Lien Facebook



En savoir plus sur cette bannière

- Taille du texte +

– Moi, Bomboyoyo, ordonne te fous rendre, esclaves !


Ses lèvres tuméfiées l’empêchaient d’articuler, mais sa voix gardait de sa limpidité féminine. Il portait à nouveau son imposant daïka, qui renvoyait des éclairs de lumière. Derrière lui, les soldats s’amassaient et semblaient ne plus finir de dégueuler de la petite tourelle. Il leur fallait parcourir plus de cent mètres pour les atteindre.


« Cela devrait me laisser assez de temps pour entourer le lasso improvisé autour de ma cible, pensa Kwo. »


À la première tentative, Kwo toucha le mât mais ne parvint pas à passer le lasso autour. L’outil, fait de plusieurs cordes, était mal équilibré et difficile à manier. Yurlh par-dessus son épaule l’observait faire, avec autant d’espoir dans les yeux que cela fonctionne. Ramenant le cordage vers lui pour se préparer à une nouvelle tentative, l’aomen fit un tour de visu afin d’évaluer l’avancée des ennemis.


Bomboyoyo qui avait déjà dû monter tous les escaliers se trouvait bien essoufflé. Sa vitesse de progression en était largement affectée. Et si la pluie de coups de poing assénés par l’orkaim ne l’avait pas dissuadé de venir jusqu’ici, son visage de tomate mure avait consumé toute volonté de faire du zèle à ses soldats. Ils restèrent en rang derrière.


Kwo plia les genoux, espérant que les vingt centimètres gagnés feraient la différence, et fit une seconde tentative.


– Yah ! cria-t-il victorieux.


Le lasso venait d’entourer le mât.


– Gnia ! sourit Yurlh à l’unisson.


La joie fut de courte durée. Car au moment de tirer, le lasso lâcha prise.


– NOON ! brailla Kwo, accompagnant de son cri la corde qui tombait sur le côté.


Le troisième lancer fut trop précipité. Kwo commençait à trembler de ne pas y arriver.


Traversant la porte de la tourelle, on entendit la voix de Chamanoukélif qui avait suivi. Plutôt que d’emboiter le pas à la troupe du géant blanc, il partit de l’autre côté, empruntant le chemin de gauche du mur longeant les eaux du port.


– Rendez-vous… Revenez mes… choses… mes biens… couinait-il à en perdre le souffle.


– Moi, Bomboyoyo, fous ordonne de fous rendre !


La voix se faisait plus proche, lancer après lancer. Cette fois, Yurlh se retourna.


– Rrrrh !


Il grogna dans leur direction, montrant les crocs, telle une bête traquée. Bomboyoyo et sa garde, maintenant à quelques pas, reculèrent, craignant les grognements du monstre qui semblait se métamorphoser devant leurs yeux. Ses muscles se gonflaient d’en découdre. Ses poings s’ouvraient et se fermaient. Et pire, son tatouage, par endroits, s’animait. Il avançait en pliant les genoux, prêt à bondir.


Bomboyoyo avait perdu de sa superbe, celle de leur première rencontre. Il savait que l’orkaim ne lui laisserait pas une seconde chance. Sur le toit, en cette belle journée, alors que le soleil devait faire fondre le chocolat de ses pains, il jouait sa vie pour un esclave. Alors, il recula et tous ses soldats firent de même. L’assurance que démontrait le barbare, seulement habillé d’un pagne, prouvait qu’il avait dompté la crainte du daïka. Daïka que le barbare fixait, comme pour se l’approprier du regard, et ressentir chacun de ses mouvements. Il ne tarderait pas à attaquer, sauf si Bomboyoyo continuait à reculer. Alors, il reculait.


– Revenez, mes denrées… Soyez des miens… non… Non, ne sautez pas, clamait, d’une voix de prêcheur, le marchand, prêt à lâcher quelques larmes.


Yurlh avançait en S, couvrant les largeurs, tel un tigre en cage, mais bel et bien libre de sauter à tout moment. Ni les gardes ni Bomboyoyo ne se sentaient à leur aise. À vingt mètres de haut, tous redoutaient la chute.


– Je l’ai ! Je l’ai ! appela Kwo en direction du barbare.


Bomboyoyo n’espérait qu’une seule chose, qu’il l’entende et s’enfuie. Car si l’aomen criait fort, l’orkaim semblait plongé dans la concentration d’un assaut imminent.


– Je l’ai, Yurlh !!


– RAURGH ! rugit l’orkaim pour les faire encore reculer.


Et sur cette dernière victoire, il courut vers son ami à grandes enjambées. Galvanisé par la peur qu’il venait d’inspirer à plus de vingt hommes, ainsi qu’au géant au daïka, Yurlh bouscula Kwo. Trop près du bord, ce dernier en perdit presque l’équilibre.


– Holà, holà, pas comme ça ! Prends la corde et tire pour la tendre, expliqua Kwo, tout en la tenant lui aussi.


Tous les regardaient faire l’impensable : sauter d’un mur de vingt mètres de haut avec une corde tendue dans le vide. Il était certain qu’ils allaient s’écraser sur un navire, un ponton ou, au mieux, se noyer dans les eaux du port. Chamanoukélif en pleurait.


– Non, ne sautez pas. Ne gâchez pas tout.


Quand Yurlh tira la corde, le bateau se pencha juste un peu sous sa traction. Puis aussitôt, le navire reprit de se remettre droit. Les deux compères ne purent retenir cette force qui les attira dans le vide.


– AAAHHH !

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

Joins-toi à nous sur www.yurlh.com

 

Vous devez vous connecter (vous enregistrer) pour laisser un commentaire.