Depuis le haut de la colline, on voyait la vie. La vie de milliers de gens qui se bousculent, la lumière aux fenêtres, le ronronnement lointain des moteurs, ces gens qui ne se parlent pas, qui s'évitent quand ils se croisent sur le trottoir. On voyait les années s'écouler le long des avenues et la naissance des grattes-ciel. Il y avait tant de choses et pourtant il n'y avait personne.
Il avait une vie qui n'existait pas, une existence sans aucun sens, il n'était que divagation d'un esprit dérangé. Il n'était que fumée.
Il leva la main, cachant une partie de ce monde à ces pieds, effaçant ces êtres qui, inconnus, étaient inexistants. Son corps lui paraissait irréel. Les contours de ses doigts étaient brouillés, tracés par les lumières lointaines de la ville. Peut-être parce qu'il pleurait.
S'il faisait plus sombre encore, il disparaitrait entièrement.
Il n'avait plus mal. Il ne sentait plus rien. Après la douleur fulgurante qui lui avait traversé le coeur, broyé les côtes, coupé le souffle, étranglé, tabassé de toute part, il ne sentait plus rien. Ni l'air tiède sur son visage, ni la mort lorsqu'elle avait dit qu'elle ne l'aimait plus. Il ne sentait plus rien, il n'existait plus. Il n'y avait en lui plus rien de vivant que ses pensées qui se délitaient dans sa contemplation muette de la vie, du haut de la colline.
Ne plus penser, ne plus ressentir. Ne plus être.
Puis l'aube brûla ses yeux usés de sommeil et son corps quitta la colline. Un pas après l'autre. Ce n'était plus la ville, à ses pieds, c'était un autre monde. Un monde qui ne vivait pas d'essence et d'alcool, un monde lointain. Il y avait le chant des oiseaux et le bruissement des fourrés, il y avait les feuilles mortes qui craquaient sous ses pieds et le murmure d'un torrent. Il y avait des milliers de possibilités sous ses yeux et autant de couleur. Tout vibrait, tremblait, frémissait, respirait. La douceur des feuilles sous ses doigts. La brûlure des orties. Le délicat bouquet des fleurs, de la terre et de la pluie. Il voulait rire et embrasser le monde.
C'était un autre monde, un monde sans elle, et dieux, que ce monde était beau.
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Notes d'auteur :
Hola !
Me revoilà avec un texte écrit pour les Nuits, sur le thème Echapper. Je ne saurais vraiment dire s'il a sa place ici, mais il ne l'a nulle part ailleurs. C'est fou, je me suis prise de tendresse pour ce petit personnage sans nom en l'écrivant, et je suis un peu triste de me dire que je ne le reverrais pas...
Me revoilà avec un texte écrit pour les Nuits, sur le thème Echapper. Je ne saurais vraiment dire s'il a sa place ici, mais il ne l'a nulle part ailleurs. C'est fou, je me suis prise de tendresse pour ce petit personnage sans nom en l'écrivant, et je suis un peu triste de me dire que je ne le reverrais pas...
Note de fin de chapitre:
Merci d'avoir lu !
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