John avait une documentation dense entassée négligemment dans des cartons, ce qui rendait la lecture peu agréable. Maïwenn et Mathias jetèrent vite l'éponge devant cet amoncellement d'informations à trier et se concentrèrent sur le moyen de transport pour se rendre sur l'Île de Till.
L'île se situait entre l'Irlande et la Grande-Bretagne et pour s'y rendre, ils devaient prendre un ferry dont le port d’attache était à environ quatre heures de là, puis faire une traversée de trois heures. Ils trouvèrent finalement un petit hôtel pour le lendemain qui se situait au centre bourg d'un des trois villages de l'île : Brador, un ancien village de pêcheurs. Cette préoccupation en moins, ils avaient enfin un temps de repos.
Maïwenn décida d’aller prendre l’air dans le jardin en friche puis d’emprunter la route et d’y faire quelques pas pour vraiment se dégourdir les jambes. Ce n’est qu’au bout de trente minutes qu’elle fit demi-tour pour rentrer. En chemin, une voiture venant dans sa direction s’arrêta à son niveau. Il s’agissait d’un couple de retraités français qui venaient de se perdre. Elle ne put les renseigner et tenta d’écourter au maximum la conversation car s’ils avaient lu le journal ils risquaient de la reconnaître. Vingt minutes plus tard, elle était de retour chez Clerks où elle trouva Mathias les yeux rivés sur internet.
— Ayant parcouru divers sites d’infos, j’ai le regret de t’annoncer que ta photo est partout. Regarde, dit-il en lançant la vidéo d’un site d’informations :
— On nous apprend un nouveau rebondissement dans l’affaire Godest.
— Oui Julien, dans la famille Godest, je demande l’enfant caché de Pierre Godest et maintenant, la fille de ce dernier qui serait recherché pour interrogatoire mais semble introuvable. Un avis de recherche est en passe d’être diffusé.
— Cette disparation parait étrange, non ? De là à penser que cette dernière est impliqué dans l’affaire, il n’y a qu’un petit pas.
— Pour l’heure, nous ne pouvons rien affirmer… »
Prise de panique, Maïwenn referma précipitamment l’ordinateur.
— C’est plutôt inhabituel que ça aille aussi vite, non ? demanda alors la jeune femme.
— Pas si ton histoire passionne les foules. En plus, ils te décrivent comme fragile psychologiquement et potentiellement dangereuse, du pain bénit à ragot. À partir de maintenant, tu ne dois parler à personne.
— Je crois que j’ai fait une grosse bêtise dans ce cas, déplora Maïwenn.
Clerks apparut alors dans le salon, complètement affolé :
— Nous devons partir, nous ne sommes plus en sécurité ici. Je suis branché sur la fréquence de la police et apparemment des gens ont vu Maïwenn et les ont appelés. Ils risquent de fouiller le quartier.
Ils rassemblèrent leurs affaires rapidement et prirent la route avant que la police ne quadrille les alentours. Clerks n'était pas homme à faire des imprudences au volant, bien au contraire, mais sous les demandes incessantes de ses passagers à quitter au plus vite la région, il dut se résoudre à adopter une conduite plus sportive.
Sur l’autoroute, ils purent relâcher leur attention mais Mathias restait silencieux. Il en voulait à Maïwenn d’avoir été si imprudente et se demandait s’ils allaient vraiment pouvoir sauver Pierre.
Cela faisait plus de deux heures qu'ils roulaient lorsqu’ils jugèrent opportun de trouver un endroit pour la nuit. Clerks tourna donc sur une aire d'autoroute composée d'un hôtel et d'un petit centre commercial. John et Mathias pénétrèrent en premier pour prendre une chambre et Maïwenn les rejoint ensuite afin d’être vue le moins possible. Les hommes allaient partager la même chambre pour limiter les frais même si cela ne leur plaisait pas du tout. Une fois installé, Mathias s’allongea sur le sol pour faire ses exercices alors que Clerks étalait sur son lit l’ensemble des informations dont il disposait.
Pendant ce temps, Maïwenn entrait dans sa salle de bain pour y poser ses affaires et remarqua la baignoire. Après toutes ces péripéties, elle pouvait bien s'accorder un moment de détente. Sur le rebord de celle-ci étaient posés quelques échantillons.
"Un signe. J'ai le devoir de me détendre."
Elle fit alors couler l'eau chaude mélangée à du bain moussant puis se glissa dans la baignoire remplie d'une mousse délicate. Elle posa son lecteur MP3 sur ses oreilles et laissa son esprit divaguer au gré de la musique qui défilait dans ses écouteurs. Rien ni personne n'aurait pu la sortir de ses rêveries. Pourtant, après quinze minutes passées ainsi, elle fronça les sourcils. Le regard glaçant de Kenneth venait de lui revenir en mémoire. La jeune fille rouvrit les yeux pour le chasser de ses pensées et s'assurer que personne ne l'observait. Réflexe étrange, car elle avait verrouillé la porte à double tour. Une angoisse grandissait en elle à mesure que les images de ce qu'elle avait vécu lui revenaient. Même ses chansons préférées n’arrivaient pas à la rassurer au point qu'elle décida de mettre un terme à sa séance de détente.
Un effet de l’arrêt des médicaments, se dit-elle.
Maïwenn rejoignit donc ses compagnons au restaurant de l’hôtel en rasant les murs. Elle était morte de faim, mais rien ne lui faisait envie, il fallait juste qu'elle calme son estomac. Cela faisait plusieurs mois que rien ne la stimulait. Dans un premier temps, elle avait attribué cela à son travail qui ne correspondait pas à ses attentes, mais même en l'ayant quitté, cet état perdurait. En avalant les frites dans son assiette, elle repensa à tout ce qui venait de lui arriver et elle fut pris par une vague de tristesse et de fatigue. Elle décida alors de remonter dans sa chambre. Cette attitude préoccupa Mathias qui se demandait de plus en plus si la jeune femme tiendrait le coup. Peut-être avait-il sous-estimé son état psychologique.
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Notes d'auteur :
Pfff Je n'ai pas posté depuis trèèssss longtemps. C'est bizarre mais plus je postais, plus ça me rapprochait de la fin!! Et pourtant, il faut bien une fin à tout. Alors c'est reparti pour les aventures de Maïwenn!
Note de fin de chapitre:
Y a t-il toujours des gens qui suivent cette histoire?
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