, mais ne s'étaient pas inquiété de ce qui avait pu le provoquer.
— Pourquoi a-t-il fait cela ? demanda-t-elle sans aucune émotion dans la voix.
— Je n'en sais rien. Lorsque je l'ai frappé, j'ai eu l'impression de le réveiller. Je vais le ramener dans notre chambre et le ligoter.
— Le ligoter ? Avec quoi ?
— Tu serais étonnée de savoir tout ce qu'on peut te fournir dans un hôtel.
— Toi par contre tu m'as l'air bien au courant.
Mathias ne répondit que par un sourire forcé.
— Ca va aller, je peux te laisser seule ? s’inquiéta-t-il.
— Oui. Tu ne peux pas être toujours là de toute façon.
Mathias acquiesça et sortit de la pièce après une vingtaine de minutes en tenant Clerks à bout de bras.
Maïwenn referma sa porte à clé et se rendit dans la salle de bains pour se passer un peu d'eau sur le visage. Devant le miroir, elle observa les marques laissées par Clerks puis elle s'assit sur le rebord de la baignoire et resta les yeux dans le vide un bon moment avant de retourner dormir.

Les premiers rayons du jour traversant la fenêtre sortirent la jeune femme du sommeil. Elle prit une longue douche chaude et s'habilla ensuite calmement, comme si une force invisible l'empêchait d'aller plus vite. Une fois prête, elle descendit à la réception et commanda un petit-déjeuner copieux. Pas du tout d'humeur à parler à qui que ce soit après la nuit qu'elle venait de passer, elle fut pourtant rejointe par Mathias qui s’assit en face d’elle sans un mot. Il tenta bien de s'inquiéter de son état, mais il n’eut qu’un haussement d'épaule comme réponse.
Allait-elle seulement pouvoir regarder Clerks à nouveau dans les yeux, se demanda-t-elle en regagnant sa chambre pour boucler ses bagages.
Maïwenn rangea ses affaires de manière extrêmement méticuleuse. C'était une manière de perdre du temps pour ne pas affronter son agresseur, qui se trouvait à quelques mètres d'elle. Bien qu'elle essayait de ne pas y penser, des flash-back de la veille la hantaient et une colère noire s'empara d'elle : il fallait qu'elle sache pourquoi il avait fait cela. Sur un coup de tête, elle se précipita vers la chambre des deux hommes et entra sans frapper. Elle vit alors Mathias à quatre pattes, en train de nourrir Clerks, allongé à terre et attaché aux pieds de son lit par des menottes en moumoute rose. Les deux hommes restèrent statiques. Puis, Mathias lâcha la tartine qu'il tenait dans la bouche de Clerks et se releva d’un bond.
— Ne pose aucune question là-dessus, lança Mathias essayant de paraître décontracté.
— Je n'en avais pas l'intention, répondit Maïwenn.
— Je suis confus, je ne sais comment me faire pardonner de ce que j'ai fait. Je ne comprends pas ce qui m'est arrivé, balbutia Clerks après avoir éjecté sa tartine sur le sol.
Son ton était suppliant, mais aussi sincère, ce qui décontenança la jeune femme.
— Que s'est-il passé alors ? demanda-t-elle à l'historien.
— Peut-être pourriez-vous me détacher d'abord. Cette position est très humiliante.
— Parlez d'abord, nous verrons ensuite, rétorqua-t-elle.
La voyant résolu, Clerks fini par parler :
— Une blonde m'est apparue en rêve. Elle m'a hypnotisé, je ne vois que cela. Pour la suite, c'est le trou noir, je ne me souviens que de Mathias me frappant au visage.
Maïwenn n'y avait pas porté attention jusque-là, mais son visage était tuméfié près de l'œil droit.
— Je pense que c'est Julie qui l'a influencé pendant son sommeil, intervint Mathias. Je ne veux pas excuser son geste, mais je pense qu'il n'était pas lui-même cette nuit.
— Parce qu'elle pratique l'hypnose aussi ? l'interrogea Maïwenn.
— À vrai dire je ne le savais pas mais c'est possible. J'ai connu une personne capable de le faire, alors pourquoi pas Julie, elle est blonde en plus.
— Comment pouvons-nous lui faire confiance maintenant ? Tu peux me le dire ?
— Attendez, vous n'allez tout de même pas m'abandonner ici ? cria Clerks tout en se tortillant pour essayer de se dégager.
— Arrêtez de bouger, vous allez vous faire encore plus mal. Écoute Maïwenn, après cet échec, je ne pense pas que Julie tentera encore de s'emparer de lui. Elle n'aime pas perdre et en plus, cela demande beaucoup d'énergie et de concentration, elle doit être exténuée.
Maïwenn hésita encore quelques minutes avant d'admettre que Mathias avait raison et libéra elle-même le prisonnier à l'aide des clés que lui remit Mathias.
— Pas de questions j'ai dit, ajouta le jeune homme lorsque Maïwenn lui rendit les menottes.

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