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Bien que le hall eût des allures de palais, il sentait cette odeur caractéristique des lieux fermés depuis longtemps. La seule lumière ici était celle apportée par l’entrée, laissant obscur le fond de la pièce et son haut plafond.


– Hé ! J’aurais besoin d’une…


Mais la demande devrait rester sans réponse car le haut chambellan avait déjà traversé le jardin. La crainte de ce lieu, au premier abord inoffensif, avait fait taire les rhumatismes du maître des clefs.


Seule et sans lumière, Tahiriana entra, excluant qu’une créature puisse vivre en un lieu si isolé, sans nourriture pour se repaitre. Pénétrant à l’intérieur, ses yeux s’habituèrent au peu de luminosité. Arrivée au centre du hall, alors qu’elle découvrait les contours des murs, Tahiriana la vit lentement apparaitre. Imposante et majestueuse, de haut en bas et de long en large, la tapisserie couvrait tout le mur du fond.


Malheureusement, les couleurs étaient ternies par l’obscurité. En son milieu, le buste du Magnus Kéol, habillé de son armure écarlate, dominait, entouré d’autres personnalités, malheureusement dans la pénombre. Rares étaient les occasions d’observer pareille œuvre. Et, la prétorienne pestait d’être sans lumière.


Enfin, elle se souvint qu’au fond de son aumônière, le devin avait glissé un drôle d’outil et une pierre pour faire du feu, accompagné d’une petite remarque et d’un sourire malin. Cela vous servira, je vous le promets.


Perdait-il son temps et son pouvoir à rechercher des visions aussi anodines ? Ou avait-il plutôt perçu le caractère fier de son obligée ? En effet, Tahiriana n’avait nulle envie d’aller quémander une lanterne. Elle serait passée pour une débutante, sous un ricanement moqueur du vieil homme.


Alors, après avoir récupéré une bougie d’un large diamètre qui était enchâssée dans un chandelier fixé au mur, elle s’agenouilla et débuta de l’allumer. L’outil était une boucle en fer, à prendre entre les doigts, et il fallait la faire glisser sur une pierre allongée, avec vigueur avait ajouté Chèl Mosasteh. En effet, l’allume-feu était pratique et de la pierre giclait déjà des étincelles qui brillaient sur les murs. Elle eut tôt fait d’embraser la mèche. Et d’une flammèche, une plus grande révéla les voisins de l’empereur.


À sa gauche, un monstre d’acier, aux mâchoires de fer, dominait des lances pointées vers son torse. À la lumière de la flamme qui s’allongeait, les lances semblaient des cure-dents devant ce guerrier de cinq mètres de haut. Tahiriana restait bouche bée face à ce travail qui avait dû occuper des dizaines de tapisseuses. Elles étaient ici très habiles et rivalisaient avec les plus grandes artistes des terres de Kromroch.


Le Magnus Kéol était encore plus grand, coiffé de son heaume et de son armure rouge et or. Elle marcha jusqu’à sa droite pour découvrir l’autre guerrier. Lui, chevauchait un destrier des plus étranges, muni d’ailes translucides. Tahiriana avait eu vent de ces cavaliers dont l’Empire disposait, mais elle n’en avait encore jamais vu. Ici, sur une toile tissée, elle le découvrait pour la première fois, et naissait l’envie de le chevaucher et de voler. Le cavalier, vêtu d’une armure complète, pointait vers le ciel, l’étendard de l’Empire, dont la pointe s’étirait jusqu’à presque toucher… la lune.


La lune rouge régnait au-dessus du heaume de l’empereur. Le trop peu de lumière l’empêchait de voir distinctement les ombres qui entouraient l’astre écarlate. Mais, il lui paraissait que le corps d’une créature, cachée dans la noirceur de la nuit, montait jusqu’à elle. Elle ne pouvait pas en être certaine car le peu de luminosité jouait en sa défaveur et était peut-être la cause de ce trop-plein d’imagination.


Mais, ses mains vinrent toucher la toile, comme pour s’assurer que ses yeux ne se trompaient pas. Là, entre le Magnus Kéol et la tête de la créature volante, d’imperceptibles nuances colorées dessinaient, selon elle, une myriade d’écailles révélant un serpent gigantesque. Un serpent dont les deux crocs acérés s’enfonçaient dans la lune, pour la dévorer.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

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