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TOME 3


 


Partie 1 LE ROI EST MORT


 


À la lumière vacillante de la lanterne bringuebalée, le colosse semblait si petit, entouré des ombres gigantesques des caisses entassées. Dehors, la tempête enrageait, fracassant les vagues sur la coque, arrachant à la Squale des craquements horribles. La dague plantée dans la poitrine du Grand Blanc venait de lui ravir sa dernière lueur de vie. Et avec le capitaine, disparaissaient les barrières invisibles de la sécurité. Ce qui était avant sa demeure rassurante devenait peu à peu un lieu étranger, empli de sons terrifiants. Le bois se tordant sous les forces déchaînées de l’océan rappelait, ô combien, comment Korshac savait les faire taire. Mais il n’était plus là pour gueuler, pour lui insuffler un but et lui souffler, à grands coups de mots, son rôle.


Deux sillons durant, il avait dominé son monde pour mieux le lui faire découvrir. Chaque journée avait eu son lot d’insultes tout droit sorties de sa bouche. Et maintenant, elle était là à le regarder sans vouloir s’animer. Rien n’en sortait. Et peu à peu, ses lèvres prenaient la forme apaisée de l’homme calme.


– Non ! cria Yurlh de sa voix gutturale, tout en saisissant de ses gros doigts les joues du Grand Blanc.


– Reviens… Parle ! ajouta-t-il, presque furieux qu’il laisse le navire dicter ses sons de mort.


Mais rien n’en sortait. Korshac gardait sa bouche fermée, impassible. Déjà, il ne le reconnaissait plus. Ce n’était plus lui. Yurlh regarda la dague et ne comprit pas comment une si petite lame pouvait lui voler un si grand bonhomme.


– Reviens… La mer gronde… Reviens.


Mais, il ne répondit pas. Rien ne sortit d’entre ses dents. Et Yurlh le rapprocha de sa poitrine en le soulevant du plancher, facilement. C’était une dernière façon de se rassurer, car tout autour, le navire souffrait des assauts du vent et des flots. Une dernière façon qui lui rappelait les étreintes des victoires passées, où Korshac savait le récompenser de sa poigne. Mais de la force, il n’en avait plus. Elle avait quitté son corps. Ce n’était plus qu’un pantin lourd et sans vie qu’il tenait. Un pantin qui avait été son père le temps de lui apprendre à devenir un homme.


Soudain, une vague frappa plus fort le flanc du navire, arrachant une caisse de la corde qui la maintenait. Se brisant de tout son poids par terre, Yurlh comprit que l’ultime épreuve, pour prouver au dieu des océans qu’il était l’égal du Grand Blanc, ne faisait que débuter.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

Joins-toi à nous sur www.yurlh.com

 

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