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Notes d'auteur :

Thème : Marguerite

On retrouve le petit univers des elfes. Le personnage de Cordélia, une elfe d'air, dans Origami (16 décembre) reprendra le rôle de narration et Lelory, une elfe d'eau, du Chant des baleine (13 décembre) et l'image de la forêt (7 décembre) sera également présente.

Vous en apprendrez également plus sur le rituel des naissances, soit comment les prêtresse naissent. Les prêtresses sont des elfes de chacun des éléments qui ont un contact beaucoup plus étroit avec leur élément et qui arrivent à le manipuler. Elles sont donc au centre de la communion avec la nature.

Cordélia venait de se réveiller d’une sieste quand l’appel avait résonné en elle. Ou alors, c’était l’appel qui l’avait réveillée. Elle n’était pas certaine et n’avait pas le temps d’y réfléchir : une prêtresse de la forêt allait naitre dans les prochaines heures, voir les prochaines minutes et elle devait être sur place pour l’accueillir.

 

Depuis des années, des siècles. La tradition était la même. C’était encré en elles, au plus profond de leurs entrailles. Chacun des clans elfiques, que ce soient les elfes de la forêt, de l’air comme elle-même ou de l’eau, voyait son cercle des prêtresses s’agrandir d’une nouvelle âme chaque année. Les prêtresses étaient les elfes qui entraient en communion avec leur élément au point le plus intense. Si chaque elfe pouvait communier avec son élément et le ressentir, les prêtresses pouvaient le contrôler, le guérir, l’utiliser. Cordélia était une prêtresse de l’air. Et elle était celle qui était désignée pour les trois naissances de l’année. La nouvelle prêtresse de l’eau avait vu le jour il y avait trois mois. La petite se portait bien et Cordélia était fière de l’avoir accueillie dans leur monde. Chaque naissance d’une future prêtresse devait être guidée par une représentante de chacun des clans.

 

La plus grande difficulté venait du caractère imprévisible de ces naissances. On ne savait qui étaient les parents ou plutôt la mère jusqu’au moment où le travail avait commencé. L’appel résonnait alors dans toutes les prêtresses, quels que soient leur âge, leur provenance et leur localisation actuelle. Il avait donc fallu instaurer un processus rigoureux pour s’assurer du bon déroulement de la naissance. Il ne fallait pas que toutes les prêtresses des environs s’y rendent, mais il fallait s’assurer qu’il y ait le nombre requis. Il avait donc été déterminé qu’une année de garde serait attribuée à chacune. Pendant cette année, la prêtresse devait s’occuper des trois naissances qui y auraient lieu. La dernière naissance était toujours celle de leur propre clan. Ainsi, Cordélia effectuerait sa deuxième assistance, tandis que le clan aquatique aurait une nouvelle représentante et que la prêtresse de la terre effectuerait sa dernière naissance.

 

L’appel la guida plus loin dans la forêt, heureusement, la mère ne semblait pas partie en voyage auquel cas, il aurait peut-être été difficile d’arriver à temps. Il y avait des histoires de naissances en pleine mer où il avait été impossible de rejoindre la mère. Depuis, on s’assurait qu’il y ait toujours au moins une prêtresse lors de ses voyages car la présence d’une d’entre elles pouvait sauver la vie de la mère et de la petite elfe même si le rituel n’était pas complet. Le souvenir de ces histoires la fit frissonner et elle accéléra sa course.

 

Les elfes de la forêt avaient une drôle de façon de vivre. Les sentiers étaient inexistants, il fallait circuler entre les arbres en se contorsionnant et il faisait très sombre. Si elle ne savait pas où elle allait, elle aurait rebroussé chemin depuis longtemps, mais l’appel était fort et elle savait être dans la bonne direction.

 

Elle croisa un elfe sur son chemin et le héla pour qu’il la guide à travers ses arbres. Les elfes de la forêt arrivaient mieux qu’elle à voir les meilleurs endroits où passer et ils arrivèrent rapidement. Aussitôt, elle le congédia d’un remerciement, personne ne pouvait assister au rituel, c’était sacré.

 

Hest, la prêtresse des elfes forestiers était déjà présente, c’était son territoire après tout. Elle était agenouillée près de la mère, lui murmurant des encouragements. Ça ne devait pas être facile d’apprendre le jour même de son accouchement que tout ce qu’on avait prévu était chamboulé : que d’autres personnes s’assureraient de donner naissance à leur fille, puis repartiraient avec elle pour l’élever. Bien sûr, la prêtresse à naitre pourrait retourner voir sa famille de temps en temps, mais elle passerait la majorité de son temps avec les siennes.

