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Je suis réveillée depuis dix minutes, mais je refuse d’ouvrir les yeux. Je ne veux pas laisser s’échapper la dernière parcelle de ce rêve que j’ai fait. Je grogne de frustration car je n’y arrive pas, il s’évapore au fil des minutes. Eleanore y était, ainsi qu’un homme qui marchait à nos côtés sur une plage, mais son visage était flou, avec aucune possibilité de l’identifier. Je suis pourtant certaine de le connaître. Je soupire en ouvrant les yeux pour fixer le plafond de ma chambre.

Soudain, la réalité me revient avec force. C’est aujourd’hui que je deviens la femme la plus détestée de l’univers ! J’exagère à peine !

J’inspire et expire doucement pour essayer de calmer les battements rapides de mon cœur, je n’arrive pas à me calmer. Sentant pointer une crise de panique, je sors du lit et ouvre la fenêtre pour respirer l’air extérieur. Il fait très froid dehors. Il neigera bientôt, je le sens.

 

Après avoir repoussé le moment le plus longtemps possible, je me rends dans la salle de bain. J’espère que la douche va m’aider à me relaxer. J’inspire et expire à plusieurs reprises en me frottant les cheveux.

Lorsque je sors de la douche, j’enfile mon peignoir, me brosse les dents avec applications avant de me démêler les cheveux. Je branche le sèche-cheveux que je vais utiliser exceptionnellement aujourd’hui lorsque mon portable se met à sonner. Il est posé sur la tablette au bord de l’évier.

Mon estomac se serre lorsque je reconnais la photo de Jack. Pourquoi me téléphone-t-il à cinq heures du matin ?

— Jack ! Dis-moi qu’Eleanore va bien.

— Hello ma toute belle. Eleanore dort, répondit-il.

J’entends à sa voix qu’il est amusé par ma réaction de mère inquiète.

— Tu m’as fait peur !

Il rigole.

— Comment tu vas ?

— J’ai peur Jack, je murmure en me regardant dans le miroir.

Mes yeux sont écarquillés, mes joues sont rouges et ma poitrine se soulève rapidement sous mon peignoir.

— C’est normal d’avoir peur, mais tout va bien se passer, m’encourage-t-il. Alexander est quelqu’un d’adorable, et je suis certaine que malgré cette façade de faux mariage, il fera tout pour te rendre heureuse.

Me rendre heureuse ? J’en doute, et si nous ne sommes pas fait pour vivre sous le même toit ? Et si nous nous disputons tous les jours ? Et si ? Et si ?

— Ton père veut te parler. Je t’aime ma chérie. Je suis fier de toi.

Je suis soulagée que papa soit à côté de Jack, cela m’évitera de devoir répéter la même chose. Papa m’a confié hier qu’il était triste de ne pas pouvoir me conduire vers Alexander à l’église. Je comprends ce qu’il ressent, mais je ne veux pas d’église, pas de parents.

— Tu es une femme formidable qui arrive à gérer les situations de crises. Je suis certain que tout va bien se passer ma chérie.

Sa voix est étrange.

— Papa ça va ?

— Je suis juste ému. Ma petite fille se marie aujourd’hui.

Mon cœur se serre.

— Le jour où je me marierai par amour, tu seras à mes côtés pour partager ce moment avec moi. Mais là, ce n’est vraiment pas la peine de venir.

— Je sais mon ange, je sais. C’est bientôt l’heure, je vais te laisser te préparer. Alexander connaît beaucoup de monde pour réussir à faire ouvrir la mairie une heure plus tôt pour que vous soyez tranquilles.

— Je suppose, réponds-je en me tournant vers la fenêtre pour ne plus voir mon reflet. Je t’aime papa. Je vous aimes tous les trois.

— Nous t’aimons aussi.

Je dépose le téléphone à sa place en soupirant. Dans une autre vie, j’aurais sans doute été émue par mon mariage. Un vrai mariage d’amour et non un arrangement entre deux parents.

 

Une demi heure plus tard, Jane sonne à la porte. C’est elle qui me conduit à la mairie où Tom et Alexander nous attendent. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de parler avec Tom et sa cousine. Ils sont venus manger à la maison. Jane, qui a fait rapidement le lien entre Alexander et Eleanore à cause de nos réactions à tous les deux l’a mieux pris que Tom. Elle est d’ailleurs très heureuse puisque c’était son objectif de nous faire sortir ensemble Alexander et moi. Elle est persuadée que nous finirons par nous marier vraiment.

