Ismérian s’était vite retrouvé seul après le départ de sa mère déesse. Il n’avait pas peur de sa mission, il savait que si Ismé lui avait confié cette tâche c’est qu’il en serait capable, et qu’elle le guiderait à travers les rites. Mais il craignait d’oublier ses traits et il lui semblait important que les futures générations puissent reconnaître leur déesse, connaître le doux visage de mère de toutes les mères.
Il commanda à l’homme le plus habile de son peuple de sculpter une représentation de la divinité. Le sculpteur fut honoré par cette mission, même s’il craignait de ne pas être à la hauteur en se basant juste sur les souvenirs fugaces qu’il avait de la déesse. Il fut d’une grande exigence avec lui-même. Il lui fallut plusieurs essais pour être satisfait. Le sculpteur voulait à tout prix rendre la douceur des traits d’Ismé. Mais les joues de son premier essai étaient trop rondes. Le nez de la deuxième tentative était trop court… Ce ne fut qu’à sa cinquième sculpture qu’il reconnut la déesse.
Ismérian était plus que satisfait. Il lui semblait tenir sa mère en miniature dans ses mains, même si le sculpteur avait pris des libertés avec le corps d’Ismé, son visage était en tout point identique au souvenir du prince.
La statuette fut installée aux yeux de tous, au centre de ce qui s’apparentait à une place. Cette place qui serait, un jour, le cœur de la cité.