Préjugé ! tu es le dernier rayon d'une vérité
qui va s'évanouissant dans la nuit des siècles ;
le temple est tombé et l'esprit de ses ruines
parle une langue oubliée.
Une génération dédaigneuse
poursuit en lui
(ne pouvant reconnaître les traits de son visage)
le grand aïeul de notre vérité contemporaine.*
Evguéni Baratynski
Si Richard et Arthur avaient su quel vilain tour leur jouerait l'hospitalier seigneur de Raufbourg, ils seraient passés aussi loin de son château que possible. Mais l'ermite qui, à coup sûr, avait tout su en avance, n'avait pas voulu les prévenir ; quant à eux, ils ne possédaient pas encore le don de clairvoyance.
Le château de Raufbourg, comme l'indiquait son nom, avait été bâti au temps du roi Alfred le Grand pour servir de protection contre les Vikings danois. Depuis, il avait été reconstruit à plusieurs reprises, et le propriétaire présent ne l'avait pas du tout reçu dans son état originel : à la place des fortifications en bois, un donjon en pierre à huit contreforts s'élevait fièrement, entouré par des murailles imprenables, tandis qu'un profond fossé de rempart et un pont-levis suspendu aux chaînes d'une épaisseur énorme représentaient un exemple de l'art fortificateur franco-normand. Cependant, le château avait gardé son nom, puisque son fondateur, un noble Anglo-Saxon nommé Rauf, était une figure légendaire dans ces lieux. D'après le traité de paix de 879, les terres de Rauf et son château devaient passer dans le domaine de la loi des Danois*, mais cela ne convenait pas du tout au tan récalcitrant. Il était né un sujet du roi d'Angleterre et il le voulait mourir. Non pas dans son lit comme une femme ou un moine, mais l'épée à la main comme il convenait à un guerrier. Ayant fortifié son bourg, Rauf avait commencé une guérilla impitoyable contre les Danois. Alfred ne l'avait pas soutenu, naturellement, attachant trop de prix à la trêve qu'il venait d'obtenir avec tant de peine, et les guerriers du konung danois avaient démoli le château rebelle. Quant à Rauf, selon la chronique du monastère, il avait péri à l'assaut, percé de flèches de toutes parts comme un coussin à épingles puisque même dix hommes n'avaient pas pu le vaincre à l'épée. Cependant, la rumeur populaire en décida autrement. Encore au temps de Guillaume le Bâtard les paysans du pays croyaient que l'intrépide Rauf se cachait quelque part dans les bois des alentours et qu'il apparaîtrait bientôt pour les mener au combat contre les envahisseurs dans les veines desquels coulait le sang normand, tant haï. Il n'était pas tout à fait clair comment il avait réussi à vivre près de deux cents ans ni ce qu'il avait fait pendant tout ce temps, - peut-être cueilli des champignons ? - mais les villageois romantiques ne s'en souciaient guère. Il leur plaisait d'imaginer leur héros comme un puissant sorcier, ce qui aurait sans doute déplu au dit héros qui s'était toujours considéré en tant que guerrier du Christ combattant contre les impies païens danois ! Tel est souvent le sort posthume des héros...
Sire Geoffrey de Camville, un homme d'une quarantaine d'années au visage allongé et au teint basané, accueillit les visiteurs chaleureusement. À première vue, il paraissait presque beau, mais bientôt on lui découvrait un trait insolite : ses yeux roulaient continuellement en mettant à nu le blanc de l'oeil sous la prunelle. Richard trouva le combattant énormément grossi, à quoi celui-ci répondit en riant qu'à côté d'un lévrier un mastiff paraissait gros, mais à la chasse on verrait qui abattrait mieux le loup.
- Je vois que tu n'as pas changé, vieille bourrique ! Toujours aussi rétif ! remarqua Richard avec un rire joyeux.
- On a bien vu qui de nous deux était une bourrique quand tu as refusé de devenir baron en épousant Mildred. Et moi, je suis peut-être rétif, mais je ne suis pas une bourrique, je suis un étalon ! riposta Geoffrey.
- Qui est Mildred ? demanda Arthur à voix basse.
- La fille naturelle de Robert Courteheuse, expliqua Richard. Bête à manger du foin !
Sire Geoffrey accueillit le jongleur avec peut-être plus de joie que son ancien camarade d'armes : ayant enterré sa femme morte de la fièvre puerpérale, il avait chassé tous les bouffons et tous les ménestrels, et lorsque sa douleur se fut calmée un peu, la saison des fêtes foraines était finie et il ne pouvait plus en engager d'autres, donc un hiver long et ennuyeux sans rires et sans chansons attendait les habitants de Raufbourg.
- Quand les routes sont enneigées et on ne peut plus se divertir même par une escarmouche avec un voisin, s'adressa-t-il à Hugh, il reste quatre distractions pour nous désennuyer : la musique, le vin, les échecs et le jeu de dés. Mais je perds d'habitude quand je joue aux dés, le jeu d'échecs me fatigue et trop de vin me rend violent. Il ne reste que la musique. Sors ton rebec, fiston, et si tu es vraiment aussi habile que tu le dis, tu passeras l'hiver ici !
