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Toujours au chevet de Kenneth, les deux sœurs attendaient le retour des gardes.
Julie était inhabituellement silencieuse et tout en passant un linge humide sur le front de son nouveau mentor, elle fixait Agathe d'un air suspicieux.

Cette dernière était la plus âgée de la fratrie et c'était aussi elle qui ressemblait le plus à leur mère. Elle avait quitté le cocon familial très tôt et était maintenant en passe d'épouser un Guide espagnol avec qui elle vivait à Barcelone. Lorsque sa famille lui avait demandé de venir passer l'été en Bretagne, elle était loin de se douter de ce qu'ils allaient lui demander de faire. Pourtant, elle les connaissait, elle aurait dû savoir que « Vouloir profiter d'elle avant son mariage » n'était pas juste une façon de parler. Hanter des rêves l'avait amusée, son côté peste probablement, mais elle ne voulait pas aller plus loin. Par contre Lukian, le petit dernier, faisait tout son possible pour répondre aux attentes de leur famille sans jamais y parvenir. Il tentait de le cacher, mais elle savait qu’il avait aussi bon fond. Julie par contre, avait toujours eu des tendances sadiques.

Dans ces conditions, impossible de savoir ce qu'elle pourrait lui faire si elle apprenait son rôle dans l'évasion de la prisonnière.
— Comment a-t-elle fait pour s'échapper ? Où étais-tu pendant ce temps ? Vous l’avez aidée, je ne vois que cela comme explication, lança Julie, devenue inquisitrice.
— Je te jure que non. Ils étaient deux et ils nous sont tombés dessus par surprise, n'est-ce pas Lukian ?
Le jeune homme, assis à la table du salon, acquiesça de la tête sans un mot. Il semblait pensif même lorsqu'Agathe s'approcha de lui.
— À quoi penses-tu ? lui demanda-t-elle.
Il tourna la tête vers la fenêtre d'un air grave, mais aussi blasé.
— Je vais continuer seul la recherche de Pierre.
Julie s'approcha à son tour.
— Tu ne peux pas faire ça. Tu n'as pas le droit de nous laisser. Il faut qu'on sauve Kenneth. Lui saura quoi faire, s'emporta-t-elle.
Son petit frère se leva alors brusquement pour s'approcher de Kenneth.
— Tu me fatigues avec lui. Après tout ce qu'il a fait, tu le défends ? Nous avons des règles à respecter !
— Les règles sont faites pour être contournées. Nous n'obtiendrions rien sinon.
— Il a torturé deux personnes ce soir et tu trouves qu'il a obtenu ce qu'il voulait ? C'est un légume maintenant.
— Je t'interdis de dire cela ! Il va se réveiller, rétorqua Julie.
— Je me demande quand même ce qu'il se passe dans sa tête en ce moment, dit Agathe tout en s'accroupissant près de lui.

Kenneth et Noelyse se faisaient face. Sans aucune raison apparente, le sol se désagrégea ne leur laissant qu'un pic de roche pour leurs pieds. En dessous d'eux, le néant. Puis, ce fut au tour des murs de vaciller et de se démanteler peu à peu jusqu’à devenir une substance visqueuse attirée dans le vide.
— C'est tout ce que tu peux faire ? Je m'attendais à plus impressionnant, devineresse.
— Je ne cherche pas à t'impressionner Kenneth.
— Que veux-tu alors ? Pourquoi protèges-tu cette fille ? N'es-tu pas censée rester neutre ?
— Je la protège parce qu'il doit en être ainsi, tu l'apprendras à tes dépens.
— Sache qu'il faudra bien plus qu'un de tes tours de passe-passe pour m'arrêter.
— Donne-moi ta main que je te montre ton avenir.
L'homme, méfiant mais curieux, lui tendit la main. Noelyse marcha alors sans difficulté dans le vide pour le rejoindre et la lui prit.

Les rivaux se retrouvèrent alors dans un couloir d'hôpital dont le personnel passait devant eux sans même les voir.
Elle le mena jusqu'à la porte d'une chambre et lui fit signe de l'ouvrir. Allongé dans un lit, raccordé à toutes sortes d'appareils, se trouvait un homme dont le visage tourné vers la fenêtre n'était pas visible. Kenneth regarda Noelyse avec un rictus aux lèvres laissant transparaître une certaine appréhension.
— D'accord devineresse, je suppose que c'est moi dans ce lit ?
Elle ne répondit pas. Kenneth s'approcha doucement et aperçut son double, les yeux grands ouverts, mais vidés de toute expression.
— Qu'est-ce qui me prouve que ce n'est pas une illusion ?
— Je n'en ai pas besoin. Le futur parle de lui-même si tu continues dans cette voie. Suis-moi.
Noelyse s'avança jusqu'au mur en face d’eux, jeta un regard à Kenneth et le traversa. Ce dernier lui emboîta le pas sans hésitation. De l'autre côté, caché derrière un immense arbre, Kenneth se vit au cœur d'une forêt luxuriante. Son double avait ses mains sur les tempes d’un homme, à genoux en face de lui. Cette vision du futur ravit Kenneth, mais bientôt une femme brune, qu'ils ne virent que de dos, surgit par-derrière et asséna au double un coup violent à l’aide d’un bout de bois. Celui-ci s'écroula presque instantanément.

Tout à coup, les oiseaux au-dessus d'eux se figèrent en plein vol. Ils étaient les seuls à pouvoir bouger librement.
— Voilà comment tu finiras dans le coma à l'hôpital. En as-tu suffisamment vu ? lui demanda Noelyse.
— Oui. Si tout ceci est vrai, grâce à toi je sais comment l'éviter à présent. Je dois maitriser cette Maïwenn avant qu'elle ne m'assomme. Merci beaucoup de ton aide. Ne fais pas cette tête ! Tu ne pensais tout de même pas que j'étais prisonnier de ton illusion ? s’amusa-t-il avant de disparaître dans un éclat de rire.
Noelyse impassible, disparut à son tour de la vision.

La première personne que vit Kenneth en revenant à lui fut Julie, soulagée de le voir reprendre connaissance.
— Que vous est-il arrivé ? Nous nous inquiétions tellement pour vous, lui dit la jeune fille.
L'homme se releva doucement, scrutant tout autour de lui.
— Où sont mes hommes ?
— Elle a réussi à s'échapper. Je les ai envoyés la rattraper, répondit Julie, paniquée à l'idée de le décevoir.
— Ce n'est pas grave nous serons amenés à nous revoir de toute façon, dit-il en époussetant sa chemise froissée.
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