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Notes d'auteur :

Salut la compagnie ! 

Un grand merci pour tout vos retours <3

J'ai commencé à écrire ce chapitre lors du Bal d'AVC, sur le thème de Zombie des Cranberries (d'où le titre, quelle surprise !). J'espère qu'il vous plaira :)

 

Pour rappel : 

Néférourê est une princesse égyptienne, fille d'Thoutmôsis II et d'Hatchepsout. Ravie dans son école d'Héracléion par la flotte grecque, elle épouse de force Ménélas sous le nom d'Hélène de Sparte. 

Amie d'Ulysse, elle s'enfuit avec lui sur son navire en quête de l'Arche, une construction qui, selon les traditions, offre la divinité. Elle souhaite retrouver sa soeur, abandonnée à Héracléion lors du rapt. Hélène parvient à son but et franchit l'Arche... 

... pour se réveiller dans le corps d'une petite fille, Flavie, plus de 3000 ans plus tard, à Paris. 

Ses pieds ne touchaient plus le sol. Le prêtre avait laissé les géants en vêtements bleus l’arracher à son antre de réalité pour la projeter à nouveau dans un monde fait de monstres et d’angoisse.

De monstres oui. Ceux qui grognaient et qui puaient. Ils l’avaient forcé à entrer dans leurs entrailles creuses, métalliques, froide. Le voyage n’avait été que cris, violence, malaises. Elle s’était recroquevillée entre deux assises, incapable de se débattre, d’hurler. De penser.

Sa vision était devenue floue et son esprit s’était déconnecté de son corps quelques instants, comme si toutes les questions qui s’enfonçaient comme des poignards dans sa conscience étaient mortelles. Comme si plus rien d’autre ne pourrait la sauver de ce monde irréel.

« Flavie ! »

Hélène se figea, tenta de rester forte. Elle pleurait mais ce n’était pas sa faute… Son esprit d’adulte combattait, acharné, les émotions et les pensées qui surgissent dans sa tête. Le soulagement de retrouver l’immense construction dans laquelle elle s’était éveillée le matin même, et cette femme, ce géant…

Son cœur s’affolait alors que l’enfant dont elle avait volé l’existence jubilait de regagner sa place. Alors que des bras la serraient, l’étouffaient.

L’envie de se déchirer le visage à coup d’ongles lui traversa l’esprit et les quelques cristaux d’encens que le prêtre lui avait donné et qu’elle avait consciencieusement caché dans sa poche roulaient entre ses doigts.

« Flavie, pourquoi t’es-tu enfuie ainsi ? Je me suis fait du sang d’encre ! »

S’enfuir. C’est ce qu’elle devait faire.

S’enfuir. Trouver la porte qui la ramènerait à l’Arche, à Ulysse…

S’enfuir.

Le décor lui transperçait les yeux. La géante parlait trop vite, trop fort. Ses immenses mains glissaient sur sa toute petite tête et dans sa tête…

Hélène tentait de rester forte, mais ses jambes tremblaient et ses mains étaient moites. Des étoiles apparaissaient devant ses yeux et sa gorge gonflait. Et plus ses larmes jaillissaient, plus on l’étouffait.

L’air était suffocant. De multiples odeurs inconnues s’accrochaient à ses végétations, trop fortes, trop artificielles. Et l’encens glissait entre ses doigts.

Tout était trop. Trop. Trop.

Et dans sa tête… Dans sa tête.

Des mains la saisirent pour la poser sur un large fauteuil de cotons moelleux. Un objet rectangulaire et sombre s’illumina et alors elle vit. Elle vit ce monde, cette réalité déchirante et dévorante. Injuste et esclavagiste.

Dans l’objet rectangulaire et sombre, des hommes et des femmes un peu étranges étaient enfermés.

Cette fois-ci, Hélène pleura pour de vrai. Ses sanglots lui brulèrent la gorge et lui déchirèrent la poitrine. L’encens glissait entre ses doigts et elle, elle perdait pied.

