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Passer la porte sud d’Ildebée, avec en chargement un Hurleur, Larlh Vecnys pensait que cela aurait été plus difficile. Était-ce la chance ou le fruit des manipulations mentales orchestrées par le devin ? Larlh Vecnys ne put le déterminer. Toujours est-il que d’autres eurent plus de problèmes à franchir le cordon de gardes qui veillait à l’entrée. 


Il est vrai aussi que le bazar régnait en cette fin de matinée. Les gardes avaient moult chargements à vérifier. Ils étaient en quelque sorte débordés par la populace qui fourmillait maintenant en quête d’un trésor sans gloire ni reflet, pouvant garnir un peu plus son bol de pitance quotidien.


En remontant l’allée centrale, l’une des rares rues véritablement praticables quand il était question de tirer un charriot, elle sentit une sorte d’effervescence au sein de la cité. Des groupes parlaient. Certains, des commerçants en mal de clients, avançaient même l’espoir d’une paix dans les discussions. 


« Une paix, pfff. Ils feraient mieux de plier bagage et de déguerpir au plus vite de cette cité maudite. Et d’ailleurs, aussitôt ma mission terminée, je pars pour Élinéa, pensait Larlh Vecnys qui avait foulé l’horrible champ de bataille et ne pouvait oublier les centaines de tentes des Conquérants. » 


Certes, elle avait remarqué les milliers de morts, mais combien étaient-ils, encore prêts à s’étriper ? Il fallait voir cela de plus près pour comprendre que cette guerre était loin d’être terminée enfin, pas après une telle boucherie. De cela, Larlh Vecnys était persuadée et c’était ce qu’elle se répétait dans la tête. 


Ses deux sbires peinaient parfois à tirer le charriot qui avait tendance à se coincer sur une petite marche. La rue principale en était truffée. En effet, comme la cité d’Ildebée avait été bâtie au cœur d’un vallon, entre deux flancs de collines faiblement pentues, les rues n’avaient de cesse de monter et descendre où qu’on aille.


– Allez du nerf, on n’a pas toute la journée, fainéants ! leur cria-t-elle peut-être un peu trop fort à en croire les visages des habitants qui se retournèrent.


Enfin, après avoir durement œuvré pour y arriver, ils entrèrent dans la cour de la tour. Elle était entourée d’un mur cachant la vue et d’un portail de bois, que Larlh Vecnys prit soin de refermer aussitôt à l’intérieur. Non, elle n’attendit pas que l’un de ses servants le fasse à sa place. La peur avait dû la contraindre à ce geste habituellement réservé aux aracknys mâles. 


Afin de ne pas la rabaisser à des tâches subalternes, même s’ils étaient tous deux fatigués, le plus trapu enchaîna sans tarder. Il fallait encore ouvrir la double porte d’accès à la tour, monter la pente de pierre maçonnée devant l’entrée avec le charriot et, une fois dans sa base, une journée de préparatifs commençait. 


Maintenant le portail bouclé, Larlh Vecnys se sentit un peu plus rassurée. La suite était affaire de temps, les risques de mauvaises rencontres avec les gardes rouges étant écartés. Adossée au portail, Larlh Vecnys vit le casque menaçant du Hurleur. La couverture de lin qu’ils avaient déployée au-dessus avait dû glisser dans un dernier cahotement du charriot. 


Finalement, elle se dit que les problèmes n’avaient pas encore commencé. Une telle brute, si elle se réveillait, pouvait à tout moment lui briser les bras et les jambes et faire deux bouchées de ses maigres servants.


– Enlevez-moi de suite son casque. Il me donne la chair de choup.


Ils mirent un certain temps à comprendre comment le casque était attaché. Car, un habile système l’empêchait de tomber. Le temps qu’ils cherchent, cela énerva Larlh Vecnys qui préféra quitter les lieux. Une fois dans la tour, il fallait encore le dévêtir de son armure, l’amener jusqu’en haut à l’aide du palan et tout cela, avec le risque qu’il se réveille et dévaste tout sur son passage, en bon Hurleur qu’il était.


Larlh Vecnys avait eu son lot de peur pour la journée. Elle ne savait pas travailler hors du cercle de la tranquillité. Aussi, elle alla chercher de suite sa boite en acajou d’aiguilles de tatouage. Le temps qu’elle revienne, ils avaient réussi à le découvrir de son casque monstrueux. 


En dessous, se révélait un visage anguleux, à la mâchoire proéminente. Son crâne était chauve et orné d’une bosse assez plate commençant depuis son front et se prolongeant jusqu’à sa nuque. Il ressemblait faiblement à un félin, mais imberbe et à la peau ocre-rouge. C’est ce qui lui vint à l’esprit comme animal le plus proche. Ses oreilles placées un peu hautes et légèrement pointues le lui firent penser.


– Sans ton heaume, tu es bien moins impressionnant. Mais il te reste plus d’une centaine de kilos de muscles, alors je ne vais pas prendre de risque, dit-elle en ouvrant le capuchon d’os de son flacon d’encre de kraken.


Sous les yeux écarquillés des deux acolytes, Larlh Vecnys trempa une aiguille de métal brillant dans le flacon. Elle commença à lui piquer avec dans le cou, juste en dessous du menton. À ce moment-là, l’orkaim se raidit, ouvrit les yeux et cria.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

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