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Saint Maximin La Sainte Baume, ce samedi douze mai 1894

Ma très chère Louise,

Tu ne devineras jamais quel sujet important m'occupe totalement l'esprit en ce moment... Pourtant, je voudrais bien tenter de te le faire deviner. Et si je te proposais une énigme ?

Il se passe donc quelque chose d'absolument extraordinaire. Inhabituel et surprenant. Et pourtant, d'aucuns pourraient dire que ce n'est rien de très extraordinaire. Quoiqu'il en soit, ma vie entière va en être bouleversée. Ainsi que celle de mon cher Charles, d'ailleurs.

As-tu déjà deviné où je désire en venir ? Ou bien toujours pas ?

Continuons à te faire deviner, si tu n'as toujours aucune idée de la grande nouvelle que je brûle de t'annoncer...

Alors... que te dire pour te permettre de venir à bout de mon énigme... Quoique, avec ton goût pour le grand Sherlock Holmes, tu as peut-être déjà totalement éventé mon secret...

Un secret... c'est bien le mot. C'est normalement censé être secret encore un moment, d'ailleurs. Mais comment pourrais-je ne point partager une telle nouvelle avec ma meilleure amie ? Et comme tu es bien loin, il me reste seulement le biais de notre correspondance.

Vois-tu désormais où je désire en venir ?

J'ai aussi une excellente raison de t'en parler. C'est que, quelque part, tu es aussi concernée, d'une certaine manière, par cette grande nouvelle... Enfin, si tu veux bien avoir la gentillesse d'y consentir.

Ne devines-tu toujours pas ? Ou bien as-tu déjà tout compris ? Oh Louise, ma chère Louise, imagines-tu dans quels transports de joie je suis actuellement ? Comme j'ai hâte que les prochains mois se passent ! C'est prévu pour le printemps. Pourras-tu sans peine faire le trajet jusqu'à ma Provence ? Tu pourras prendre le train, bien sûr. Mais quelle expédition qu'un tel trajet !

Oh Louise, j'ai tellement hâte que tu sois là, et de partager ce grand bonheur avec toi ! J'ai déjà commencé à coudre et tricoter de la layette, avec l'aide de la cousine Berthe de Charles. Elle a déjà deux petits enfants, aussi sait-elle beaucoup de choses en la matière. Elle est tout à fait prête à partager avec moi ses conseils et ses astuces, et j'en suis réellement enchantée.

Mais je m'égare totalement, Louise. Et j'en oublie le plus important ! Puisque, à ce stade, ce serait faire insulte à ton intelligence que de sembler croire que tu n'as toujours point compris où je voulais en venir. Bref, il faut donc que j'en aille au fait, et que je cesse de m'égarer... Ah, ma chère Louise, voudras-tu bien me faire la grâce de devenir la marraine de mon premier enfant ?

Qui d'autre que toi pourrait être mieux placée pour cette grande et noble tâche ? Quel meilleur exemple pourrais-je donner à ce petit qui s'annonce ?

Louise, je t'en prie, réponds-moi bien vite !

Ta Marguerite qui ne tient plus en place
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