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Le plateau d’argent tomba dans le couloir, cinglant comme l’instrument d’un musicien, détournant le regard du prétorien. Olivar s’écroulait à sa suite, entouré de jets de sang, arrosant les murs de chaux blanche. Derrière, un être habillé de soie noire, moulant son corps d’assassin, retirait, du cou du jeune laquais, le double stylet qui venait de percer sa jugulaire.


Un instant qui dura, les deux se toisèrent. L’assassin, aux formes athlétiques et à la taille féminine, restait surpris de contempler le Saint Juste exécutant, sous ses yeux, celui-là même qu’elle était venue tuer.


Dreik Varagone, l’observant retirer la pointe du cou de son jeune écuyer, reprit le contrôle de sa personne, que ses émotions avaient transformée en démon. Il relâcha de suite sa prise, espérant n’avoir pas dépassé le point de non-retour. La cible de l’assassine n’était autre que le devin. Sa foi en Kisadyn, qui ne lui avait pas parlé depuis fort longtemps, le persuada de la justesse de son jugement. D’un coup, il s’interposa entre le devin et la femme en noir, sonnant le glas de la trêve.


Serrant fort entre ses doigts la pique qu’il utilisait pour manger, il marmonna :


– Une vengeresse de la nuit dans la cathédrale de Kisadyn, dans mes appartements, quelle audace !


Il y eut d’abord un silence, pendant lequel Dreik Varagone fut heureux d’entendre la respiration, certes faible, mais existante du devin et de sentir entre ses doigts tomber la froideur du fer.


– Laissez-moi terminer le travail. J’y apposerai ma marque et tout cela ne sera plus qu’une fâcheuse histoire.


La garce pensait qu’il allait se laisser embobiner. Elle gagnait du temps. Dreik Varagone le savait mieux que quiconque. Ces assassins n’agissaient jamais seuls. Elle hésitait à entamer l’affrontement avec le Saint Juste, un guerrier qui, même s’il n’était armé que d’une pique à viande, avait affronté des créatures autrement plus monstrueuses qu’elle. 


Rapidement, il fit un tour de salle de visu, afin de s’assurer qu’aucune autre n’était présente dans la pièce. La porte donnant sur l’étage restait fermée. Hormis les fenêtres et le couloir menant à la cuisine, couloir dans lequel elle était, il n’y avait aucune autre issue. Il la toisa du regard du combattant déterminé.


– Vous ne me vaincrez pas. Je vais transpercer votre cœur avec cette pique à viande et il s’arrêtera, avant même que vous ayez pu m’enfoncer votre stylet empoisonné.


Dreik Varagone s’avança d’un pas assuré et l’assassine recula. Pas facile de se retrouver face à un tel adversaire. Le Saint Juste était entouré de légendes. 


Cela faisait trop longtemps qu’il ne s’était pas battu, et pourtant, la fièvre de l’affrontement l’inonda immédiatement. C’était cette vague qui toujours l’accompagnait dans tous ses combats.


Alors qu’elle reculait, faisant mine de craindre le corps à corps, son arme déchira l’air, aussi vive que les crochets d’un serpent. Elle visa justement la poitrine et le cœur du prétorien, pour que le poison agisse au plus vite et la débarrasse de ce dangereux adversaire. Elle avait interprété les paroles et les gestes du Saint Juste comme un excès de confiance et y avait vu une opportunité d’attaque.


Toute l’expérience acquise pendant les dizaines de sillons à arpenter les terres du Monde des Trilunes, Dreik Varagone, ce soir, la mit à profit. Il esquiva, au moment même où elle entreprit de frapper, et accompagna son coup pour planter sa pique dans son poignet, la figeant dans le calcaire du mur. Et, pour faire écho à sa mise en garde, il sortit de derrière son dos, la pique que lui avait remise en cachette le devin, la prenant par surprise, pour l’enfoncer, de tout le poids de son corps, dans le cœur. L’éclair de vie dans ses yeux aussitôt s’éteignit.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

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