Depuis qu’Eléa était tombée malade Rengeor n’avait plus quitté son chevet. Il l’aimait depuis le premier jour. Son amour pour elle n’avait jamais failli, malgré les anicroches, malgré les bouderies… Eléa était la femme de sa vie. Au quotidien, il avait tendance à oublier ce sentiment si fort, caché par la routine. Rengeor pensait parfois qu’il aimait sa femme « par habitude », que la tendresse avait remplacé l’amour.
Mais la voir s’affaiblir de jour en jour lui avait fait reprendre conscience de la puissance de ses sentiments pour elle, celle qui le complétait à merveille, celle qui l’épaulait. Eléa avait toujours été son rayon de soleil. Il prenait conscience que l’amour n’était pas moins fort, qu’il avait juste évolué, au fur et à mesure qu’ils apprenaient à se connaître, acceptant les défauts de l’autre. Il était moins passionnel, certes, mais au fond il était plus puissant que jamais.
Alors qu’il était sur le point de la perdre, il réalisait à quel point ce qu’il perdait était précieux. Eléa c’était vingt ans de sa vie. Il faisait de son mieux pour la soigner, et même s’il redoutait l’issue il gardait une étincelle d’espoir. Rongé par l’inquiétude il ne dormait plus. La voir dépérir ainsi lui brisait le cœur.
La dernière chose qu’Eléa entendit avant de s’éteindre, c’était la voix de Rengeor lui déclarant son amour éternel.