 

Lelory arriva finalement à bout de souffle, Cordélia la connaissait déjà pour l’avoir croisée de nombreuses fois et elle était contente de la revoir dans ces circonstances. Elles se joignirent alors à Hest qui se décala pour se retrouver aux pieds de l’elfe qui se prénommait Rose tandis que ses comparses se dirigeaient chacune d’un côté de la future mère. Cordélia entonna le chant d’accueil et appela à elle son élément par des gestes lents. Lelory l’imita, alors un vent parfumé vint secouer les vêtements des quatre occupantes tandis que des filets d’eau se déplaçaient avec fluidité au-dessus de leur tête.

 

De manière plus subtile, Hest fit éclore des fleurs sur le sol tout autour d’elles. Cordélia crut voir du blanc du coin de l’œil, mais n’y prêta pas plus attention. Tout son corps et chacune de ses pensées étaient concentrés sur le monde autour, Lelory faisait de même et Hest recueillait leur énergie pour la transmettre à celle qu’ils attendaient tous.

 

Elle perdit la notion du temps. Elle ressentait pour la deuxième fois une sensation de plénitude incroyable. Sans voir, elle savait trouver les trois autres femmes dans la pièce et la quatrième petite vie à longueur de bras qui se rapprochait peu à peu de leur monde. Elle la sentait aussi sûrement qu’elle sentait le sol sous ses genoux et les trois éléments autour d’elle. Le rituel des naissances les rapprochait, elle sentait l’air, son élément, qui tournait, mais aussi l’eau qui dansait et venait leur frôler le visage. Chaque brin d’herbe, chaque fleur, chaque arbre à proximité, elle les sentait aussi sûrement que si elle les contrôlait.

 

Aussi doucement que si on avait soufflé sur une plume, leur lien cessa. Chacune reprit conscience de son corps et perdit tout le reste. Dans ses bras, Hest tenait une petite elfe à la peau brune comme la terre après la pluie et les yeux noirs comme du charbon. Cordélia ressentait déjà sa force malgré son tout jeune âge. Elle se l’imagina dans plusieurs années, courant à travers les arbres qui s’écarteraient doucement sur son passage.

 

Rose la regardait les yeux pleins d’eau. Elle savait ce qui allait suivre. Hest lui tendit alors la petite et elle s’empressa de la serrer dans ses bras. Elle lui chantonna quelque chose à l’oreille, comme si elle voulait laisser sa marque. Les trois prêtresses travaillèrent de concert pour s’assurer du bien être de la femme et de remettre en ordre la petite hutte pour lui laisser quelques instants encore. Puis, vint le temps de partir. Les yeux de Rose papillonnèrent pour chasser les larmes, mais Cordélia remarqua la fierté qu’il y avait malgré tout sur son visage. C’était difficile, mais sa fille allait devenir quelqu’un d’important.

 

— Comment s’appelle-t-elle ? demanda Hest d’une voix douce.

 

Rose regarda autour d’elle, son regard s’attardant sur les fleurs qui avaient poussé pendant l’accouchement.

 

— Marguerite.

 

Hest sourit devant le nom.

 

— Un très bon choix.

 

Elle tendit à nouveau les bras vers la femme qui lui rendit le précieux enfant. Lelory ouvrit une couverture et en enroula la petite. Cordélia se pencha une dernière fois vers Rose, prit ses mains, et les embrassa.

 

— Elle reviendra vous voir vite.

 

Elles quittèrent la hutte, faisant signe à la famille, qui attendait à l’extérieur, qu’elle pouvait maintenant retourner auprès de Rose. Grâce à Hest, la route pour quitter la demeure fut plus aisée, les arbres s’écartaient subtilement de leur chemin et se replaçaient ensuite sans bruit. Il ne fallut que quelques minutes pour que le petit groupe rejoigne le cercle des prêtresses de la forêt. Cordélia y pénétrait pour la troisième fois depuis sa naissance.

 

Les quelques elfes qui s’y trouvaient leur firent une haie d’honneur alors qu’elles se dirigeaient vers le centre du cercle, à l’infirmerie. La petite y serait alors prise en charge. Elles s’arrêtèrent devant la porte. Marguerite se trouva alors dans les bras de Cordélia qui fit tourner son doigt afin d’attirer un léger vent qui chatouilla la petite. La bénédiction de l’air. Lelory la prit ensuite à son tour et deux larmes se détachèrent de ses yeux tombant sur le visage de Marguerite. Elles glissèrent en serpentant sur sa peau fine, se propageant bien plus que la quantité d’eau n’aurait dû le permettre. La bénédiction de l’eau. Finalement, Hest reprit pour la troisième fois la jeune elfe et franchit la porte juste après avoir incliné la tête à ses deux comparses.

 

Elles partirent du cercle chacune de leur côté, le sourire aux lèvres. Cordélia était fière de ce qu’elle avait accompli. Mais surtout heureuse d’avoir accueilli Marguerite de la même manière qu’elle-même avait vu le jour.

Note de fin de chapitre:

Noël se rapproche, je suis officiellement en congé des fêtes (même si je travaillerai, l'Important c'est d'être en pause d'études pour 3 semaines)! Et vous ?

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