- Avec votre permission, milord, je jouerai pour vous et pour vos nobles hôtes une chanson composée par l'illustre Guillaume, le duc d'Aquitaine et le roi des troubadours, salua le jouvenceau.
- Le roi des coureurs de jupons, tu veux dire, grommela Geoffrey. Eh bien, vas-y, nous t'écoutons.
Hugh toucha les cordes du rebec avec l'archet et chanta d'une voix haute et claire dans la langue d'oc* que toutes les personnes présentes comprenaient bien. La chanson était si belle, la plainte du rebec si déchirante et la voix jeune et sonore si poignante que vers la fin les auditeurs attendris se sentirent pleins de compassion pour le pauvre duc qui entreprend un pèlerinage plein de dangers pour expier ses péchés à cause desquels il avait été frappé d'un mal soudain et cruel.
Mon coeur est lourd, le chemin est long,
De mes péchés je me repens
Devant vous tous. Chancelant, pleurant,
Je me prosterne : Seigneur, pardon !
Ancien chevalier, las de lutter,
Je dépéris, courbé, penché
Sous le fardeau de mes péchés.
Où sont passés la volupté
Et de la gloire les vains appas ?
Je n' suis que cendre et que poussière,
Il ne me reste que la prière :
Seigneur, ne me rejetez pas !*
- Je me demande bien de quelle maladie souffre le roi des troubadours, peut-être du vilain mal* ? souffla Richard à l'oreille d'Arthur. Celui-ci regarda son ami avec reproche et même s'écarta un peu : la chanson l'avait touché jusqu'aux larmes.
Arthur ne comprenait pas trop ce qui le contrariait en Richard. Intelligent, brave, un excellent ami, qu'est qu'il lui manquait ? Un peu arrogant, soit, mais c'était un noble chevalier et pas un jeune page pour les courses qui attendait qu'on lui adressât la parole avant d'ouvrir la bouche. En plus, assez bien instruit pour un homme d'épée, avec un bon sens d'humour... Justement ! Le problème était bien là. Ce qui le gênait le plus en son ami, c'était son habitude de voir partout un côté drôle. Parfois il lui semblait que Dick était capable de rire même au sujet de l'Immaculée Conception.
Arthur ne dut pas réfléchir longtemps à ce sujet, car sire Geoffrey exprima à haute voix son admiration pour la chanson et récompensa le chanteur par un manteau chaud tout neuf avec une belle fibule en bronze. Hugh, radieux et plein de reconnaissance, lui baisa la main, et tout le monde comprit qu'il n'avait plus à craindre d'errer sans abri par les chemins enneigés. Sans aucun doute, il passerait l'hiver à Raufbourg et peut-être que le jongleur vagabond deviendrait ménestrel, avec un peu de chance, et prendrait une place stable parmi les domestiques du château...
La conversation de table présentait peu d'intérêt pour la description : les combattants ivres se donnaient des tapes dans le dos, racontaient avec un rire fou des épisodes de leur passé glorieux - qui étaient loin d'être drôles - et mentaient comme tous les témoins. En un mot, c'était un tableau ayant pour titre « Ainsi évoquent les combattants les vieilles batailles, les jours d'antan ». Arthur, à qui le vin capiteux était monté à la tête, s'assoupit, le nez dans une cuisse de veau déjà bien entamée. Les écuyers de sire Geoffrey ne furent pas étrangers à la gaieté universelle et une bagarre ivre couvait parmi eux. Quant à leurs frères mineurs, ils s'étaient déjà battus : Cabal avait coincé sous le banc le lévrier favori de sire Geoffrey et Sarrasin avait réussi à infliger une morsure très douloureuse à son voisin d'écurie, un étalon de Brabant moreau, deux fois plus grand que lui.
Soudain au milieu de cette idylle, comme un coup de tonnerre dans le ciel bleu, retentirent les paroles :
- Milord, je vous conjure au nom de notre Sainte Eglise de protéger les brebis du Christ d'une tentation démoniaque !
Richard n'aima pas du tout ce cri et cette voix. Le chevalier leva avec lenteur sa tête alourdie et ce qu'il vit lui plut encore moins. Au centre de l'immense salle de parade, pleine de chiens repus et de domestiques enivrés, se tenait un homme dont la physionomie était telle que les vaches à sa vue donneraient sûrement de la crème aigre au lieu de lait. Heureusement pour les pauvres bêtes, cet homme n'était ni fermier ni berger. Malheureusement pour les êtres humains, c'était le chapelain du pays.
