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Notes d'auteur :
Cette histoire est dédiée à Mary R, super héroïne maltraitée et incomprise. Elle aurait pu être Duckwoman. XD
Je suis un super héros. Un justicier.
En tout cas, j'ai tout ce qu'il faut pour l'être. Un super costume, une super cape et un super masque. Et plein de bonne volonté, doublée d'un sens étroit de la Justice. Je suis fait pour ça et j'attends mon heure, en veillant sur la sécurité de mes concitoyens de Pretty-City.
Je suis sans cesse sur le qui-vive, et en même temps en retrait, dans l'ombre, car personne ne doit savoir ma véritable identité. Je n'agis pas pour la gloire ou la reconnaissance, même si j'aimerais bien qu'un jour Duckman fasse la une des journaux pour ses exploits.
Duckman, c'est moi. L'homme-canard aussi à l'aise dans les airs que l'eau, célébrant ses victoires de son célèbre caquetage. J'ai choisi le canard comme emblème après une balade au parc municipal où j'ai réalisé ma première action en tant que super-héros en aidant une vieille dame qui avait perdu son cabas à provisions.
J'ai depuis pris fait et cause pour la veuve et l'orphelin et toute personne opprimée ou mise en danger. Je débusque les bandits et traque des assassins chaque soir en parcourant les rues de Pretty-City.
Ça doit être grâce à mes nombreuses rondes que la ville est si calme. Je l'ai toujours connue ainsi et j'espère faire perdurer longtemps cet état. Vous ne connaîtrez jamais ma véritable identité mais si vous me croisez un soir dans les rues, arrêtant un voleur d'une audacieuse clef de bras (je fais du judo en club depuis l'âge de huit ans, je suis ceinture orange), vous n'aurez pas de mal à me reconnaître : je porte une cape rouge pareille à celle de Superman couvrant un costume vert foncé, comparable aux plumes d'un canard col-vert. Mon visage est dissimulé derrière un masque de la même couleur (j'y ai veillé en le peignant moi-même), mais laisse deviner un profil séduisant. Sans doute beaucoup de jeunes filles de Pretty-City sont-elles amoureuses de moi en secret, mais un justicier doit se dévouer à sa cause et je n'ai pas le temps de flirter avec mes admiratrices. Celles-ci sont d'ailleurs très respectueuse à mon égard, aucune d'elle ne m'a jamais importuné durant mes rondes en ville, et montrent même un grand respect en s'écartant à mon passage, pour ne pas me déranger peut-être.
A cela s'ajoute la démarche hésitante que je peux avoir vêtu de mon costume. S'il m'arrive de m'empêtrer dans ma cape, mon plus gros problème est le champ de vision réduit que me procure mon masque, me faisant parfois rater un trottoir ou une gouttière quand je traverse la ville en sautant de toit en toit. Le masque est nécessaire à ma condition de super-héros, il symbolise en quelque sorte par ses entraves, les difficultés quotidiennes qu'impliquent de telles responsabilités.
A présent, reprenons le cours de ma vie de justicier, aujourd'hui a lieu au musée de la ville le lancement d'une importante exposition de peintures, je me dois bien sûr d'être présent de façon discrète pour veiller au bon déroulement de l'événement. La police ne m'a rien demandé mais je vais veiller à la fois sur la collection et sur les personnages importants, comme le Maire de la ville. C'est tacite entre la police et moi : ils savent que je suis là, perché en haut de l'immeuble face au musée à observer, ça doit les rassurer.
L'exposition est ouverte, la pièce la plus importante est un tableau de la Renaissance, je le vois pas trop bien d'ici, et mon masque me cache une grande partie à ma gauche, là où est le maire. Je le réajuste en vitesse et je vois une moitié de maire. C'est bon. Le reste doit être à côté, à moins qu'il n'ait été victime d'un tueur armé d'une scie circulaire ayant coupé de maire en deux très proprement. Non, il bouge. Tout semble bien se passer.
Mais je sais qu'il se trame quelque chose, que la Police Locale n'a pas senti la menace qui plane autour du musée. Je ne peux pas leur en vouloir, ils font du mieux qu'ils peuvent et n'ont pas mon flair, si particulier aux super-héros.
