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Londres, le samedi sept novembre 1891

Ma chère Marguerite

Ce Charles semble effectivement tout droit sorti d'un conte de fées. Assurément, s'il existait un Prince Charmant, il lui ressemblerait fortement.
Dois-je réellement te croire, lorsque tu me dis que tu n'es point éprise de lui ? Je dois bien dire que j'ai quelques doutes à la lecture de ta dernière lettre... Et des précédentes.
Tu semblais d'ailleurs t'inquiéter de mon avis à son encontre. Ma foi, je dois bien dire que déjà, s'il convient à tes parents et que cela te fait grand plaisir de le voir, chaque fois qu'il passe à Lyon, ce sont de bons points pour lui. Il en marque bien d'autres au vu de ce que tu me dis. J'apprécie grandement sa façon de croire en toi et de t'écouter pour gérer ses affaires, ainsi que sa façon d'échanger avec toi à propos de littérature et autres sujets de ce genre.
Dois-je déjà préparer des cadeaux de mariage, dis-moi ?

Ici, je suis de retour à l'école de Médecine toute la journée, pour l'apprentissage théorique du corps humain. Comme je le redoutais, c'est compliqué. J'aimerais tellement être de nouveau à l'hôpital ! Pouvoir visiter des patients, échanger avec le Dr Harrington et les infirmières, en un mot, appliquer enfin la théorie ! Heureusement que je recommence un stage d'observation d'ici deux mois...

Cela ne t'étonnera point, je suppose, de savoir que, lors de la pause pendant laquelle nous déjeunons, je vais me promener du côté de l'hôpital chaque fois que le temps le permet. Nous avons un début de mois de novembre plutôt doux cette année, ce qui est fort agréable.
Je commence à connaître par coeur le quartier qui va de l'école à l'hôpital et qui forme comme une petite ville au coeur de la grande cité londonienne. Je pourrais m'y installer et ne plus jamais en sortir, vu comme j'y trouve tout ce dont j'ai besoin.
Il y a un grand parc où j'aime me promener. J'aime tout particulièrement m'asseoir sur l'un des bancs près de la rue. Il est dans un renfoncement au milieu des fleurs, ce qui fait que j'ai la sensation d'être totalement perdue en pleine nature. Mais, si je me penche un peu en avant, je peux admirer le passage des nombreuses calèches et des quelques automobiles qui sillonnent la ville. Ces dernières sont fascinantes, je suis toujours admirative quand je les vois avancer sans la moindre bête pour les tracter. Si j'avais été un homme, Marguerite, je crois bien que je serais devenue mécanicien !
Il y a aussi plusieurs petites boutiques dans les rues qui longent mon parc. Il y a principalement des magasins d'alimentation. Il y a aussi un bureau de la Royal Mail d'où partent maintenant toutes les lettres que je t'envoie et un atelier de couture qui fait de très jolies robes. Je n'y suis pas encore allée, mais je crois que le style est assez différent de celle que tu as eue pour tes dix-huit ans. Si un jour tu viens me voir ici, en Angleterre, je me ferai un plaisir de te faire visiter ce quartier et ces boutiques.

Tu me manques beaucoup en ce moment. J'aimerais que tu sois là pour te faire visiter ma ville, mais aussi pour te parler de mes doutes et de mes joies par rapport à ma formation... Parfois, je t'imagine, là-bas, à Lyon, aux côtés de ta famille. Dans ces moments-là, mon imagination m'emmène aussi auprès de nos amies de Ste Ursule. J'ai entendu dire que Ludivine allait bientôt se marier, mais je ne connais pas le nom de son fiancé.
As-tu eu des nouvelles, de ton côté ? Et en as-tu eu également de Marie et Sophie ? Cela fait longtemps que je n'ai pas reçu de lettre de leurs parts.

À bientôt,
Louise

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