Le saint père avait l'air héroïque : les cheveux en désordre, l'oeil droit poché, la joue gauche égratignée jusqu'au sang, de toute évidence par des ongles féminins. Il tenait par la main une fille très jeune, âgée de quinze ans, pas plus - potelée, à la peau blanche, aux cheveux roux et aux yeux verts. Effrayée, éplorée, et belle malgré tout. « Que diable ! Justement quand nous allions nous reposer... » pensa Richard avec mélancolie. Arthur leva la tête et regarda autour de lui avec la curiosité d'un homme ivre.
- Ah ! Qui est-ce ? demanda-t-il en indiquant le prêtre.
- Tais-toi ! ordonna Richard tout bas.
- C'est mon chapelain, malheureusement, répondit le seigneur du château tout aussi bas. Une créature de l'évêque.
Il était visible que les vapeurs de vin disparaissaient de sa tête ensemble avec la bonne humeur.
- Ecoutez-moi, milord, parla le prêtre. « Quelle vilaine voix ! Aura-t-il un rhume ? » pensa Richard. Aujourd'hui j'ai reçu la confession de l'un de vos écuyers. Lève-toi, jouvenceau ! Ou plutôt reste assis. (Celui à qui il s'adressait dormait le nez dans une saucière et n'était évidemment bon à rien.) Voici ce qu'il a avoué : « Moi, Raymond de Ledrède, gentilhomme, vassal et écuyer du noble baron de Camville, je témoigne qu'Angharad, la fille du palefrenier en chef du château de Raufbourg, à l'aide des charmes et de la sorcellerie guérit mon cheval qui boitait. En le faisant, elle invoqua les noms des démons Balder, Odin et Freya et de quelques autres dont je ne me rappelle plus les noms, n'ayant jamais entendu parler d'eux. Le cheval fut guéri, et je fus possédé d'une tentation charnelle, causée par les charmes impies de la criminelle Angharad. »
- Sang du Christ ! Que diras-tu, jeune fille ? demanda sombrement sire Geoffrey.
- Je dirai que c'est un vil mensonge, répondit Angharad avec fierté. Mensonge d'un bout à l'autre. Jamais je n'ai appelé les démons, et quant au maître Raymond, au lieu de le séduire, il faudrait plutôt lui jeter un charme pour le repousser. Au saint père aussi, d'ailleurs !
- Comment oses-tu, créature ?! le chapelain administra à la jeune fille une gifle assourdissante. Celle-ci eut de la peine à garder l'équilibre mais s'ingénia à lui cracher en pleine figure.
- Il est bien dommage que ma salive ne soit pas venimeuse ! s'écria-t-elle en le faisant.
Le chapelain hurla :
- Milord ! Cette putain nie tout, mais j'ai une preuve irréfutable. Voilà ! Avec un air triomphant, il sortit des plis de sa soutane un objet, et tout le monde vit une statuette de bronze qui représentait une femme svelte assise de côté sur un cheval non sellé.
- Ce n'est pas un démon, dom* Thomas, remarqua Geoffrey paisiblement. Même moi, je la connais : c'est Epona, appelée également Rhiannon, la Déesse des Chevaux celtique.
- Aucune différence ! Epona, Dana, Arianrhod, elles sont toutes une engeance de Satan !
À force d'indignation et de méchanceté, le chapelain oublia le respect qu'il devait à son seigneur. Mal lui en prit : Geoffrey se dressa de toute sa grande taille et l'espace d'un moment son visage refléta quelque chose du jeune et audacieux chevalier qui jadis avait combattu aux côtés de Richard sous les murs d'Antioche.
- Arrêtez, prononça-t-il froidement et impérieusement. Dom Thomas, vous vous oubliez. Vous n'auriez pas dû faire irruption chez moi sans être invité au moment où je festoie avec mes amis. Vous n'auriez pas dû battre cette jeune fille. Vous n'auriez pas dû crier. En tout cas, après le coucher du soleil on ne juge et ne condamne personne. Allez-vous-en, dom Thomas. Quant à l'accusée, mes guerriers l'accompagneront en prison et la garderont là jusqu'au matin. Jack, Matthieu ! Il frappa dans ses mains avec autorité, et deux soldats emmenèrent Angharad qui sanglotait. Le prêtre partit, visiblement furieux, et un silence lourd régna après son départ.
- Tout le monde dehors ! tonna sire Geoffrey et, lorsque la salle fut vide, se tourna vers Richard, l'air maussade :
- Demain j'ordonnerai l'ordalie. C'est tout ce que je puis pour elle. Ne me regarde pas comme ça ! Moi non plus, je n'aime pas l'odeur de la chair brûlée, mais ce bâtard me dénoncerait à l'évêque et je perdrais mon manoir. L'évêque le convoite depuis longtemps, et il est peu probable que le roi intercède en ma faveur : comme toi, j'ai servi son frère rebelle !
- Qui ne le méritait pas, conclut sombrement Richard. Une belle fille. Est-ce que tu ne la plains pas ?
- C'est moi que je plains, Dickon. Moi-même, répondit Geoffrey d'une voix triste et tout à fait sobre. Te rappelles-tu comment j'étais quand j'avais seulement un cheval et une épée ? Gai, léger, téméraire... Et maintenant ? Je ferai fouetter Raymond, sans faute. Mais cela ne sauvera pas la fille. En plus, elle est lettrée, pour son malheur. Ah, quelle infortune ! Eh bien, allons nous coucher...
