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« Radio Rock, la seule radio qui passe du vrai, du bon rock est au regret de vous annoncer que les routes risquent d'être glissantes sur Londres aujourd’hui. Nous conseillons à nos auditeurs d'être prudents s’ils sont sur la route. Si vous êtes au chaud sous la couette, restez-y !

Si vous y êtes à deux, radio rock dit que c'est encore mieux ! Maintenant un peu, beaucoup de musique pour réchauffer tout le monde avec une chanson qui va vous donner envie de danser « All Day And All Of The Night » des Kinks... »

 

Jack et papa adorent cette chanson. Moi aussi d’ailleurs. Chez eux, ils nous arrivent encore de pousser les meubles pour danser dans le salon en inventant des pas qui font rire Eleanore.

Je souris en repensant à tous ces bons moments pendant que Alexander traverse prudemment Londres. La route est verglacée par endroits depuis que la neige tombe plus abondamment depuis plusieurs minutes. Les ambulances résonnent dans la ville. A croire que nous ne sommes jamais préparés pour les premières neiges.

En regardant par la fenêtre de la voiture, mon index gauche bat le rythme sur ma cuisse.

— Tu as l’air d’aimé cette chanson.

Je ne m’étais pas rendu compte que je chantonnais.

— J’ai énormément de bons souvenirs sur cette chanson, je réponds en me tournant vers lui.

Il sourit, et freine avec douceur lorsque la voiture devant nous pile pour éviter un piéton.

— Laisse-moi deviner…tu aimes danser sur cette chanson en inventant de drôles de pas.

J’écarquille les yeux. Son rire résonne dans l’habitacle lorsqu’il entend mon exclamation de surprise.

— Comment tu sais ça ?

Je rougis sans le quitter des yeux. Il pince les lèvres pour ne pas rire davantage.

Tom et moi faisions la même chose à une certaine époque.

J’éclate de rire. Rapidement, son rire se mélange au mien pendant qu’il continue tant bien que mal de rejoindre la maison.

Cela fait du bien de rire. Je ne sais pas si c’est le stress de la journée qui commence à redescendre ou, si c’est simplement – et même si, je préfère penser le contraire – que nous nous entendons bien.

Vous deviez être très drôles tous les deux !

J’ai tellement de facilité à imaginer Tom et lui faire les fous, que j’ai du mal à arrêter de rire.

— Je suis connu pour être drôle.

Alexander me fait un clin d’œil complice.

 

Bien vite, la musique se termine, et avec elle, notre conversation.

Le silence s’installe.

Alexander ouvre la bouche à plusieurs reprises avant de secouer la tête en soupirant. Je soupire à mon tour, et regarde à nouveau par la fenêtre. Les paysages se couvrent d’une belle et fine couche de neige. C’est magnifique !

— Demain, nous pourrions emmener Eleanore au parc, propose-t-il en se tournant vers moi pour me parler avant de regarder la route.

Comme une enfant, je tape dans mes mains. L’idée me plaît beaucoup et, je suis certaine que ce sera pareil pour Eleanore.

Je connais un parc assez calme où nous pourrons jouer au calme tous les trois.

Il semble être aussi impatient que moi. Je connais la plupart des parcs de Londres, je m’apprête à lui demander de quel parc il parle lorsque je remarque que son regard s’assombrit, sa mâchoire se crispe. Il serre le volant si fort que ses jointures blanchissent. Je sais où dérivent ses pensées.

Nous protégerons Eleanore.

J’attrape sa main que je serre dans la mienne pour le soutenir.

Ce n’est pas possible ! marmonne-t-il entre ses dents. Je vais demander à Eliott d’engager deux gardes du corps.

Je souffle. Je lâche sa main, le fusille du regard, prête à batailler. Il ne peut pas me forcer à me faire suivre toute la journée ! Eleanore ne pourra jamais s’épanouir dans un environnement serein, si elle est suivie toute la journée. Et surtout, c’est le meilleur moyen d’attirer l’attention sur nous, ce que je refuse de faire !

Hors de question !

Je croise les bras contre ma poitrine.

— Léa !

Il serre le volant plus fort.

— Je ne sais pas comment vont réagir quelques fans. Je dois vous protéger, continue-t-il.

— Nous n’avons pas besoin de ça.

Je le fusille du regard. J’ai quand même mon mot à dire sur la question !

