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Une mantias était un insecte docile capable, pour les plus grosses, de porter jusqu’à deux cavaliers. La tête était taillée pour la guerre avec une carapace ornée de trois pointes et dont la forme triangulaire n’était pas sans rappeler la mante religieuse. Même si cette mantias était plus qu’impressionante, celle-ci ne portait qu’un seul cavalier et non des moindres : le Méphénor.


Aussitôt accrochée aux madriers du mur, elle replia ses ailes translucides, faisant place au silence. Le méphénor attendait là, tenant d’une main les rênes de sa monture volante et de l’autre, l’étendard des Cités Rouges. Sur le drapeau étaient dessinées trois tours blanches adossées les unes aux autres pour n’en former qu’une plus large, sur fond de soleil rouge disait tout haut le peuple ou de lune sanglante détractaient en sourdine les dissidents.


Loin devant eux, les onze chars de bois qui allaient bientôt libérer leurs dangereux Hurleurs attendaient les volets clos. Il y avait peu de vent en ce début de nuit, l’étendard flottait lentement. Et tant qu’il resterait dressé droit vers le ciel étoilé, la première corne ne sonnerait pas le début de la bataille.


Le Magnus Kéol et le devin, dérangés, s’approchèrent pour aller sur le balcon de la coupole, là où s’étaient posés le cavalier et son destrier volant. 


– Ô, Magnus Kéol, les armées sont en position selon votre volonté. Ils n’attendent plus que mon signal, parla, sans retirer son grand heaume, le méphénor.


Au bord du balcon, ils pouvaient aisément observer l’étendue du champ de bataille. Le Magnus Kéol avait fait le choix du terrain. Quant au baron Surn Kairn, son demi-frère, ses armées étaient au rendez-vous. Surn Kairn commandait pas moins de dix-mille hommes. 


– Nos ennemis sont en force ce soir, mon empereur. Croyez-vous sincèrement que les Hurleurs en viendront seuls à bout ? ajouta le méphénor d’un ton dont on pouvait distinguer quelques appréhensions.


– Nos troupes ne sont pas à plaindre. Nos Hurleurs vont les terrasser, affirma l’empereur sans aucun doute.


– Certes, mais ils ne sont que cent-onze si je peux me permettre de vous le rappeler. Face à cette armée de soldats, même si ce ne sont que des hommes et des mi-hommes, les Hurleurs vont à leur perte, continuait de douter le méphénor.


L’empereur passa lentement en revue ses troupes cantonnées devant les hauts murs de briques tenant les portes de la cité. Les légions de soldats aux tabars rouges, protégés de broignes annelées et armés de leur fauchard, faisaient masse. Ils étaient nombreux, cinq-mille au dernier recensement. Sur chaque flanc étaient disposés les arbalétriers lourds, avec devant, des rangs de gardes dressant une forêt de fauchard-crochets. Au centre attendaient les cavaliers, protégés de cottes d’armes à tuiles de fer. 


Le Magnus Kéol les fixait, trépignant d’impatience.


– C’est bien ce qui est écrit, non ? Mon devin ? cria le Magnus pour se rassurer.


– Ainsi va la prophétie. Ce soir, sous la divine lune de sang, le dieu de la destruction Thurl couronnera notre entreprise de la victoire, expliqua le devin d’une voix maîtrisée.


– Permettez-moi d’en douter, chers amis. Si l’ennemi venait à trop gagner de terrain, je serais dans l’obligation de lâcher les légions rouges, répliqua le méphénor d’une voix résonnante.


– Votre manque de foi, c’est cela qui vous fait grand défaut pour mener un empire ! déclama l’empereur, galvanisé par la bataille qui allait bientôt débuter.


Le méphénor ne répliqua point. Il acquiesça et dans un souffle chaud, fit déployer les ailes de la mantias, regagnant le ciel, aussi rapidement qu’une sauterelle.


– Le méphénor tiendra-t-il nos troupes en attente ? questionna le devin.


– J’en suis convaincu. Il ne peut aller contre ma volonté, répondit l’empereur.


– La Concession Divine est très claire là-dessus : Nul homme ne doit intervenir. Ils devront se battre avec toute la fougue de la main qui les a forgés, sous le regard de leur dieu, cita-t-il.


« Même si c’est derrière des barreaux, termina en pensant Chèl Mosasteh. »


Entendant ces dernières paroles, le Magnus Kéol eut un frisson de crainte qui parcourut son échine. Il se rappela que cette nuit se jouait une importante phase de son existence.

Note de fin de chapitre:

Ce texte est librement partageable sur internet, c’est même encouragé ! Veillez juste à ne pas le modifier ni le commercialiser et à citer mon nom. Sébastien Dubois.

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