Une petite mais confortable pièce à l'étage le plus haut du donjon qui servait de chambre à coucher aux hôtes d'honneur embaumait comme une meule de foin fraîchement fauché : les domestiques avaient amplement recouvert le plancher d'herbes odoriférantes. Le clair de lune y pénétrait par la grille de la lucarne en animant d'une manière fantasque les dessins des tapisseries. Voici un chevalier qui plie le genou devant une dame qui lui remet le heaume. Voici une somptueuse cavalcade qui revient d'une chasse bien réussie... À force de regarder les tapisseries, Arthur perdit le fil du temps. Il n'avait pas du tout sommeil. Quant à Richard, il dormait depuis longtemps, enveloppé entièrement dans une couverture : la vie de chercheur d'aventures l'avait accoutumé à se passer de nourriture et de sommeil pendant de longues périodes de temps, mais rien ne pouvait l'empêcher de jouir de ces biens lorsqu'ils étaient disponibles en abondance. Arthur comprenait qu'il fallait se coucher et oublier cette Angharad rousse pour qui il ne pouvait rien, en tout cas. Qu'est-ce qui l'attendait demain ?
L'ordalie est une épreuve pour quelqu'un accusé de sorcellerie ou d'un autre crime, le Seigneur devant montrer si l'accusation est vraie ou fausse. Le roi des Francs Charlemagne lui-même confirma en 809 dans le capitulaire d'Aix que les résultats de ces épreuves étaient une raison légitime pour l'acquittement ou l'exécution de celui qui les a subies. En quoi consistent-elles ? On ordonne de marcher pieds nus sur neuf socs de charrue chauffés au rouge, puis on met l'accusé en prison et trois jours plus tard on revient voir les brûlures. Ou bien on lie l'accusé et on le jette dans la rivière : un innocent coulera à pic, mais l'eau ne recevra pas un coupable, il ballottera à la surface comme un flotteur. Il y a encore l'épreuve de l'eau bouillante : on fait bouillir de l'eau dans un chaudron et on y jette un anneau - prends-le ! Après on panse la main et trois jours plus tard on retire le pansement pour prononcer le verdict. L'épreuve du pain consacré qui consiste à jurer que tu es innocent du crime qu'on t'impute et tout de suite manger une hostie sans eau avait été considérée simple jusqu'au jour où l'earl Godwin, le père du futur roi Harold, s'étrangla avec un morceau de pain à un festin chez Édouard le Confesseur, se révélant ainsi coupable du meurtre du frère du roi. Mais le plus terrible, c'est l'épreuve du fer : le prêtre chauffe à blanc sur les charbons une barre de fer, l'ayant préalablement aspergée d'eau bénite, il fait communier l'accusé aux Saints Mystères et lui met la barre dans la main en chantant l'hymne des trois enfants dans la fournaise ardente. L'accusé fait dix pas, c'est plus qu'il ne faut pour que le fer incandescent lui brûle la main jusqu'à l'os. Et ensuite, comme d'habitude, le pansement, la prison, le verdict...
Arthur tressaillit en imaginant la tendre et jeune peau éclater sous l'effet de la chaleur et la paume rose de la jeune fille devenir toute entière une horrible plaie noire et pourpre, d'où s'écoulent le pus et le sang. Quelle que soit l'issue de cette affaire, jamais elle ne se rétablira. Jamais elle ne mangera à sa faim : une manchote est une mauvaise travailleuse, et personne ne nourrira une infirme gratuitement. Personne ne l'épousera : un défaut corporel est censé porter malheur. Elle n'aurait plus qu'à devenir mendiante. Arthur imagina la fière Angharad en haillons demandant l'aumône à la porte d'une église et grinça des dents. « Attendez donc un peu ! répétait-il comme une litanie, sans bien savoir à qui il voulait faire peur. Mais attendez donc un peu ! »
Lorsque le son du cor de la tour de garde annonça l'arrivée du nouveau jour, Arthur savait déjà ce qu'il allait faire. Il n'avait pas fermé l'oeil de toute la nuit, mais il se sentait reposé et dispos.
- Qu'est-ce que tu as en tête ? demanda Richard avec sévérité en voyant Arthur prendre et examiner minutieusement sa légère épée de fer.
- La jeune fille est innocente, nous le savons bien. La laisserons-nous mourir ? répondit le jouvenceau en levant la tête.
- Est-ce que cela vaut ta vie ? s'enquit le chevalier.
- Je crois que oui.
- C'est à toi de décider. Tu es déjà grand.
À l'écurie, Arthur étrilla soigneusement Rufus, le sella et lui donna à manger un morceau de pain copieusement saupoudré de sel. Richard, sans poser plus de questions, l'aida à boucler les courroies du heaume et le baudrier qui portait l'épée. Arthur vérifia si l'épée sortait aisément du fourreau, esquissa une plaisanterie sur son air redoutable, respira profondément, comme avant de faire un plongeon, et sortit dans la cour.
