Lien Facebook



En savoir plus sur cette bannière

- Taille du texte +

Notes d'auteur :
Ce chapitre est un peu particulier car il ne s'inscrit plus dans la démarche du labyrinthe (celui-ci s'étant arrêté). Je n'ai donc eu aucune consigne pour l'écrire. A moins que je change d'avis, il s'agit du dernier chapitre de cette fiction. Bonne lecture !
La semaine était passée à une vitesse phénoménale. Une semaine riche en émotion pour Maïwenn et assez complexe pour Carla. Tandis que l’une avait dû gérer son emploi du temps au mieux pour organiser son départ (rencontre des beaux-parents oblige), l’autre avait dû maitriser l’humeur intempestive de Blandine qui la harcelait littéralement par téléphone. Dieu merci on avait inventé le mode silence.

Le samedi du départ, le couple s’était levé à l’aube pour finaliser les bagages. Une grosse valise suffisait pour elles deux, bien que les affaires de Maïwenn en occupaient les deux tiers. A 8h30, la langue chantante de Carla réglait des comptes à travers le mobile alors que la bretonne faisait encore quelques allers-retours entre la salle de bain et la chambre. Elle trouvait toujours quelque chose à ajouter dans un coin libre de la valise. Ça ne l’empêchait pas de laisser trainer son oreille pour capter des bribes de la discussion téléphonique. Sans en être certaine, elle pensait comprendre que le cousin de Carla, Raul, ne pourrait pas être là pour venir les chercher à l’aéroport. Un imprévu qui ne plaisait guère à l’hispanique dont le ton montait subtilement. En faisant une pause dans son remue-ménage, Maïwenn glissa une main affectueuse dans la nuque tendue de sa compagne. Celle-ci avait beau garder un ton grave, Maïwenn pouvait constater que ses poils se hérissaient sur sa peau en réaction à ce contact doux et bienvenu.

“Bon eh bien, c’est ma soeur qui viendra nous chercher mais elle aura une demi-heure de retard.”, dit Carla après avoir raccroché. Sa voix était bien plus mesurée maintenant qu’elle s’adressait à Maïwenn.

“Oh ça ne fait rien, chérie. Le plus important c’est qu’on atterrisse en vie.”

Drôle de façon de parler pour une hôtesse de l’air, n’est-ce pas ? Ça n’était pas de l’humour noir. Maïwenn avait simplement la fâcheuse tendance à être stressée et stressante lorsqu’elle occupait la fonction de passagère dans un avion. Faut dire qu’elle aimait avoir les choses en main, sans mauvais jeu de mot. En tout cas elle avait réussi à provoquer un sourire sur les lèvres de Carla.

La pause détente fut cependant de courte durée. Carla leva son poignet gauche, lisant l’heure pour la dixième fois depuis qu’elle avait mis les pieds hors du lit.

“Il faut se bouger maintenant ! L’avion part dans deux heures et je sais que tu aimes bien qu’on ait suffisamment d’avance...”

Carla faisait mouche avec cette précision. Maïwenn sorti de sa semi-rêverie et s’en alla à nouveau dans la salle de bain. Cette fois c’était pour terminer sa toilette du jour. Carla était déjà prête. Elle attrapa la valise qu’elle venait de fermer sans demander l’autorisation, et la souleva du lit dans l’espoir irraisonné qu’elle n’atteignait pas les vingt kilos réglementaires. Le poids, surprenant de légèreté (tout est relatif), déstabilisa Carla qui avait préparé une force herculéenne pour la porter. Au moment de sortir de la chambre elle vit Maïwenn réapparaitre, toute en beauté. Ses cheveux bruns brillaient maintenant, et ses yeux étaient soulignés de noir. Mais ce qui arracha les yeux de Carla fut la vue de ce majestueux collier autour de son cou. Elle en détourna vite le regard et traversa le couloir pour déposer la valise dans le salon. Ce que ce bijou pouvait lui mettre les nerfs. Et elle allait devoir le supporter jusqu’à ce que Maïwenn s’en lasse et remplace, ou jusqu’à ce qu’elle le perde accidentellement...

Ding-dong. On sonnait à la porte.

“C’est chez nous que ça vient de sonner ?”, demanda Maïwenn en passant la tête hors du couloir.

Carla ne répondit rien. Elle savait très bien que c’était chez eux qu’on avait sonné, et ce n’était vraiment pas le moment. Lâchant prise sur la valise, elle se déplaça jusqu’à la fenêtre qui donnait sur le parking. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle crut reconnaitre la berline noire de Patrick, celle qu’il avait fait vrombir au moment de partir après la fête d’anniversaire. Maïwenn s’apprêtait à aller ouvrir, l’air interrogateur, mais Carla la devança d’un pas vif.

La porte s’ouvrit et dévoila le visage et le sourire plastifié de Patrick. Il avait bien choisi son jour pour débarquer à l’improviste.