Dans sa tête. Tout était dans sa tête.

Rien n’était réel.

Dans sa tête. Tout était dans sa tête.

Comme un rêve.

Elle saisit son visage qui ne lui appartenait pas dans ses petites mains qui ne lui appartenaient pas et si elle avait eu des ongles, ils auraient pénétré sa peau pour lui donner la mort sous la pression.

Dans l’objet rectangulaire, les petits hommes et femmes étranges dansaient encore, prisonniers.

Prisonniers comme elle, si haut dans les airs.

De la fenêtre de la construction de pierre et de métal, la vue lui donnait la nausée.

Et dans sa tête, dans sa tête…

Tout était dans sa tête.

Comme un rêve.

Alors Hélène décida de rester forte et se releva. Ses petites mains se verrouillèrent autour de la barrière glacée qui se dressait devant la fenêtre, entre elle et le vide. Ses petites jambes l’enjambèrent, d’abord l’une, puis l’autre, et alors…

Le vent sifflait dans ses oreilles et ses cheveux fouettaient son visage. L’air était glacé et caressait ses orteils nus avec la douceur d’une nuée de moustiques. Sa respiration se coupa, sa bouche s’entrouvrit, et ses yeux s’écarquillèrent. Devant elle, le ciel s’étirait, bleu et blanc. Et lumineux aussi. Sa main se faufila dans sa poche et l’encens glissa entre ses doigts. Elle en renifla un cristal, sourit.

Et dans sa tête, dans sa tête… Dans sa tête il n’y avait plus rien. Avec l’aide de Rê, Nout avait anesthésié ses pensées avant qu’elle ne heurte Geb. Choir dans des escaliers faisait un mal de chie,. Mais est ce qu’elle aurait le temps d’avoir mal ? Sa chute était si longue qu’elle avait l’impression de tomber dans le Tartare.

Et dans sa tête, dans sa tête…

Dans sa tê-

>>o<<

Le bleu avait cessé de tournoyer pour devenir vide. Un vide infini et douillet, comme un nuage.

Ou un tapis de lotus en fleur, comme au début du printemps. Et en fond, le bruit des vagues du Nil en crue.

Et au loin, une voix d’enfant. Au loin…

Le prénom de Méritrê se dessina sur ses lèvres mais la parole n’existait plus. Elle n’existait plus parce qu’elle n’était plus. Enfin.

Le soulagement gagna son être telle une lueur, vive. Juste en elle. Une lumière transperçant ses jambes, ses bras, et son visage, lui-

La douleur frappa et son souffle se coupa sous le choc.

C’était comme si on lui arrachait couche après couche l’épiderme pour pouvoir faire bouillir ses os. C’était comme si l’univers avait accepté de lui faire gouter le délicieux univers tant désiré de ses ancêtres pour le simple plaisir de la détruire en profondeur. C’était comme si le tapis de lotus devenait feu, et l’air soufre.

C’était comme si… Comme si elle n’était plus et elle était tout. Comme si elle existait suffisamment pour subir mais pas assez pour s’enfuir.

C’était l’enfer, oui. L’enfer.

Torture physique et psychique, atroce. Et injuste. Immortelle.

« Non, pas immortelle ma princesse. »

La voix était profonde. Douce. Amère. Triste.

Hélène redevint Néférourê et ouvrit les yeux.

Hatchepsout l’observait de son regard de mère, son crane rasé recouvert de la couronne des pharaons. Elle posa la main sur sa joue et la douleur s’envola, ne laissant qu’une vague empreinte sur ses muscles endolori.

« Maman… »

Elle avait réussi à articuler deux syllabes, l’épuisement pesant sur sa mâchoire et ses paupières.

Mais la fatigue n’était elle pas trop humaine pour être ressentie dans la mort ?

Note de fin de chapitre:

J'espère que ça vous a plu malgré l'empressement avec lequel j'ai finalisé ces quelques phrases... 

A bientôt :)

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