Les témoins à charge étaient déjà là : le chapelain et l'écuyer Raymond de Ledrède, un jouvenceau du même âge qu'Arthur, d'une beauté un peu mièvre de type méridional. La veille, Raymond avait trop bu et maintenant il avait la gueule de bois. Apparemment, le destin de la jeune fille qu'il avait accusée ne l'intéressait pas du tout. Sire Geoffrey était là également, ses yeux avaient roulé plus que de coutume et son visage long et hâlé était agité de tics nerveux. À quelque distance, Arthur fut surprit de voir le jongleur Hugh : il était debout, seul, en serrant le rebec contre sa poitrine. Le jouvenceau n'avait pas meilleure mine qu'au moment où Richard et lui l'avaient sauvé du brigand. À la vue de Richard et d'Arthur qui portait un gambeson et un heaume, il fut sur le point de les approcher et ses yeux turquoise étincelèrent d'un tel espoir que les jeunes gens se regardèrent, perplexes. Mais c'est alors qu'apparut Angharad, accompagnée d'un garde, et Hugh oublia tout et la dévora des yeux.
Potelée mais bien faite, aux cheveux duveteux roux dorés, la jeune fille ressemblait à un arbrisseau en parure d'automne. Une nuit passée dans le souterrain du château en compagnie des rats et des souris ne l'avait pas du tout domptée et n'avait en rien diminué son charme un peu sauvageon. En passant devant Raymond, elle lui décocha un tel regard qu'il recula, effrayé. Lord de Camville se leva de son fauteuil.
- Nous nous sommes rassemblés pour juger Angharad de Raufbourg, ci-présente, accusée de sorcellerie et de magie. Angharad, notre chapelain, dom Thomas, et l'écuyer Raymond t'accusent d'avoir renié le vrai Dieu, d'adorer des idoles païennes et de pratiquer la magie démoniaque. Est-ce ainsi ? se tourna-t-il vers le chapelain.
- Oui, milord, répondit celui-ci respectueusement. Raymond salua en silence, en évitant de regarder son seigneur dans les yeux.
- Est-ce ainsi, mon enfant ? demanda sire Geoffrey avec douceur en regardant la jeune fille.
- Non, milord ! Angharad leva la tête et des larmes brillèrent dans ses yeux verts. Je crois au Seigneur Jésus-Christ et à la Vierge Marie, je crois au Saint Sacrement, jamais je n'ai adoré les idoles ou appelé les démons ! Maître Raymond m'a demandé de guérir son cheval et je l'ai fait. Mon père s'y connaissait, et moi aussi. Le Seigneur veut-il qu'une créature innocente souffre ?
- Maître Raymond, qu'est-ce qui est arrivé à votre cheval ? La voix de Geoffrey de Camville était sèche et cassante. Le jeune homme baissa les yeux et répondit :
- Rien d'extraordinaire, milord. Une banale fourbure*. Le matin Intrépide avait trébuché en se faisant mal au pied, et le soir son pied était si enflé qu'il ne pouvait plus marcher dessus. Ma mère - elle est veuve comme vous le savez, et c'est elle qui gère le manoir jusqu'à ma majorité - serait fort attristée si elle devait m'acheter un nouveau cheval, alors j'ai pensé que peut-être Angharad pourrait le guérir.
- L'a-t-elle guéri ?
- Oui.
- Amenez ici Intrépide !
Deux palefreniers amenèrent un cheval de Brabant moreau, celui même dont Sarrasin n'avait pas aimé le voisinage. Grand et lourd, au poitrail puissant et aux fanons touffus, il allait facilement au pas et au trot.
- Le cheval est en bonne santé, conclut sire Geoffrey. Comment as-tu réussi à le faire, ma fille ?
- Eh bien... je caressais tout simplement le pied malade, du tendon à la couronne, comme ça, Angharad se mit à doucement mouvoir sa main en l'air, de temps en temps secouant légèrement les doigts, comme pour faire tomber quelque chose. Les animaux sentent toujours qui les aime et leur veut du bien. Le cheval m'a fait confiance, et j'ai pu le guérir. En le faisant, j'ai dit l'incantation que mon père m'avait apprise, mais je n'ai pas mentionné de démons.
- Peux-tu nous réciter cette incantation ?
- Non, milord, pardonnez-moi. Si je le fais, elle perdra sa force.
- Tu viens de te trahir, sorcière ! triompha le chapelain. Ta culpabilité est déjà prouvée, mais notre seigneur veut te donner une chance. Quelle épreuve voulez-vous bien ordonner, milord ?