“Bonjour, qu’est-ce que tu fais là ?, dit Carla peu engageante et sans vraie politesse.

-Je veux parler à Maïwenn.”, répondit-il sans plus de forme.

Le stewart, dans sa chemise bordeaux, fit glisser son regard au-dessus de Carla qu’il dominait par sa taille. D’un geste inattendu il poussa la porte d’entrée en grand et se fraya un chemin pour entrer, écartant Carla au passage.

“Ça ne va pas ? Hey, je ne te permets pas de rentrer chez moi !”, hurla Carla désarmée, avec l’espoir sans faille que ça arrêterait cet idiot dans sa démarche.

Malheureusement pour elle, Patrick avait la détermination avec lui. Maïwenn se redressa, prise au dépourvu. On aurait dit un petit animal pris entre deux phares, incapable de bouger et incapable de s’évanouir.

“Maïwenn, il fallait que je vienne te le dire, avant que tu prennes l’idiote décision de t’envoler pour Séville. Patrick marqua une courte pause. Je t’aime Maïwenn, et je ne crois pas être fou de penser que tu ressens quelque chose pour moi aussi.

-Patrick tu.., balbutia Maïwenn avant d’avaler difficilement sa salive, lançant un regard de détresse à Carla.

-Quoi ? Sérieusement Patrick !? Grogna Carla en les rejoignant près du couloir. Tu crois pouvoir déclarer ta flamme à ma future femme, sous mes yeux ? Tu es ridicule... vete de aqui, dégage !”

Dans un mouvement rapide, Patrick se retourna, l’air sévère, vers Carla. On aurait dit qu’il enrageait tout à coup. Le combat de rivalité s’engageait alors.

“Toi tu n’as absolument rien à dire.

-Oh si j’ai quelque chose à …

-Oh non ! Répliqua fermement Patrick. Il lança un regard implorant à la bretonne. Maïwenn, cette fille te trompe. Je suis navré de te l’apprendre de façon aussi brutale, mais Carla couche avec Blandine.

-Qu’est-ce que tu racontes Patrick... Inutile de salir Carla, si tu crois que ça fonctionne comme ça.”

Maïwenn avait donc retrouvé la parole, elle était choquée par ces accusations, et Carla était devenue muette.

“Carla, pourquoi il dit ça ? C’est quoi cette histoire ?

-Je l’ai compris tout de suite dimanche dernier. Tu n’as pas vu comme Blandine lui faisait du rentre-dedans ? Et bien sûr tu n’as pas vu son pied sous la table. J’ai même surpris un morceau de discussion entre elles... ça m’a tout simplement dégoûté. Tu mérites mieux que cette infidèle, Maïwenn.”

Le silence s’installait doucement. Patrick le laissait faire en pensant que la réflexion avait du bon. Maïwenn, quant à elle, sentait ses membres se mettre lentement à trembler. Le regard trouble à l’idée que son collègue lui dise la vérité, elle suppliait Carla qui se pinçait les lèvres.

“Je.. je peux tout t’expliquer, ce n’est pas.. Ce n’est pas ce qu’il raconte. Ese pendejo ne sait rien.

-Carla dis-moi simplement que ce n’est pas vrai. Dis-moi que tu n’as pas fait ça, je t’en supplie.”

Les larmes, de grosses larmes montaient aux yeux de Maïwenn les apparentant d’autant plus à la mer. Cette vision brisa le coeur de Carla qui baissa la tête, découragée de devoir enfoncer le clou. Cette fois elle ne se pinçait plus les lèvres, elle se les mordait, déplorant d’être coupable d’adultère.



Ding-dong. On sonnait à la porte.

“C’est chez nous que ça vient de sonner ?”, demanda Maïwenn en passant la tête hors du couloir.

Carla ne répondit rien. Elle savait très bien que c’était chez eux qu’on avait sonné, et ce n’était vraiment pas le moment. Lâchant prise sur la valise, elle se déplaça jusqu’à la fenêtre qui donnait sur le parking. Le soulagement envahit Carla tout entière lorsqu’elle ne vit aucune voiture familière sur le parvis. Pas de berline noire, pas de Patrick. Le temps de cette réflexion, Maïwenn était partie ouvrir la porte.

“Oh, Blandine, mais qu’est-ce que tu fais-là, tu sais bien qu’on doit partir...

-Salut Maïwenn, excuse-moi.”

Carla se tourna vers la porte d’entrée et vit une partie du corps de Blandine. Des cheveux blonds qui tombaient sur la partie visible de son buste, une jambe fléchie, recouverte d’un collant noir. Elle plissa fortement les yeux comme pour se débarrasser de la pensée déviante qui venait de faire irruption dans son esprit alors que Maïwenn tenait la porte face à son amie.

“Dimanche soir je pense avoir oublié quelque chose chez toi, euhm... je peux entrer ?”

