Lien Facebook



En savoir plus sur cette bannière

- Taille du texte +

– Le sort en est jeté maintenant. J’ose espérer que le Saint Juste ne s’est pas trompé sur son compte. De la volonté, c’est de ça qu’elle aura le plus besoin. Et je crois qu’elle en a, sourit le devin en se marmonnant à lui-même.


Son pied de bois le faisant souffrir, il fut contraint d’aller s’assoir sur le fauteuil de la réflexion, comme il aimait à le nommer, situé en face de la fenêtre. Même si les murs étaient encore épais d’un mètre à cette hauteur, le soleil parvenait à réchauffer son tissu rouge et or. Il regarda un instant la fenêtre et soudain fut pris d’une peur panique. D’ici, il ne voyait plus les barreaux qui avaient été scellés dans l’ouverture. Pour sûr, il ne les voyait plus puisque c’était à sa demande qu’ils avaient été placés parallèles aux croisillons de bois de la fenêtre. Toutefois, pour s’en assurer, il força sur ses bras et se releva. Chèl Mosasteh poussa un soupir de soulagement en observant les barres d’acier sur lesquelles ni l’air ni l’humidité n’avait apposé de rouille.


– Vous pouvez monter jusqu’ici, vous pouvez. Une belle surprise vous y attend… assassins, se grommelait à lui-même Chèl Mosasteh, tout en passant la main sur son menton imberbe.


– Mais qui a bien pu commanditer cette tentative ? Car cela ne fait aucun doute, dans la porte tu es mort. Mais quelque chose de toi a survécu, une partie suffisante de ton corps est passée de l’autre côté… C’est ça… une partie qui aurait pu contenir et transmettre le savoir que tu m’as volé, ignoble petit traitre… à moi… moi qui t’ai tout appris.


Ses yeux furent attirés de nouveau par les palpitations de la pierre rougeoyante, posée non loin du parchemin.


– Si là-bas, c’était le fruit de la terre, combinée à la malchance, sur l’île de l’Expiation, seul un initié pouvait savoir où chercher. Et puis, cela ne fait aucun doute, tu as tout fait pour tenter de me masquer ton méfait. C’est bien là ta signature d’avorton, incapable de faire face à ses responsabilités.


Je vais le lire ton parchemin, quand tout sera prêt pour l’ouvrir. Car qui sait quel maléfice tu as pu y écrire, infâme morpion ? Un morpion qui commence sérieusement à me gratter. Faudrait-il que je déchaîne les foudres de mon empire sur les terres qui te servent de cachette ? Si tant est que tu te caches à Kisadyn. Ou est-ce encore une ruse pour gagner du temps ? Oui, c’est ça ! Tu cherches à gagner du temps. Tu l’as délivrée de sa sépulture, mais tu t’es rendu compte qu’il t’est impossible de lui apporter tout ce qu’elle doit ingurgiter pour être réveillée. Alors, l’occasion était trop belle. Mais ta tentative a échoué et je suis ici… Ici, dans mon havre d’invincibilité… Tu ne t’attaqueras pas à ma tour… Tu ne peux pas.


Chèl Mosasteh passait maintenant à l’euphorie de se sentir tout-puissant, d’enfin pouvoir toucher ce qu’il convoitait depuis si longtemps.


– Du temps, j’en ai finalement… J’en ai, soupira-t-il, soulagé de pouvoir le penser. Et quand elle reviendra, ce ne sera que pour me confirmer tout cela. Il ne te restera plus que quelques lunes avant que mon émissaire ne te retrouve… traitre !


Et c’est sur ces mots que la fine clochette tinta, lui imposant de sortir de ses pensées. Elle tinta à plusieurs reprises, ranimant dans ses souvenirs la manière propre à l’empereur de démontrer son impatience. Et même s’il fit un rictus d’exaspération, plissant son nez et grinçant des dents, il se dirigea vers la porte qui fermait le vestibule et apposa son œil sur le judas de verre avant de porter sa main sur le levier qui devait libérer la porte d’entrée.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

Joins-toi à nous sur www.yurlh.com

 

Vous devez vous connecter (vous enregistrer) pour laisser un commentaire.