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Marguerite se débattait de toutes ses forces, sans parvenir à se défaire de la poigne de son agresseur. Le monstre ne lui avait jamais paru aussi grand et impitoyable qu’à présent qu’elle était à sa merci. Elle se tortilla, sentit la prise se raffermir autour d’elle. Saisie de panique, elle mordit dans la première chose qui vint à sa portée. Une exclamation de douleur mêlée de fureur lui répondit.

L’instant d’après, il l’envoyait voler dans la cellule. Marguerite alla se cogner contre les barreaux, manquant de perdre connaissance sous la force du coup. Le temps qu’elle se redresse, il avait refermé la porte sur elle, verrouillant son seul espoir de liberté.

Marguerite écouta l’écho de ses pas s’éloigner, ponctué de ses jurons. Le goût du sang dans sa bouche lui tira un sourire haineux. Elle l’avait bien amoché, ce salopard. Son rictus se fana aussi vite, comme elle regardait autour d’elle. La cage n’avait pas d’autre issue.

Elle retint avec peine un couinement de terreur, avant d’essuyer d’un geste enragé les larmes qui embuaient ses yeux. Elle ne devait pas se laisser abattre. Jeremy comptait sur elle pour revenir. Quand elle était partie de leur cachette quelques heures plus tôt, il lui avait fait promettre de ne pas prendre de risques et d’éviter les monstres qui empiétaient sur leur territoire. Ce n’était pas le moment de les combattre. A peine pouvait-elle espérer récolter quelque nourriture à leur insu. Que dirait Jeremy en ne la voyant pas rentrer ?

Sa prison était presque trop petite pour son corps d’adulte. Entourée par quatre murs de barreaux blancs, Marguerite sentait qu’elle pouvait à peine faire le tour d’elle-même sans se heurter au mur suivant. Peut-être était-ce le poids de cette porte verrouillée qui pesait sur elle, réveillant des instincts sauvages et claustrophobes ?

Elle prit une longue respiration, s’exhortant au calme. Elle avait pris un risque en s’éloignant de la protection des meubles pour traverser la pièce, et s’était rendu compte de son erreur lorsque l’un des monstres avait hurlé d’une voix perçante. Jeremy avait dû l’entendre.

Marguerite se redressa, examinant les barreaux qui l’entouraient. D’un blanc étincelant, ils étaient si étroitement serrés qu’elle ne pouvait espérer se glisser dans les interstices, même en se délaissant de quelques os. Au moins le sol était confortable, se fit-elle la réflexion en s’enfonçant entre les copeaux de bois. C’était une prison de luxe !

L’ironie lui tira à peine une grimace tordue, avant qu’elle se penche sur la porte. Elle poussa de toutes ses forces, tira ensuite sur les barreaux dans l’espoir d’en déloger un, manquant de peu de s’abîmer la mâchoire, mais rien n’y fit. Elle était enfermée, et seule la clé pourrait la sortir de ce pétrin.

Ce fut en se retournant, à bout de souffle, qu’elle prit conscience de la planche de bois au-dessus d’elle. Jusque-là, elle avait cru qu’il s’agissait d’une bizarrerie de la cage, d’un plafond penché qui lui laissait encore moins d’espace. Pourtant, en contournant l’obstacle, elle remarqua l’ouverture de la grille. Ce n’était pas une cloison, c’était un passage.

A pas lents, prudents, Marguerite grimpa le morceau de bois, et découvrit l’étage. Il ressemblait parfaitement à ce qu’il y avait en-dessous, à l’exception d’un bol rempli d’eau et d’un morceau de fromage. Ses moustaches frémirent, et Marguerite se jeta sur la nourriture avant de plonger sa tête dans le bol pour en avaler goulûment le contenu. La peur lui avait fait presque oublier la soif et la faim qui l’avaient poussée à sortir de sa cachette, une éternité plus tôt. Peut-être ne voulaient-ils pas la tuer, après tout, contrairement aux histoires effrayantes que lui avait tant de fois raconté Jeremy. Peut-être finiraient-ils par la libérer et la laisser retourner chez elle.

Marguerite se figea, se fustigeant pour sa propre naïveté. Elle devrait s’en sortir seule, cette fois. Il y avait une autre planche, menant à une autre découverte, et elle n’attendit pas une seconde de plus avant de s’engouffrer par la percée.

Il n’y avait pas de sortie, mais un objet étrange et cylindrique, qui semblait n’attendre que d’être animé par sa force. Elle s’approcha, suspicieuse, renifla la roue, l’examina sous toutes ses coutures avant d’accepter qu’il n’y avait aucun danger. Elle se glissa à l’intérieur, eut l’inquiétant sentiment d’être à sa place. Elle couina, surprise, quand sous son poids le cylindre pivota. Marguerite se laissa entraîner par le mouvement, puis se mit à courir vers cette sortie qu’elle décelait enfin, perdue dans cette roue qui devait bien servir à quelque chose.

A force de tourner, la roue l’emmènerait quelque part, peut-être jusque dans son trou de souris. Ailleurs.
Note de fin de chapitre:
771 mots
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