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Londres, le mercredi deux janvier 1901

Ma chère Marguerite,

J'espère que tu as passé de bonnes fêtes pour passer la nouvelle année. Et démarrer ce nouveau centenaire ! Maintenant que les célébrations sont passées, je me sens émerveillée et en même temps, perplexe. Après tout, nous ne faisons que changer de jour, ce ne sont que des chiffres. Et les chiffres sont des inventions humaines. Donc ces derniers jours ne sont pas censés être très différents de tous les autres jours.
Et pourtant, ces prochaines années semblent si prometteuses !
Ici, cela fait des mois, et même des années, que les journaux nous parlent du passé, des festivités et du futur. Parfois, j'avais l'impression d'être un personnage du chant de Noël de Charles Dickens, dans lequel des fantômes viennent montrer à un vieux ronchon des scènes des Noëls passés, du Noël qu'il vit et des Noëls futurs... De façon à le changer en grand-père moins ronchon et plus sympathique. Pour tout te dire, le centenaire nouveau n'était pas encore arrivé qu'ils nous parlaient déjà du prochain... Qui sera, d'ailleurs, également un nouveau millénaire. Les journalistes ont vraiment beaucoup aimé parler de comment nos descendant vivront ce changement de millénaire. Ces articles m'ont fait beaucoup rire. Peut-être effectivement que l'on peut prévoir à peu près comment sera la vie dans trente ou quarante ans... Une centaine d'années, en revanche ? Je n'y crois pas un seul instant.

Mais laissons là ces spéculations.
Pour ce réveillon, Papa et Maman avaient réservé au Criterion. C'est un restaurant et théâtre très réputé. Le nom te dit peut-être quelque chose ? Effectivement, c'est là que le docteur Watson rencontre un vieil ami et apprend que ce cher Sherlock Holmes est à la recherche d'un colocataire, point de départ de toutes leurs aventures. Tu comprends mieux pourquoi ils ont choisi cet endroit-là plutôt qu'une autre, n'est-ce pas ?
Le repas était délicieux, dans l'ambiance feutrée et luxueuse du restaurant... Je vous ferai découvrir, la prochaine fois que vous pourrez venir me voir.
Après cela, nous sommes allés au théâtre. Nous avions pu avoir des places au balcon, ce qui nous a permis de suivre la pièce au plus près de la scène. Il s'agissait d'une comédie romantique : Chris et la lampe merveilleuse. Nous avons ainsi suivi les aventures de Christopher, un jeune homme qui découvre la lampe merveilleuse d'Aladdin, et demande au Génie de l'aider à sauver sa dulcinée, enfermée dans un pensionnat de jeunes filles.
Nous avons beaucoup ri en voyant le Génie semer la pagaille en effrayant les amis de Christopher et faire ce qu'il pouvait pour l'aider... Malgré ses nombreuses maladresses. À la fin, j'ai trouvé le pensionnat fort rude et difficile, surtout comparé aux Ursulines. Papa plaisantait en disant que les pensionnats anglais semblaient bien plus stricts qu'à Lyon. Et puis, enfin, vers la fin de la soirée, Christopher a pu faire sortir Queenie avec l'aide du Génie et ils ont pu se marier.
Quand les lumières se sont rallumées, Papa a salué les spectateurs installés au balcon en face de nous. Je n'ai d'abord pas compris pourquoi, puisque je n'ai reconnu personne que nous ne connaissions. Il s'agissait en fait de Mister Herbert Wells, bien connu pour ses récits fantastiques, comme L'homme invisible ou L'île du Docteur Moreau.
Nous sommes sortis à vingt-trois heures passées. Il ne faisait pas trop froid, aussi avons-nous suivi la foule des londoniens qui se dirigeaient vers les quais.

Et nous avons assisté à un magnifique feu d'artifice, tiré depuis des barges qui naviguaient sur la Tamise.
Elles se déplaçaient en même temps que les feux étaient tirés, ce qui fait que le ciel s'est illuminé de mille couleurs sur leur passage. Nous les avons vues arriver vers nous, puis nous dépasser. Nous ne savions plus où donner de la tête tellement il y avait de choses à voir. Sur l'eau, comme dans le ciel. J'ai même été prise de vertiges, lorsque j'essayais de voir autant les fusées exploser dans le ciel que leurs reflets sur le fleuve. La file de barges s'était étirée ce qui fait, en plus, qu'il y en avait partout autour de nous.
C'était vraiment le clou de la soirée. J'aurais tellement aimé que tu sois là avec moi, Marguerite, pour partager ce fantastique moment avec toi. 

Lorsque le feu d'artifice s'est terminé, tout le monde s'est souhaité un bon centenaire...
Et nous sommes rentrés, épuisés.

Je vous souhaite à tous une très belle année et que toutes les suivantes vous soient prospères !
Je vous embrasse bien fort,
Louise

 

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