Le baron de Camville réfléchissait, la bouche tordue dédaigneusement. Tous les yeux étaient fixés sur lui : certains avec curiosité, d'autres avec une attente impatiente, d'autres encore avec espoir et supplication. Dans le silence établi, la voix d'Arthur résonna, étrangement forte :
- Permettez-moi de parler, milord ! Moi, Arthur Fitzrolf du château de Belmont, gentilhomme et écuyer, j'accuse Raymond de Ledrède d'avoir calomnié, pour se venger d'elle, Angharad de Raufbourg qui avait repoussé ses avances insistantes, et je lui lance un défi ! Mes parents n'étaient pas dans un mariage consacré par l'Eglise, mais mon origine est aussi noble que la vôtre, maître Raymond, je suis un fils reconnu par le seigneur et je jouis, selon la loi, de tous les droits de la noblesse. Puisse notre combat servir d'épreuve ! dit-il d'un trait et, tout rouge, se força à relever la tête et promener son regard à travers la salle. Richard le regardait avec approbation, Hugh avec admiration, Angharad avec une joie étonnée ; le visage émacié du prêtre exprimait une haine non cachée. Raymond regardait de tous les côtés, l'air stupide, incapable de croire qu'on venait de lui lancer un défi à cause d'une fille paysanne. Sire Geoffrey avait l'air impassible, mais ses prunelles retournèrent à la place assignée par la nature et sa bouche cessa de se tordre.
- Voici la solution, s'adressa-t-il au prêtre en indiquant Arthur. Le soleil est déjà haut dans le ciel, commençons donc, avec la bénédiction divine. Êtes-vous prêt, maître Raymond ?
Le bel écuyer pâlit légèrement mais répondit avec fermeté :
- Je suis prêt !
Dom Thomas, sombre et solennel, prit une copie de l'Evangile en reliure de cuir incrustée de plaques d'argent ciselé et d'un geste ordonna aux jouvenceaux de s'agenouiller devant lui. Lord de Camville prit la main droite d'Arthur et, l'ayant posée sur le livre, demanda :
- Maître Fitzrolf, êtes-vous persuadé de la justesse de votre cause et êtes-vous prêt à la témoigner par la force des armes ?
- Oui, milord. Je suis profondément convaincu de l'innocence de la jeune fille et je suis sûr que cet homme l'a calomniée par vengeance, un sentiment impardonnable pour un chrétien et indigne d'un gentilhomme qui prétend au titre de chevalier. Dieu aidant, je me charge de le prouver.
- Qu'il en soit ainsi, dit de Camville d'un ton sévère, prit la main de Raymond et lui posa la même question.
- Oui, milord, répondit l'écuyer. Je regrette que votre hôte m'ait provoqué au combat pour une cause aussi infime. Mais si maître Fitzrolf exige les preuves de la culpabilité de cette sorcière, il les aura.
- Jurez de combattre honnêtement, sans recourir aux talismans, aux armes ensorcelées ou autres genres de magie.
- Je le jure ! s'exclama Arthur.
- Je le jure ! répéta comme un écho son adversaire.
- Je vous ordonne de combattre à cheval à la lance ou à pied à l'épée jusqu'à ce que la victoire de l'un d'entre vous ne devienne évidente, dit le baron. Le vainqueur est libre de disposer à sa guise de la vie et des biens du vaincu. Priez et confessez-vous, car un d'entre vous risque non seulement sa vie mais aussi son âme en défendant une cause injuste. Les armes permises sont la lance, l'épée et la dague, l'armure permise est le heaume, le gambeson et les gantelets de combat.
Les adversaires saluèrent, puis se relevèrent tout en se mesurant d'un regard attentif. Arthur dépassait Raymond d'un demi-pied, mais celui-ci paraissait plus large d'épaules et plus robuste. Leurs armes étaient à peu près pareilles, mais l'étalon moreau avait l'air plus grand et plus fort que Rufus. « Vas-y, mon cher, ne me laisse pas tomber ! » implora-t-il son cheval intérieurement en se souvenant du malencontreux tournoi qui avait privé Rufus de sa résistance d'autrefois. Maintenant qu'il était trop tard pour reculer, Arthur eut peur.
Et le cheval ne le laissa pas tomber. Comme dans sa jeunesse, Rufus répondit à sa prière en partant au galop, comme s'il voulait remercier son maître de sa patience et de son amour, des longues heures qu'il avait passées à l'écurie frottant toutes sortes de baumes dans l'épaule malade du cheval et réchauffant cette épaule avec de la moutarde... Le moreau s'élança à sa rencontre avec un grand fracas, il était grand, puissant et bien entraîné, mais il était jeune et c'était son premier combat, tandis que Rufus avait porté encore Etienne de Blois. L'ancien combattant fut plus malin que le novice : il devina le premier le moment précis où il fallait donner toute sa puissance et toute sa vitesse à la lance dans la main du cavalier. La lance de Raymond se brisa sans avoir causé le moindre dommage ni à l'adversaire ni à son cheval ; par contre, celle d'Arthur percuta contre le bouclier en le fendant en deux et en désarçonnant le cavalier. Arthur sauta à bas du cheval et, l'épée à la main, se dirigea vers Raymond qui gisait par terre, immobile.