Le coeur de Carla s’accélérait à l’idée que Blandine entre chez elles. Sans compter que ce ton intimidé qu’elle prenait ne semblait pas du tout naturel. C’était comme si elle avait préparé un nouveau coup. Carla en était presque à regretter le fait que ce soit elle qui déboule chez elle plutôt que Patrick. Blandine était imprévisible et sans gêne. À tout moment elle pouvait tout dire, et elle n’irait pas de main morte, Carla en était certaine.

“Très bien, fais comme chez toi mais fais vite, on part dans dix minutes, maximum.

-Merci, je me dépêche !”

Maïwenn refermait la porte derrière Blandine et haussait les épaules à destination de Carla qui se faisait discrète. La blonde fit quelques pas et se mit à sourire lorsqu’elle vit son amante.

“Salut Carla.”

Carla hocha la tête. Maïwenn fila dans la cuisine. Comme d’habitude elle allait manger à la dernière minute, histoire de ne pas se retrouver affamée dans l’avion. Ce qu’on y servait à manger était la plupart du temps à la limite de la péremption, répétait-elle souvent.

Blandine ne s’attarda pas dans le salon. Elle fit simplement signe à Carla de la suivre. D’un pas pressé elle se glissa dans le couloir et ses talons résonnèrent jusqu’à la salle de bain. Une sorte de boule nerveuse tordit le ventre de Carla qui fixait l’ouverture de la cuisine. N’y va pas, Carla, n’y pense même pas. Sa morale avait le mérite d’exister. Pourtant l’excitation était à son comble. C’était fou à quel point elle pouvait être en colère contre Blandine tout en la désirant de manière aussi indécente. Elle ne s’était pas rendue compte qu’elle serrait le bord de fenêtre en bois entre ses mains crispées, la tête basse, alors qu’elle luttait contre ses démons intérieurs.

“Carla, où est Blandine ?”, demanda Maïwenn qui mâchait encore quelque chose de croustillant.

Carla se redressa immédiatement en ouvrant les yeux. On aurait dit qu’elle se réveillait d’un mauvais rêve.

“Oh euh... no lo se, peut-être dans la salle de bain, lança-t-elle en haussant les épaules.”

Maïwenn fronça les sourcils et s’engouffra à nouveau dans le couloir menant au reste des pièces de l’appartement. La porte de la salle de bain était presque fermée.

“Blandine... ? Qu’as-tu perdu au juste ?”, demanda Maïwenn en poussant lentement la porte de la salle de bain d’où son amie en sortait tout juste, les mains derrière le dos.

“Ma bague ! Dit-elle en montrant vivement le dos de sa main droite. J’avais dû la laisser là quand je suis venue me laver les mains. Je suis tête en l’air.

-Ah, eh bien contente que tu l’aies retrouvée.”

Après cet épisode douteux, selon Carla, Blandine lui a lancé un regard noir de reproche et a salué le couple en leur demandant (faussement) de bien s’amuser pendant leur séjour en Espagne. Elle était bel et bien partie et aucun drame n’avait explosé. Rien n’avait fuité. Il était 8h42 lorsqu’elles dévalèrent les escaliers pour rejoindre la voiture sur le parking. Finalement elles arrivèrent un peu plus tard que prévu à l’aéroport Saint-Jacques, mais suffisamment en avance pour enregistrer leur unique valise. Le départ n’avait pas pris de retard, elles étaient montées dans l’avion sans encombre et avaient pu voyager l’une à côté de l’autre. Maïwenn était ravie. Elle rayonnait. Rien que pour cela Carla était heureuse. Tout ce qui avait pu embrouiller son esprit jusque-là s’était évanoui dans les yeux bleus de Maïwenn.



***


Je les ai laissées partir toutes les deux vers leur rêve honteux de relation parfaite. Maïwenn avait l’air tellement comblée par ce voyage chez les Ruiz que j’avais eu envie de vomir au moment où elles m’ont fait coucou par la fenêtre de chez elles. Ça m’était vite passé une fois dans le bus. Je sais que leur idylle sera de courte durée. J’ai déjà imaginé toute la scène de retour de leurs vacances. La réaction de Maïwenn en voyant le string provocateur sous le meuble de la salle de bain, son éclat de voix en lisant le post-it caché à l’intérieur, les tentatives désespérées de Carla pour sortir de cette situation navrante dans laquelle je l’aurai piégée, la colère brute et sèche de Maïwenn qui ne lui laisserait aucune autre option que celle de partir, et l’impuissance de Carla face à cet état de fait : elle lui a été infidèle.
Note de fin de chapitre:
Merci à ceux qui ont suivi cette fiction, et à ceux qui ont débarqué il y a peu. N'hésitez surtout pas à donner votre avis ou même votre ressenti.



A bientôt sur une autre fiction !
Vous devez vous connecter (vous enregistrer) pour laisser un commentaire.