La réception se termine, aucun tableau, en tout cas dans ceux que mon masque me permet de voir, n'a disparu et la moitié de maire est encore là. Le musée est bientôt fermé, il est temps que je me rende sur les lieux pour jauger les mesures de sécurités prises pour protéger les œuvres.
Entrer dans le musée sans déclencher les alarmes sera pour moi un jeu d'enfant, je suis entrainé pour ça. Eviter les rayons infrarouges, escalader des parois verticales ou encore ramper dans des voies d'aération est le quotidien d'un super-héros.
Cette fois-ci, je passe discrètement par l'arrière du bâtiment et utilise la clef que j'ai empruntée à ma voisine d'immeuble qui est femme de ménage au musée. Une femme sympathique mais que les gens du quartier décrivent comme une ignominie éthylique. Je ne suis pas sûr du sens de ces mots mais en gros, ça doit souligner sa générosité, vu qu'elle veut toujours m'offrir à boire.
J'entre donc rapidement, mon pas est souple et silencieux comme celui d'une panthère, même si je trébuche à un moment en fonçant dans une sculpture de marbre que mon masque m'avait dissimulée jusqu'au dernier moment. Je gagne l'exposition et vérifie les appareillages électroniques sur les tableaux. Le système semble fonctionner, y-a des petits machins rouges qui clignotent. Je m'arrête devant le tableau Renaissance. Il est assez grand je le vois pas complètement par les fentes de mon masque et ne distingue qu'une jambe assez grasse aux tons rosâtres étendue un lit aux draps artistiquement froissés. A côté, un bras à demi coupé par le bord de mon masque semble appartenir à un homme car il est musculeux. Ensuite à l'arrière plan, je vois une partie d'un homme, du sternum aux genoux. Son sexe est ridiculement petit.
Je finis par me demander ce que représente cette étrange peinture et regarde le petit carton plastifié indiquant les référence de la peinture : Vénus dérangée par ses prétendants, œuvre de Leonardo Ciberiahuschi, grand maître de peinture, Première Renaissance Italienne.
Soudain un bruit sourd se fait entendre au fond de la salle, je me précipite dans l'angle d'un mur, où je peux voir sans être vu. Enfin voir, c'est un grand mot, l'espace laissé visible par mon masque me semblant étrangement étroit.
Un homme avance, mais je ne distingue pas son visage dans la pénombre ambiante. Il semble habillé de couleur sombre, comme pourrait l'être un cambrioleur. Le flair de Duckman ne se trompe jamais ! Un sale coup se tramait ce soir, mais je vais l'empêcher.
J'attends le moment idéal pour agir. Celui où le malfaiteur ne s'attendra pas à me voir surgir et sera facilement maitrisable.
Pour l'instant, je ne vois que son dos, tendu vers le tableau. Il le décroche sans provoquer la moindre alarme. Le gredin a tout prévu et a désactivé les sécurités ! Il est temps que j'intervienne, je m'élance vers l'homme, ma cape volète derrière moi, somptueuse. Je vais arrêter mon premier bandit! Mais mon sentiment de fierté et de confiance disparaît quand mon pied rencontre une entrave imprévue. Je n'ai pas vu la petite barrière métallique qui permet de tenir en respect les visiteurs face à l'œuvre. Satané masque.
Je ne surgis finalement pas face au voleur mais m'effondre derrière lui m'accrochant lamentablement à son pantalon. Perdant l'équilibre, alors qu'il tient la grande toile à deux mains, il me suit dans ma chute. La toile passe un bref instant dans mon étroit champ de vision, comme en lévitation dans l'air. Puis un choc métallique suivi par un bruit de déchirure. Je me relève. Par les minuscules trous de mon masque, je vois apparaître la catastrophe : la toile gît, déchirée en son centre par le piquet de la fameuse barrière métallique. J'entends près de moi un juron. Le bandit est mécontent de voir son butin détruit. Je me tourne vers lui mais ne distingue pas ses traits dans la pénombre. N'y tenant plus, je retire mon masque et reste interdit.
-Heu... Bonsoir Monsieur le Conservateur !
Note de fin de chapitre:
Laissez moi un petit commentaire pour soutenir le Comité de Protection des Super Héros Pourris. :D
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