- Continuons, ou te reconnais-tu vaincu ? cria-t-il en s'arrêtant à trois pas de son adversaire.
- Continuons ! Celui-ci roula promptement de côté, se releva sur ses genoux et para la fente d'Arthur avec la poignée de son épée. Arthur recula d'un pas pour lui donner la chance de se relever et tout de suite sauta un bon trois pieds en l'air pour éviter tout juste un coup traître dans les jambes. Ayant manqué son coup, Raymond perdit l'équilibre et tomba face contre terre ; tout de suite, l'épée d'Arthur s'abattit à plat sur son heaume. Sous la force du coup, la courroie de la mentonnière rompit et le heaume de l'écuyer roula en tintant sous les sabots de son cheval, mais Raymond ne le voyait pas : il était étendu par terre, évanoui, les bras écartés, et de fins ruisseaux de sang coulaient de ses oreilles et de son nez.
Arthur, posant un genou à terre, appuya l'autre sur la poitrine du vaincu et lui mit à la gorge une dague qu'il avait empruntée à Richard. La lame bien aiguisée demandait à entrer dans la tendre chair humaine comme un couteau dans du beurre. Raymond ouvrit les yeux et Arthur y lut une profonde terreur - si grande, apparemment, qu'il n'avait même pas la force de crier.
- Te reconnais-tu vaincu ? entendit-il sa propre voix comme si elle venait de l'extérieur.
- Oui... Oui ! chuchota faiblement Raymond et resta immobile, la tête renversée en arrière.
Arthur tardait à agir, serrant fermement la poignée ciselée de la dague et sentant ses mains se glacer dans les gantelets en cuir garnis de mailles de fer. Pour la première fois la vie d'un autre était suspendue à la pointe de sa lame. Il n'aspirait pas à prolonger cette sensation, ne s'en enivrait pas, mais il était comme engourdi par la tension et par la crainte et sa raison défaillait. « Je dois faire quelque chose, mais quoi donc ? se demandait le vainqueur en désarroi. Le tuer ? Oh non ! (Cette seule pensée lui donna une sueur froide.) Et quoi donc ? » Le pauvre Raymond interpréta son hésitation à sa façon et ferma les yeux en s'attendant au pire. De sous son capuchon d'armure et sa cale de tête tricotée, de grosses gouttes de sueur ruisselaient sur ses tempes.
- As-tu peur ? lui demanda Arthur. Et la jeune fille ? Crois-tu qu'elle n'avait pas peur lorsque le bûcher la menaçait à cause de ta dénonciation ?
Raymond gardait le silence. Il avait peur, naturellement, mais pas au point, quand même, de demander grâce à son vainqueur devant tout le monde.
- Lève-toi ! lui ordonna Arthur en se levant et en remettant la dague au fourreau. Raymond se souleva, le regardant de bas en haut avec appréhension, et se mit sur ses pieds, lentement et avec peine. Arthur ramassa l'épée de son adversaire, une simple lame de fer qui avait deux coudées de longueur, et la brisa contre son genou. Ensuite il fit un signe de tête au page qui tenait par la bride l'étalon moreau et quand le garçon l'amena, silencieusement indiqua la selle au vaincu. Raymond le regardait faire sans comprendre.
- Enlève-la ! Porte-la !* Celui-ci s'approcha du cheval et, avec des doigts tremblants et incertains, se mit à défaire les sangles en cuir non tanné. Arthur regardait son dos courbé sans pitié. « Et s'il avait gagné, il m'aurait tué sans doute », pensa-t-il sans émotion, comme à quelqu'un qui lui était étranger et indifférent.
Le jeune homme enleva la selle, la chargea sur ses épaules et se traîna vers le fauteuil du baron. Il ne lui restait que deux pas quand Arthur lui mit la main sur l'épaule et pressa dessus en lui ordonnant de se mettre à genoux. Maintenant il avait bu la coupe de l'humiliation jusqu'à la lie : vaincu, déshonoré, il était prosterné aux pieds de son vainqueur.
- Parle ! exigea Arthur.
- Je reconnais, parla Raymond d'une voix sourde, avec effort, je reconnais avoir recherché l'amour d'Angharad et l'avoir calomniée lorsqu'elle a refusé mes avances. Je reconnais avoir péché, avoir fait un faux serment. Angharad est innocente et je suis un criminel. Faites de moi ce que vous voudrez.
- Votre Grâce, épargnez-le, chuchota soudain Angharad et ses yeux s'emplirent de larmes. Sire Geoffrey la considéra un moment, stupéfait, puis jeta un regard interrogateur au vainqueur.
- Mais qu'il aille se promener ! échappa-t-il à Arthur d'une manière enfantine.
- Et la rançon ?
- Je n'ai pas besoin d'une rançon, milord, dit l'adolescent avec fermeté, reprenant possession de lui-même. Je n'ai besoin ni de son cheval ni de ses armes. Je suis content de ce que j'ai.