— Attendons de voir avant de prendre des mesures aussi drastiques.

Lorsqu’il marmonne dans sa barbe, j’ajoute doucement :

— S’il te plaît Alexander.

Tête de mule !

Lorsqu’il recommence à sourire, je sais que je viens de remporter cette première bataille.

 

Devant la maison, il stoppe la voiture, se passe la main droite dans les cheveux, et tourne la tête vers moi en souriant. Son sourire me déstabilise souvent – trop souvent- comme maintenant où je ne sais pas pourquoi il me regarde comme ça.

Lorsque le silence commence à me mettre très mal à l’aise, je murmure en regardant le siège arrière rempli de caisses :

Tu veux qu’on sorte tes affaires maintenant ?

Alexander secoue la tête et sort de la voiture. Pendant que je me détache, il fait rapidement le tour pour m’ouvrir la portière. Je suis encore assise lorsqu’il me tend la main et m’entraîne à sa suite dans l’allée qui mène à chez moi – bon d’accord, je vais le dire – chez nous.

Nous progressons avec lenteur de peur de glisser. Je me tiens à la rampe des escaliers du perron pour ne pas tomber sur les fesses et me ridiculiser. J’ai surtout peur que cela devienne une habitude en sa présence.

 

Sur le perron, je sors les clés de la maison de ma pochette pendant que Alexander sautille sur place en se frottant les mains. Il fait vraiment froid !

J’ai à peine le temps de les sortir du sac, qu’il me les prend et ouvre la porte avant de se tourner en souriant. D’instinct, je me recule le plus possible de lui. Ce qui est, assez difficile avec la taille du perron. Je suis même prête à enjamber la balustrade s’il avance encore de deux pas. Pourquoi me regarde-t-il comme ça ? Qu’est-ce-qu’il me veut ?

Je n’ai pas le temps de lui poser la question, que je me retrouve dans ses bras.

— Qu’est-ce-que tu fais ? Je demande pendant qu’il me porte à l’intérieur et ferme la porte du pied.

— Je ne fais que suivre la tradition. Je porte ma femme pour passer le seuil de notre maison.

Ça lui semble logique. A moi, beaucoup moins !

— Ah !

Il continue d’avancer dans le hall d’entrée avec moi toujours dans ses bras. Il n’a aucune difficulté à me porter. Lorsqu’il s’est bien éloigné de la porte d’entrée, je commence à gesticuler.

— La porte d’entrée est là-bas, je dis en montrant du doigt le lieu d’où nous nous éloignons rapidement. Tu peux me poser maintenant.

Son rire résonne dans la maison silencieuse pendant qu’il s’avance vers les escaliers.

— Je ne fais que suivre la tradition, répondit-il en souriant.

Lorsqu’il tend le pied vers les premières marches, je bouge mes jambes pour descendre de ses bras. Il n’a quand même pas l’impression que je vais partager son lit !

« Comme si tu n’en avais pas envie ! », me nargue ma conscience.

Là n’est pas la question !

 

Soudain, il éclate de rire et se dirige vers le salon où il me dépose au sol. Alexander est hilare.

Face à lui, je croise les bras contre ma poitrine en le fixant méchamment. Il l’a fait exprès pour m’embêter.

— Tu sembles réellement déçue. Tu veux peut-être que je te porte jusque dans ta chambre ?

Déçue moi ? Je préfère ne plus jamais coucher avec un homme que de partager son lit !

— Merde Alexander !

Je sors du salon le plus dignement possible - sans me prendre les pieds dans le tapis – et me rends dans ma chambre.

Reviens Léa !

Je l’entends quitter le salon et me suivre. Je ne m’arrête pas jusqu’au moment où je ferme la porte de ma chambre à clé, et me laisse glisser le long de la porte. Je sors mon téléphone de ma pochette et téléphone à Jack pour voir si tout va bien.

Après mon coup de fil, je vais dans la salle de bain pour me changer. J’enlève ma robe blanche et la range avec soin dans le dressing. J’enfile un pantalon de yoga noir, mon t-shirt préféré des Stones et m’étends sur le lit pour ruminer à ma guise.

— C’est génial s’il commence à se moquer de moi comme ça, je marmonne en donnant un coup dans mon coussin.

 

Toc. Toc. Toc.

