7 mai 1945
Enfin ! Enfin ! Enfin ! Je n’ai que ce mot à la tête, je suis si soulagée ! L’Allemagne a capitulé ! La guerre est finie ! Mère a pleuré de joie quand elle a entendu la nouvelle et je n’en étais pas loin. Je suis immédiatement sortie à l’extérieur et j’ai crié. Tout le stress des dernières années, l’adolescence que j’ai dû laisser derrière, la peur, les contraintes… tout est parti en même temps. J’ai tourné sur moi-même si vite que ma voix en était déformée et le paysage tout embrouillé. Mes pieds se sont emmêlés et je suis tombée sur le sol. Mon cri de joie s’est transformé en rire et je suis restée sur le dos sur l’herbe encore humide de la neige fondue les yeux fermés. Le soleil m’a protégée un peu de la terre froide sous moi. Mes bras étaient offerts à ses rayons et mon visage à sa caresse. Il a réchauffé mon corps et mon âme qui avait besoin de guérir. Je sentais la présence de Dieu là-haut soulagé de nous voir enfin en paix. Il y avait aussi celle de Lucien qui me regardait m’offrir à la nature, si loin, mais si près. En me concentrant, j’ai pu me rappeler son sourire, il y a de ça des années, avant qu’il ne parte au combat, avant même que la guerre ne commence. Les larmes ont coulé doucement sur mes joues à son souvenir, un rappel douloureux que même si la guerre est terminée, elle ne quittera jamais nos mémoires. Je suis restée là longtemps, j’y suis encore. Le soleil bouge au-dessus de moi, mais il m’enveloppe comme les bras d’un ami. Je suis vulnérable, mais je suis bien. Enfin.