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Un SMS d’invitation avait été envoyé à tous les habitants de la ville et, alors que son père s’absentait pour soulager sa vessie, Timothy eut l’occasion de tomber dessus. Le portable de son père n’était pas protégé par un code (erreur digne d'un débutant). Timothy avait dans l’idée d’appeler un ami pour qu’on vienne le chercher et qu’il puisse échapper à cette journée absurde, mais ce texto lui fit entrevoir un projet beaucoup plus vaste!

-Allô, Tom? Tu m’entends?
La réponse n’était pas très engageante mais le jeune homme poursuivit :

-Ecoute, faut que tu viennes! J’ai un super plan mais faut que tu viennes me chercher avant.
Timothy n’était pas dupe: s’il voulait être secouru par son meilleur ami, il fallait que celui-ci ait une bonne raison de venir le chercher. Sans une carotte, l’âne n’avance pas! Il se dépêcha donc de promettre la soirée de l’année à son camarade de classe. Pour la première fois de sa vie, Timothy se sentait une opportunité de faire un truc complètement dingue.

-Et il faut que tu rameutes le plus de gens possible! Dis-leur qu’on se rejoint tous chez toi. T’as compris ?
-Quoi? Quoi?! Mais de quoi tu parles, bordel?!
La voix de Tom trahissait une panique naissante. Loin de se démonter, Timothy fut tout à coup submergé d’énergie, d’enthousiasme, même! Il était sûr, sûr de son coup et sa propre-voix (ferme et rassurante à la fois) l’étonna quand il répondit:

-Fais ce que je te dis. Fais-moi confiance, Tom. Je sais ce que je fais: aujourd’hui, c’est nôtre jour!
Et il raccrocha.

Tom resta frappé un moment mais il s’exécuta sans bien comprendre pourquoi.
-J’en sais rien okay?! aboyait-il quelques heures plus tard. Foutez-moi la paix: j’en sais pas plus long que vous autres!
A présent, les quelques amis qui étaient venus ne cessaient de le harceler pour connaître le plan de cette mystérieuse soirée. Tom était le seul à avoir parlé à Timothy. Les questions allant bon train, personne n’avait encore prêté attention aux échos de musique de fanfare qui venaient de la ville. Tout le monde suivait Timothy parti devant et qui refusait de dire un mot, lointain, inaccessible!
Et pour cause! La vérité, c’était que le jeune homme ne savait pas lui-même où il allait. Le pire, n’arrêtait-il pas de se répéter, c’était qu’Emily était venue! Et malgré son bonnet vissé sur la tête, son col remonté jusque sur la bouche, la jeune fille avait quelque chose du rêve brûlant qu’il avait fait la nuit précédente.

-Excuse-moi, Tim…? fit alors Emily. Elle est où, cette fête?
Au moment où il changeait de couleur, Timothy remarqua de la fumée au loin, par-dessus l’épaule de la jeune fille. Ca semblait venir de la forêt. Son sang se figea si bien qu’il passa de pâle à livide! Ou peut-être était-il devenu bleu, vu la tête que faisait maintenant Emily!

-Hé, ça va?
Elle posa même sur son bras une main hésitante mais chaude malgré le gant qui la couvrait.

-…là, regarde! peina-t-il à articuler.

Timothy improvisait mais au fond de lui il craignait que cette fumée noire ne soit simplement un mauvais présage, un peu comme la musique angoissante donne au spectateur la sensation que le film va mal tourner. Et puis tout à coup, il se souvint de Norman. Son père! Son père qu’il avait laissé seul là-bas… Et si la fumée c’était un feu? Et si son père était dedans?! Pour la première fois de sa vie, Tim réalisa que Norman était aussi le nom d’un sapin, et que rien ne flambe plus vite que cet arbre-là!
Pendant ce court moment de réflexion, Emily avait quant à elle pensé à tout autre chose… La fumée devait venir d’un feu de camp servant de point de ralliement pour la fête! Elle se dressa sur la pointe des pieds…

-Génial! Venez! cria-t-elle avant de prendre la tête du cortège.
Les jeunes gens s’avancèrent à la suite d’Emily vers la forêt. Ceux qui avaient commencé à s’impatienter accordèrent à Timothy le bénéfice du doute : on verrait bien ce qu’il y avait à voir là-bas, tout droit…
Timothy se faufila jusqu’à hauteur d’Emily pour calmer son enthousiasme. Il essayait tant bien que mal de lui faire entendre que, eh bien, que… Après tout, on ne savait pas bien ce qu’on allait trouver dans la forêt, ni ce que cette fumée signifiait. La jeune fille s’arrêta pour le regarder en face:

-Nous non, mais toi Tim, tu sais très bien où tu nous emmènes!
Le jeune homme déglutit difficilement. Est-ce qu’il pouvait sérieusement dire que non, il ne savait pas?! Emily eut un clin d’œil complice avant d’ajouter, pour achever d’un coup d’un seul son camarade:

-Je n’aurais pas cru ça de toi, au début… Mais tu es vraiment un garçon surprenant!
Un garçon surprenant… Timothy se répétait les paroles d’Emily sans arriver à y croire. Maintenant, il fallait juste…assurer! L’horizon s’était bouché depuis que les jeunes étaient entrés dans la forêt. On ne voyait que l’arbre de devant, et puis l’arbre suivant, encore un autre, et a priori sans fin. Pourtant, Timothy savait qu’ils arrivaient au bout de ce bois. Il connaissait bien l’endroit. Précisément parce que c’était là que son père et lui venaient chaque année attendre la marmotte. Emily et ses amis peinaient à le suivre et quelques pas les séparaient maintenant de Timothy. Il avait beau mener la troupe, ce-dernier se sentait comme un capitaine cachant à son équipage le naufrage imminent… A la place d’un spot de jeunes, ils allaient découvrir une clairière des plus banales, et au bout une sorte de colline rocheuse. C’était là que vivait la colonie de marmottes. Il n’y avait rien d’autre à voir! Timothy, lui le savait déjà. Les autres étaient à dix mètres de le découvrir… Cinq mètres! Deux, un…
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