L’arbre à vœux, c’était ainsi que les ismérians surnommaient ce vieil arbre. Il n’était pas rare de voir les jeunes et les moins jeunes venir auprès de lui. On lui prêtait des vertus magiques. D’après la tradition orale, il aurait été planté par Ismérian lui-même, bien qu’il n’y ait aucune preuve de ce fait. Les ismérians s’étaient dit qu’en l’absence d’accès à la Pierre, l’arbre à vœux pourrait peut-être les aider en demandant au premier fils d’Ismé d’intercéder en leur faveur auprès de la mère de toutes les mères.
Khiana ne croyait pas en toutes ces légendes, elle n’y avait jamais cru. Elle se moquait souvent de son ainé à ce sujet, Willarg avait déjà eu recours au vieux chêne. Mais la situation allait en s’aggravant. Elle était prête à tout, même à croire au Grulwak si jamais il le fallait.
Ce matin-là elle se leva avant le soleil et s’aventura dans la forêt, l’obscurité ne l’effrayait pas outre mesure, elle connaissait le chemin. L’arbre n’était pas difficile à trouver, il était le seul de cette essence à des kilomètres à la ronde.
Khiana s’approcha et posa sa main sur le plus gros nœud de l’arbre. Elle fut surprise de sentir un picotement le long de ses doigts et soudain elle sut qu’elle avait fait le bon choix.
— J’ignore ce qu’il faut dire, avoua-t-elle à haute voix, mais nous sommes privés de la Pierre par nos ennemis héréditaires. J’implore ton aide Ismérian. Peut-être que mon Don à venir pourrait être d’un quelconque secours dans notre situation difficile. Si jamais c’est le cas, fais que mon Don se réveille, mon frère en a besoin.
Khiana retourna au village, perplexe. Elle n’avait ressenti aucun changement en elle. Elle doutait d’avoir une réponse positive à son vœu. Isméria déclinait, et aucun signe d’amélioration ne permettait d’espérer une issue favorable.
Mais la nuit suivante Khiana eut une vision. La première d’une longue série. Hasard ou intercession du premier fils d’Ismé ? Impossible de le savoir, mais à compter de ce jour Khiana devint moins sceptique face aux légendes.