- Je comprends, acquiesça de Camville. À ton âge, j'étais pareil. Mais jamais je n'ai été comme toi ! Le baron sauta sur ses pieds en sursaut et saisit Raymond par les cheveux en le forçant à relever la tête. Celui-ci était pâle comme un linceul et n'essayait même pas de résister. Que ta mère se trouve un mari, parce qu'un salaud tel que toi jamais ne recevra de moi le féod et ne revêtira pas un cingulum militiae. Et maintenant, tire-toi d'ici ! Dehors !
Arthur ne vit pas la suite, parce que Richard lui enleva le heaume, le prit à bras-le-corps et le pressa fermement contre sa poitrine. Arthur comprit enfin que le combat était fini, se détendit et, à sa propre surprise, sentit qu'il était sur le point de s'endormir. Ensuite quelqu'un - Richard, sans doute - montait l'escalier en le portant dans ses bras, des visages apparaissaient et disparaissaient autour de lui... Quand il se réveilla, on sonnait les vêpres. Richard était assis à son chevet.
- Je te félicite, tu as eu ton baptême du feu, dit-il et ajouta avec un sourire : - La gamine a demandé de tes nouvelles trois fois déjà et brûle de te remercier. Elle dit que tu es la première personne qui l'a défendue et qu'avant elle n'avait compté que sur soi.
- Comme moi, avant de t'avoir rencontré.
- Mais je ne t'ai pas aidé, haussa les épaules le chevalier.
- Tu n'aurais pas pu le faire. Il n'est ton égal ni en grade ni en âge ni en maîtrise. Cela aurait été un meurtre au lieu d'un combat.
- Le problème n'est pas là, répondit Richard, l'air songeur. La première fois que j'ai tué un ennemi, j'avais treize ans. Depuis, je n'ai fait que fournir du travail aux fossoyeurs, et je commence à en être las. J'aurais été probablement trop paresseux pour intervenir.
- Mais non, dit Arthur avec conviction. Tu es un vrai chevalier. Je voudrais bien te ressembler, mais je n'y arriverai pas.
Le lendemain matin, les deux amis quittaient Raufbourg. Sire Geoffrey vint leur dire adieu, serra la main d'Arthur et embrassa Richard.
- Te souviens-tu de ma Laure ? lui demanda soudain Richard. Elle t'appelait Geoffroy, à la française, et tu aimais cela.
- Mais oui. Et elle me traitait de porc anglais, sire Geoffrey essuya du revers de la manche ses yeux qui brillaient étrangement. D'ailleurs, cela me plaisait aussi. Sais-tu à quoi je pense ? Si vous aviez eu un fils, il aurait ressemblé à ce garçon.
À ces paroles, Arthur baissa la tête avec un embarras visible. Hugh et Angharad s'approchèrent de lui timidement. Ils se tenaient par la main.
- Merci de m'avoir défendue, dit la jeune fille avec simplicité. Pendant que vous dormiez, j'ai soigné un peu votre cheval. Maintenant il sera plus vif que jamais. Est-ce que je peux vous embrasser ? Sans attendre la réponse, elle se hissa sur la pointe des pieds et embrassa sur la joue Arthur qui était tout rouge de confusion. Et Hugh ajouta :
- Je composerai une chanson en votre honneur et tout le monde saura que la noblesse et la vaillance n'ont pas quitté ce monde avec Arthur de Bretagne et ses chevaliers.
- En route, mon prince ! pressa son camarade Richard. Ses yeux étincelaient de rire. Arthur toucha son cheval et ils partirent.
* Préjugé ! tu es le dernier rayon d'une vérité ... - tiré de la traduction par Evguéni Baratynski de son poème en français, faite vers 1844. Les autres textes poétiques cités au cours du roman furent traduits par le traducteur. - [note du traducteur]
* La loi des Danois (le Danelaw) - il s'agit du traité de 879 selon lequel la Bretagne fut partagée : les Anglo-Saxons eurent la partie sud-ouest et les Danois la partie nord-est. La frontière passait par une ancienne route romaine entre Chester et Londres.
* Langue d'oc (f.) - dialecte des provinces méridionales de la France : la Toulouse, l'Aquitaine, la Provence et le Poitou. Le dialecte parlé dans le nord de la France s'appelait la langue d'oïl.
* Mon coeur est lourd, le chemin est long ... - les vers de Guillaume d'Aquitaine, début XIIe siècle.
* Vilain mal (m.) - il existe une hypothèse bien fondée selon laquelle la syphilis était connue en Europe longtemps avant Colomb. Les bas-reliefs de l'autel de la cathédrale de la Vierge Marie en Cracovie représentent des hommes aux changements caractéristiques du nez, des yeux et du crâne.
* Dom - titre respectueux donné à un ecclésiastique (du latin « dominus » - « maître »).
* Fourbure (f.) - congestion inflammatoire des tissus du pied du cheval suite à un trauma.
* Porte-la ! - humiliation rituelle du vaincu.