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Saint Maximin La Sainte Baume, ce mardi dix-neuf juillet 1892

Ma très chère Louise,

J'espère que tu es bien rentrée à Londres, après ce si beau mariage dont l'heureux souvenir remplit mon coeur d'allégresse. De notre côté, Charles et moi sommes bien arrivés en Provence. Je découvre donc la région où je vais désormais passer le reste de ma vie, ou quasiment. Cela ressemble à la région de Lyon, par certains côtés, et pourtant, comme cela est différent, par de nombreux autres points !

La végétation diffère nettement, tout d'abord. Cela semble bien sec, ici ! L'herbe n'y est pas verte, te rends-tu compte ? Il paraît que c'est typique de l'été, à cause de la chaleur et du peu de pluie. Franchement, Louise, imagines-tu cela, depuis ta Grande-Bretagne verte et pluvieuse ? Même les formes des arbres présents sont différentes de celles des arbres lyonnais !

Une autre chose, aussi, m'a surprise : les maisons, tout comme la végétation, ne ressemble pas vraiment à celles que j'avais l'habitude de voir dans la région lyonnaise. As-tu vécu une telle différence en arrivant en Grande-Bretagne ? Je présume que c'est forcément le cas, puisque tu es partie bien plus loin de Lyon que je ne l'ai moi-même fait.

Et donc, tu sais à quoi ressemblent les maisons lyonnaises. Figure-toi que les maisons provençales sont beaucoup plus... comment dire ? Ensoleillées ? Ici, tous les toits sont en tuiles ocres. Les bâtiments semblent beaucoup plus larges, beaucoup plus aérés. Comme des fleurs davantage épanouies au soleil, si jamais mon image te parle.

Bref, voilà bien un drôle de pays, mais je sens déjà que je vais beaucoup l'aimer. Peut-être prétendras-tu que c'est uniquement à cause de la présence de mon cher Charles. Mais je t'assure que non, Louise. Il y a ici une douceur de vivre qui réchauffe l'âme. Les gens semblent tous beaucoup plus avenants que n'importe où ailleurs. Ils n'ont pas l'air pressés et semble vraiment goûter les différents plaisirs de la vie.

Je te parle de la Provence en général, mais il faut aussi que je te conte notre visite d'Aix en Provence. La capitale de cette belle région est une ville très agréable. Tu me demanderas peut-être, ma chère Louise : « Et Marseille ? ». Eh bien apparemment, d'après Charles comme d'après d'autres personnes que j'ai rencontrées ici, Marseille n'a jamais été réellement capitale ici, mais simplement une cité marchande tournée vers la mer.

L'histoire d'Aix en Provence est très longue et proprement fascinante, je trouve. Certes, l'histoire de Lyon est longue aussi. Dans les deux cas, les romains y ont tenu une grande place. Savais-tu qu'Aix en Provence tient son nom d'un général romain ? Il s'appelait Caius Sextius Calvinus (je viens de vérifier son nom exact dans le livre sur la Provence que Charles m'a offert) et a fondé les prémices de cette ville, alors dénommée Aquae Sextiae.

N'est-ce pas fascinant ? En tout cas, j'apprécie grandement, avec le recul, les cours de latin que nous suivions avec soeur Marie-Euphrosine, et notamment toute la partie sur l'étude de l'époque romaine. La présence romaine est très visible, dans la région. Charles a d'ailleurs promis de m'emmener bientôt visiter l'aqueduc de Roquefavour, qui se trouve non loin d'Aix en Provence, et date de cette époque lointaine.

Ah Louise, ma chère Louise, il faudra vraiment que tu viennes nous visiter ici ! Je suis sûre que cela te plaira beaucoup, et je prendrai grand plaisir à te faire découvrir toutes les merveilles de la Provence.

Ta Marguerite qui savoure son bonheur
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