Avec Tom, c’est plus compliqué. Il a été surpris, vexé que je ne me sois pas directement confié à lui. Il est distant depuis. Cela me rend triste, mais je veux lui laisser le temps de digérer tout cela.

— Tu es vraiment très belle, souffle-t-elle en m’aidant à fermer ma robe.

J’ai un pincement au cœur en pensant à tout le travail qu’a fait Jack sur ma tenue. Elle est blanche, simple et discrète. Le tissu est fluide. Jack s’est juste autorisé une petite touche mariage avec le décolleté en dentelle. Elle est magnifique.

 

Dans la voiture, Jane fait joyeusement la conversation. J’ai trop peur de vomir si j’ouvre la bouche alors, je ne dis rien et regarde le paysage défiler devant mes yeux. De temps en temps, je réponds par des monosyllabes ou un hochement de tête, mais le cœur n’y est pas.

Bien trop vite à mon goût, nous arrivons à la mairie qui semble encore fermée. Elle n’ouvre que dans une heure à huit heures trente. Jane me dépose devant et va garer sa voiture sur le parking désert. Je l’attends sur les marches du bâtiment, je ne suis pas pressée d’entrer.

Mes cheveux volent autour de mon visage, je resserre ma veste blanche autour de mon cou en l’attendant. Lorsqu’elle arrive, elle m’attrape le bras et nous nous hâtons d’entrer pour nous mettre à l’abri du froid. Le bâtiment est à peine éclairé. Aucun employé n’est présent à cette heure-ci.

Pendant que Jane regarde avec attention le bâtiment, je me demande comment nous allons faire pour nous retrouver dans ce dédale de couloirs. En soupirant, elle se tourne vers la porte et s’écrie joyeusement : — c’est l’écriture d’Alex !

Elle me montre un mot accroché sur la porte d’entrée que nous ne pouvons pas rater.

“ Nous sommes au premier étage. Alex “

 

Je garde la feuille en main pendant que Jane m’entraîne avec enthousiasme dans les escaliers. En grimpant les marches derrière elle, je jette un dernier regard à la porte d’entrée de la mairie. Je dis mentalement adieu à ma vie d’avant. Léa Lewis sera dans quelques minutes temporairement morte pour faire place à Léa Lewis Wills. Jane marche rapidement, et moi, j’avance même si ma tête me crie de faire demi-tour, de m’enfuir d’ici en courant.

 

Nous nous stoppons devant la salle. La porte est ouverte ce qui nous permet de voir Alexander, Tom et le maire en pleine de discussion. Alexander regarde par la fenêtre. Tom et le maire sont au milieu de la salle.

— Donne-moi ton manteau.

Jane m’aide à l’enlever après avoir enlevé sa grosse veste rouge. Elle porte une longue robe jaune. Elle dépose nos vestes à l’entrée de la pièce.

Je la laisse entrer. J’ai besoin de cinq minutes, juste cinq minutes pour respirer calmement avant d’entrer. C’est un gros changement. Un très gros changement, et les questions continuent de se bousculer dans mon esprit.

De l’intérieur de la pièce, Jane se tourne vers moi et m’interroge du regard. Je lui souris et m’avance dans la pièce.

 

Directement, le maire s’avance vers nous deux, serre la main de Jane avant de venir vers moi en souriant.

— Alexander ! Vous m’aviez caché que votre fiancée est aussi belle.

Je rougis pendant que le maire me serre la main en me souriant. Lorsque le maire me lâche enfin pour se rendre à sa place d’officiant, Alexander s’approche de moi.

— Tu es magnifique ma chérie !

Il ne me quitte pas des yeux. Je n’arrive pas à traduire ce que j’y lis. De la fierté peut-être ?

Alexander se stoppe à quelques centimètres de moi. Je retiens mon souffle lorsqu’il me sourit et dépose ses mains sur mes joues gelées. Il s’approche encore un peu plus pour coller son corps contre le mien pendant que ses lèvres se posent sur les miennes.

 

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