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Yurlh ne prit pas le temps de regarder. Il s’élança pour sortir au plus vite du milieu de ce maudit bassin. Au moment où le tentacule noir sentit que la proie allait se soustraire à son piège, il se contracta d’un coup, tentant de la retenir. Cela déséquilibra Yurlh et le fit glisser sur le côté.


Même si la créature là-dessous semblait grosse, elle venait de ferrer un colosse tout de muscles habillé. Il lui était difficile de ramener une telle prise au fond du bassin. Le temps qu’elle s’ancre mieux dans son antre, avec d’autres de ses tentacules, pour tirer avec plus d’efficacité son futur repas, Yurlh en profita pour s’extirper de l’eau.


Alors qu’il allait attraper l’angle de la colonne de brique, heureusement à portée, le monstre tira une seconde fois avec son long bras noir. Le barbare hurla d’effort. Ses doigts seuls s’étaient agrippés à la pierre. Dans la douleur, ils se tordirent, laissant sur la brique les marques de griffe de ses ongles.


Son hurlement emplit la grande salle, pétrifiant tous les poursuivants. Chacun cherchait à éclairer afin d’en apprendre plus sur ce qu’il advenait de leur condamné. Les lumières couraient sur les murs, le plafond et l’eau. L’eau du troisième bassin, au centre duquel une masse informe, noire et luisante, restait à fleur, ne voulant pas en sortir.


Le barbare, fermement décidé à ne pas se laisser manger, essayait d’attraper, avec sa deuxième main, la colonne. Mais, il lui manquait quelques centimètres pour y parvenir. C’est la fillette qui les lui offrit. Même si elle était terrorisée d’être ainsi livrée en pâture au monstre de ses comptines, elle ne perdit pas son sang-froid. Elle dégaina un stylet de l’intérieur d’une manche et, s’approchant du bord, donna plusieurs coups vifs dans la chair tendue et ferme du tentacule.


Elle avait peu de force, mais la pointe du stylet était parfaite pour percer ce genre de peau aquatique. Même si le tentacule, là où elle frappait, avait plus de vingt centimètres de largeur, cela sembla atteindre les nerfs de la créature. Cette dernière relâcha un instant son emprise. Yurlh en profita pour gagner la distance qui lui manquait et saisit, de son autre main, la colonne de brique rouge. Rien de pouvait arrêter la rage de l’enfant qui continuait à piquer dans la créature du bassin, en criant :


 – Lâche-le. Allez, lâche-le !


Un autre tentacule sortit, cette fois comme un fouet, juste devant elle. Effrayée, elle bascula à la renverse et roula jusqu’au bord du bassin suivant. Trop près du bord, sa peur lui fit manquer de se rattraper et elle tomba à l’eau. De l’enfant, il ne restait que le stylet encore planté dans le tentacule qui reprenait sa traction.


Yurlh, avec les deux bras, tira de tous ses muscles, tentant de vaincre la force qui étirait tous ses membres. Il poussa un cri, cette fois de douleur. Car le monstre était malheureusement trop puissant et l’écartelait vivant. Sentant ses os craquer, Yurlh, lâchait, un à un, les doigts de son attache.


Mais la bête, aussi puissante qu’elle pût être, devait avoir des moments de relâchement pour tirer plus fort encore. Pendant ces brèves accalmies, Yurlh en profitait pour repositionner ses mains, espérant qu’il résisterait aux assauts terribles du monstre tapi sous l’eau. Seules des ondulations démontraient, avec quelle fureur, la bête tentait de ramener sa pêche.


Yurlh banda ses dorsaux, tentant de tenir bon. Mais, le dos craqua, lui arrachant un autre grognement. Le barbare percevait que son prédateur avait toujours plus de force que lui ou bien peut-être que les siennes se vidaient. Une fois encore, elle tira si fort que ses muscles ne purent maintenir son corps. Yurlh sentit alors ses ongles se retourner sur la brique.


Se voyant incapable de tenir plus longtemps, il lâcha de sa main meurtrie, la colonne et regarda la masse d’eau. Maintenant, au centre du bassin, on pouvait voir un îlot noir dont plusieurs yeux, au bout de pédoncules, observaient alentours. L’effort l’avait tout de même ramenée à la surface. Yurlh comprit, à l’aide des lumières des gens au loin regardant l’immonde spectacle, qu’elle s’était attachée aux autres colonnes, comme lui, pour mieux l’emmener dans sa bouche.


Et puis, brillant à la lumière d’un lampion, le manche du stylet réapparut, salvateur. Aussitôt, il s’en empara et, comme un fou, donna des coups avec violence. Cela n’arrêta pas la sorte de pieuvre. Elle continua à forcer pour qu’enfin il lâche. Attaché d’un bras à la colonne, hurlant de douleur, Yurlh pointillait de trous le tentacule à défaut de le trancher. 


Le monstre furieux pointa, de ses dix yeux, vers le barbare et tira dans un ultime effort qui devait le faire céder. Mais ce qui céda ne fut pas le bras de l’orkaim. Le tentacule se déchira à l’endroit même des coups répétés de Yurlh et de l’enfant. On entendit alors un cri étrange, tout droit sorti de nos cauchemars. Vaincue, la créature quitta la surface, pour disparaitre loin des regards de son maître.


Plus qu’endolori, Yurlh se mit de suite à genoux, cherchant l’enfant. Elle était là, dans l’eau du quatrième bassin, tentant de remonter sur le rebord de pierre. Yurlh l’aida de sa main aux ongles décollés jusqu’à la racine. Les lumières, au plafond, avaient cessé de danser. Si la bête des profondeurs n’avait pas eu raison du barbare et de la fillette, elle avait fait fuir les citadins belliqueux. L’enfant se blottit dans les bras de l’orkaim à genoux. Trempée, elle cherchait à bénéficier un peu de la chaleur du vainqueur.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

Joins-toi à nous sur www.yurlh.com

 

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