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Londres, le samedi vingt-sept octobre 1888.

Ma chère Marguerite

Je sais que je t'écris plus tôt que prévu car j'avais besoin d'en parler avec une amie chère...
Londres est en pleine effervescence depuis quelques semaines. Je ne sais pas si c'est arrivé jusqu'aux journaux lyonnais ? Ça fait un tel foin ici que je n'en serais pas surprise...
Tu me le diras dans ta réponse.

Figure-toi qu'il y a un tueur dans les rues de ma chère ville !
Bon, d'accord, il y a des tueurs dans probablement toutes les grandes villes, mais celui-ci est particulier. Tout se passe dans le quartier de Whitechapel, un quartier des bas-fonds et de l'immoralité, surtout. Il y a là-bas de plus en plus de violence, c'est vraiment le quartier que je ne visiterais sous aucun prétexte.
Ça fait un moment qu'il y a régulièrement des meurtres de femmes. Mais en ce moment, il se dit qu'ils seraient tous le fait d'un seul et même tueur ! La presse se fait l'écho de ses lettres, ce qui rend l'histoire parfaite pour les conversations de salon. En plus, ce tueur a pris un nom de scène parfait.
Jack the Ripper. De quoi effrayer toute la bonne société londonienne...

Sur un ton plus léger... De son côté, Grand-Mère a décidé que je devrais me marier. Alors que je n'ai pas encore dix-sept ans ! Papa et Maman ne s'opposent pas assez à mon goût à ses manigances. À moins qu'ils ne me fassent confiance pour la contrer moi-même ? J'ai, en tout cas, décidé d'agir comme si c'était le cas. Elle a l'air d'avoir trouvé, je ne sais comment, un carnet d'adresses des familles qui ont un fils à marier. Elle passe son temps à me les faire rencontrer. Vivement qu'elle rentre à Paris, Marguerite... Ça fait déjà trois semaines qu'elle est là et je n'ai qu'une envie... Qu'elle reparte ! Dire qu'elle est avec nous jusqu'en janvier.
Du coup, l'autre jour, elle a voulu me présenter un jeune homme tout à fait charmant – totalement soporifique, en somme. La mère de ce jeune homme nous avait invitées pour le thé, et elle recevait aussi son neveu, Hugh. Ce dernier n'est pas du tout dans les petits papiers de Grand-Mère. Sa famille est moins aisée que celle d'Arthur, ce qui fait qu'il doit déjà travailler. Et il est policeman ! Un vrai policier, en chair et en os !
J'ai passé tout mon temps à interroger Hugh sur Jack, m'attirant par là-même les regards désapprobateurs et outrés des deux femmes. Il ne m'a pas dit grand chose, principalement parce qu'il ne sait pas grand chose. Il ne travaille pas du tout vers Whitechapel, heureusement pour lui.
Grand-Mère a tellement enragé de me voir m'intéresser au cousin dont elle ne voulait pas plutôt qu'au potentiel prétendant. Quant à Arthur, il s'est plutôt grandement amusé de la discussion, donc je ne pense pas qu'il m'en veuille de l'avoir grandement ignoré au cours de cette après-midi.

En repartant, Grand-Mère m'a formellement interdit de revoir ce brave Hugh. Évidemment. Mon petit manège anti-prétendant ne pouvait guère passer inaperçu...
Je vais devoir arrêter ma lettre ici : j'entends Grand-Mère qui m'appelle... Je t'en raconterai plus la prochaine fois si tu le souhaites.
Et puis, je voudrais me rendre au commissariat où travaille Hugh avant la fin de la journée. J'ai demandé à notre cuisinier de bien vouloir préparer quelques gâteaux que je vais, de ce pas, lui porter. Cela lui fera plaisir, si Grand-Mère ne m'en empêche pas. Et si elle m'en empêche... Ma foi, je trouverai bien un moyen !

Ta dévouée,
Louise.

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