Je grogne, marmonne quelque chose d’inintelligible, et me tourne avant de me redresser d’un coup. Je tourne la tête à gauche, à droite pour identifier l’endroit où je me trouve avant de reconnaître ma chambre et sa décoration.

En expirant, je tombe en arrière et repousse mes cheveux en arrière. Il fait sombre, très sombre. D’une main, je tâtonne jusqu’à trouver la lampe de chevet que j’allume. Il est dix-sept heures. Je viens de dormir sept heures ! Je ne dors jamais autant, et surtout la journée.

Léa ? Tout va bien ?

L’inquiétude se lit dans sa voix.

— Oui, je réponds en sortant mes pieds du lit.

Je m’étire en baillant, très peu élégamment.

— Le repas est prêt.

Il s’éloigne. C’est gentil de sa part d’avoir préparé le repas. C’est ce que je pense avant de sentir une légère odeur de brûlé. Je déverrouille la porte, en priant les Dieux de la cuisine qu’il n’a pas mis le feu à cette pièce que j’adore.

Je descends les marches en quatrième vitesse, avant de ralentir en arrivant près de la cuisine. Je n’ai pas envie de lui donner l’impression que j’ai hâte de le rejoindre.

Je fronce le nez lorsqu’un mélange d’épices et de viande arrive jusqu’à moi. Je note une odeur omniprésente de viandes carbonisées.

 

Pourtant, la cuisine a l’air intact, à part l’odeur et la fumée. Dans l’évier, il y a les vestiges d’un repas qui n’a pas abouti. Les deux fenêtres de la pièce sont ouvertes sans doute pour évacuer la fumée.

Je fronce les sourcils lorsque je vois que la table est pourtant dressée pour deux. Il y a plusieurs plats qui me donnent envie de m’asseoir à table et de tout engloutir.

Alexander est appuyé contre le frigo, l’air gêné, il se passe la main dans les cheveux sans me quitter des yeux.

— Je n’arrive à faire que les œufs au plat...et encore, murmure-t-il.

Alors, comment a-t-il fait ? Les différents plats sur la table sentent très bon. Mon ventre grogne un peu.

— J’ai commandé chez le traiteur.

Oh !

— Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé pour que je m’en occupe ?

Alexander secoue la tête.

— Ce n’est pas ton rôle de cuisiner.

— Oui, mais se faire livrer tous les jours, n’est pas une bonne idée !

Nous nous sourions. Alexander porte toujours son smoking noir. Il est vraiment très beau habillé comme ça. Sa cravate pend de chaque côté de sa chemise blanche, cela lui donne un petit côté rebelle.

En le regardant – peut-être un peu de trop – je regrette de ne pas avoir choisi des vêtements plus adaptés que ceux que je porte. Mon pantalon de yoga a connu de meilleur jour. Mon t-shirt des Stones dévoile un peu trop mon ventre à mon goût. Je n’ai pas pensé me changer avant de sortir précipitamment de la chambre.

 

Alexander s’avance vers la table en souriant. Il recule la chaise où j’étais assise lorsque nous avons pris le petit déjeuner ensemble la dernière fois et m’invite d’un signe à le rejoindre.

— Merci !

Il fait le tour de la table pour rejoindre sa place.

Ma très chère épouse que puis-je vous servir à manger ?

Sa bonne humeur ne semble pas l’avoir quitté depuis ce matin. Comme les sept heures de sommeil m’ont fait un bien fou – suffisamment pour que je rentre dans son jeu - , je lui réponds en souriant :

— Monsieur mon mari tout ceci me semble très bon et je pense que je vais prendre un peu de tout.

Je regarde les plats avec envie. Mon ventre grogne d’impatience pendant qu’il me sert en souriant.

— Vous semblez avoir très faim mon amour, murmure-t-il en déposant l’assiette devant moi.

Mon ventre choisit ce moment-là pour grogner plus fort. Je rougis et souris timidement.

— Je meurs de faim, pas vous mon cher ?

Alexander qui hésite entre deux plats, lève la tête vers moi et m’observe si intensément que je rougis plus fort.

Un sourire en coin, il ne me quitte pas des yeux. Même si j’en ai envie, je ne tourne pas la tête, il est hors de question qu’il pense avoir réussi à me troubler.

— J’ai faim de beaucoup de choses ma chérie !

 

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